Initiée depuis l'épisode 4, la mode de la déclinaison Empires de la série Dynasty Warriors est rentrée dans les moeurs de Koei. Cherchant à chaque fois quel type de spin-off elle pourrait rajouter à une saga déjà énorme, la société japonaise possède une imagination sans bornes. Dans les grandes lignes ces titres parallèles sont des sortes de mélanges entre les épisodes Tactics et classiques du feuilleton chinois le plus connu du monde vidéoludique. Pour être plus précis, ils sont ce qu'auraient dû depuis longtemps devenir les opus normaux. Mais bon, l'excitation de ces champs de batailles vallonnés retentit encore dans mes oreilles de guerrier pantouflard. Est-il temps de mettre des boules Quiès ?
Vous êtes sans doute nombreux à connaître l'immense saga Dynasty Warriors, dont les premières amours avec la PSone ont donné naissance à des flots d'enfants plus ou moins éveillés. Se plaçant dans le cadre de l'histoire médiévale chinoise, plus précisément durant la période des Trois Royaumes, cet ensemble de titres est encore aujourd'hui l'une des figures les plus importantes du beat'em all. Donnant la possibilité d'affronter seul des armées entières avec à son compteur des milliers de victimes, la série de Koei met clairement en avant le côté épique d'un conflit, misant sa réussite sur les montées d'adrénaline et l'aspect spectaculaire. Une recette qui a toujours bien marché, notamment au Japon, mais qui a tout de même tendance à légèrement tourner en rond. Un état que tente de guérir cette version Empires, amenant son lot de réflexions dans un monde de brutes moustachues. Du coup, là où Dynasty Warriors 5 ne proposait qu'une carte sans réelle utilité avant chaque bataille, sa déclinaison "stratégique" permet de définir un plan d'attaque et de gérer au mieux ses rapports militaires. Mais avant de détailler cette couche fort intéressante du soft, il est troublant de constater que, contrairement aux autres représentants de la série, DW 5 Empires ne comporte que peu de modes de jeu et se retrouve bien dépourvu lorsque le joueur décide de varier ses plaisirs. Heureusement, il compense un peu ce manque par un mode Empires exhaustif.
Celui-ci se divise dès le départ en deux parties. Soit vous choisissez de prendre part à la guerre dans un contexte historique en débutant forcément par la révolte des Turbans Jaunes, soit vous décidez de mener votre propre armée à la victoire dans un monde vierge, loin d'un souci de réalisme. Dans les deux cas vous aurez la possibilité de créer votre propre avatar en associant des visages, des coupes de cheveux, etc. dans le but de faire naître le guerrier parfait. De plus, vous pourrez choisir son style de combat parmi un nombre très important de techniques. Une fois ces passages de styliste stagiaire terminés, vous aurez enfin l'occasion de rentrer dans le corps du jeu, à savoir une phase de politique passionnante. En effet, vous commencez par acquérir un petit état, que vous allez devoir développer pour venir en aide à une cause nationale, ou simplement pour tenter de prendre le contrôle du pays. Dans les deux cas, vous commencerez seul comme un chacal, attendant de pouvoir enrôler des hommes. Il vous faudra alors vraiment assurer vos arrières dans votre première mission, en essayant de renverser la situation avec vos petits poings. Un début assez étonnant qui reste quand même relativement facile afin de vous garantir la découverte de nombreux généraux et vassaux. Comme vous l'avez remarqué, la petite subtilité de ce mode est de vous obliger à combattre pour grossir vos troupes. En fait, durant chaque affrontement, vous capturerez certains ennemis que vous pourrez choisir de conserver ou de relâcher à la fin de votre campagne. Un principe intelligent qui pousse à se dépasser lors des batailles afin de compléter sa "collection".
Mais avant de vous lancer dans la fureur du combat, il est nécessaire de bien comprendre les agissements de l'opposant et de tenir compte de ses propres problèmes. C'est pour cela que vous avez le pouvoir (voire le devoir) de passer par une phase de pure gestion. La base des décisions que vous prendrez est le système de cartes d'engagement. Après chaque mission, une fois que de l'or est rentré dans vos coffres, vous pouvez acheter divers ordres affiliés à un personnage. Par exemple si vous choisissez Liu-Bei, vous déclencherez en même temps les commandements qui lui correspondent. Très variés, ces derniers évoluent au fil du temps et vous permettront d'augmenter vos rapports amicaux avec votre population, d'affiner la qualité des épées, de signer des traités de paix avec des territoires voisins ou encore d'enseigner des attaques spéciales à vos unités. A vous de faire vos choix selon vos besoins, étant totalement libre d'effectuer des fausses manoeuvres. En plus de tout cela, vous aurez la lourde tâche de placer vos généraux et lieutenants. Les guerres se modifiant sans cesse, vous ne pourrez jamais prévoir une attaque massive d'un état proche. Il est donc très important de conserver un nombre d'hommes suffisant dans vos diverses provinces. Vous devrez tour à tour attaquer, défendre ou bien porter secours à des amis en mauvaise posture. Toutefois, n'espérez pas régler tous ces problèmes en une fois. Selon le nombre de zones conquises, vous obtenez plus ou moins de points de commandement. Ceux-ci vous servent à donner des ordres dans une limite précise. Un point correspondant à une demande et vous devrez bien réfléchir avant de choisir votre tactique.
Une idée très intéressante qui va de paire avec un système de catastrophes naturelles pouvant renverser le déroulement d'une invasion et une utilisation d'attaques spécifiques donnant l'avantage à votre armée avant un assaut. Une fois dans la folie du champ de bataille vous aurez également la possibilité de donner des ordres simples à vos compagnons, même si ces derniers mettront parfois de la mauvaise volonté à les appliquer. Un problème d'I.A. récurrent dans la série qui touche autant vos amis en armure que les ennemis, à la bêtise évidente. Conservant ce côté furieux et sans concession, Dynasty Warriors 5 : Empires déchaîne une envie intense d'action et de spectacle. Et si l'on prend toujours autant de plaisir dans ces grandes réunions viriles, il est regrettable que Koei ait décidé de laisser tomber le système de garde du corps initié dans DW 5. Vous vous retrouverez avec un gameplay évoquant le quatrième opus, malgré la présence des enchaînements rallongés. Mais le plus gênant reste l'absence de réelles innovations depuis Dynasty Warriors 4 : Empires. On reconnaît immédiatement les ficelles et le plaisir de jeu fait bientôt place à un amer sentiment de déception. Le jeu n'est pas mauvais pour autant, loin de là, mais à force de retomber toujours sur la même jambe, Koei va finir par se briser la cheville. Heureusement que le fond, même cuit et recuit reste encore immersif et attirant, sans quoi cette énième version d'une série fleuve serait restée tranquillement à contempler la bataille de l'arrière-garde. Un titre de qualité donc, qui ne s'adresse qu'à ceux n'ayant jamais approché DW 4 Empires. Les autres trouveront là, avec raison, un jeu profond et bourré de bonnes idées, restant tout de même en retrait face à la puissance renouvelée de DW 5 tout court. Les Trois Royaumes n'ont pas fini de s'affronter visiblement.
- Graphismes13/20
Reprenant le moteur graphique amélioré du cinquième opus, cette version Empires profite donc elle aussi d'un vrai panorama et plus d'un brouillard tenace. Les unités s'affichent toujours par centaines sans aucune baisse de régime et les effets lumineux pleuvent sur le champ de bataille. Par contre, on note des textures relativement pauvres et un aliasing tenace. On est peut-être sur PS2, mais ça n'excuse pas tout.
- Jouabilité15/20
Perdant dans l'action ce qui a fait le renouveau de DW 5, cette version Empires gagne en complexité et donne vraiment l'impression de participer à une guerre à grande échelle. Le titre s'avère vraiment intéressant par le biais du système de commandement et de la conquête de territoires, mais se perd dans une absence d'évolution face à DW 4 : Empires et une construction des missions un peu légère.
- Durée de vie15/20
Vous allez passer de nombreuses heures plongé dans la conquête viscérale de provinces ennemies, dans la mise en place de coalition ou dans de fourbes trahisons. Sans compter le temps nécessaires à la clôture des missions. De plus, et même si l'on regrette le manque de modes différents, le simple fait de gérer son armée occupe tout l'attention. Enfin, n'oubliez pas que vous aurez la possibilité de jouer à deux dans des batailles à l'intensité dédoublée pour le coup.
- Bande son14/20
Comme d'habitude dans la série, les compositions musicales sont assez déséquilibrées. D'un côté on a la présence de thèmes à sonorités traditionnelles très calmes et prenants et de l'autre de vieux riffs de guitares électriques agressifs. Même si cela a le mérite de coller au côté spectaculaire du titre, on a parfois du mal à profiter du décor avec une telle ambiance. A noter que les voix japonaises ne sont toujours pas d'actualité.
- Scénario15/20
Narrant une nouvelle fois la passionnante guerre des Trois Royaumes, Dynaty Warriors 5 : Empires vous donne cette fois l'occasion de partir d'une feuille blanche en vous plaçant dans un contexte non défini dans lequel vous devez simplement conquérir le pays. Une bonne idée qui s'associe avec une encyclopédie abyssale et des personnages prenants.
Suivant aveuglément la voie ouverte par DW 4 Empires, sa suite ne cherche pas vraiment à innover. Reprenant l'ensemble des composantes de son grand frère, elle se contente de modifier quelques petites choses sans vraiment s'impliquer. Une déception dans le sens où le soft est de qualité en lui-même, permettant de découvrir la saga sous un autre jour, plus réflexif. Au final, Dynasty Warriors 5 : Empires s'avère digne d'intérêt mais n'arrive pas totalement à convaincre à cause de problèmes inhérents à la saga et d'un manque certain d'ambition. Un bon jeu blessé.