Sorti de nulle part, Popolocrois s'invite en Europe pour la toute première fois, à l'image d'un certain Dragon Quest VIII. Fusion des deux premiers opus sortis sur PSone au Japon, la mouture PSP se veut peu originale, simpliste à bien des égards mais parfaite pour les néophytes désirant découvrir les mille et un secrets du RPG. En somme, si vous savez de quel bord vous êtes, vous pouvez débuter sereinement la lecture de cette bafouille.
Si la démocratisation du RPG en Europe n'aura pas attendu l'arrivée de la PSP pour se faire, la console de Sony semble être un territoire vierge pour de nombreux éditeurs désirant adapter leurs anciens titres à moindres frais. Bien que ce parti pris génère des débats houleux au sein des joueurs, il faut avouer que c'est une bonne façon pour nous autres, petits français, de (re)découvrir d'anciennes gloires du RPG japonais n'ayant jamais passé nos frontières. Ainsi, après Tales Of Eternia, et en attendant une éventuelle date de sortie pour Suikoden I & II, Ignition nous sert sur un plateau d'argent Popolocrois, sorti en juin 2005 au Japon, et combinant des éléments des deux premiers opus de la saga débutée sur PSone. L'arrivée de ce titre a de quoi surprendre mais plutôt que de chercher le pourquoi du comment, nous préférerons poser un pied devant l'autre pour pénétrer dans un royaume coloré qui n'attend qu'une chose : vous.
Il y a fort longtemps, le royaume de Popolocrois fut transformé en une terre gelée et perdit tout espoir de revoir la lumière du jour. Tenus sous la coupe du dragon des glaces et de quatre sorciers malfaisants, les habitants du royaume se morfondaient en attendant un éventuel signe providentiel. Ce dernier ne tarda à se manifester grâce à la reine Sania, mère du jeune Pietro, qui se transforma en un immense dragon afin d'aller combattre la créature maléfique. S'en suivit un gigantesque duel au terme duquel les deux entités sombrèrent dans les ténèbres les plus profondes. Dix années passèrent mais le jeune prince vivait toujours avec le souvenir de sa mère disparue. C'est alors qu'il découvrit la vérité. La reine Sania n'était pas morte, seule son âme étant prisonnière du royaume des limbes. N'écoutant que son courage, le petit bonhomme prit sa destinée en mains et c'est ainsi que commença son voyage qui allait durer cinq longues années.
Comme on le voit, le scénario de Popolocrois n'est pas des plus ambitieux, du moins si on se réfère à son pitch initial. Ainsi, dès le départ, on sent bien que nous avons affaire à un RPG très orienté grand public. Les mécanismes régissant le soft de G-Artists sont simplistes tout comme la progression, agréable et faisant intervenir une dizaine de compagnons que vous pourrez également diriger. De fait, Pietro pourra compter sur les talents de Narcia, une jeune magicienne, d'un chevalier en armure (un Steiner avant l'heure), d'un samouraï, de Leona, une "archère" émérite, etc. Bien que l'originalité pointe aux abonnés absents, on appréciera malgré tout la fluidité avec laquelle on progresse. Pas de dialogues fleuves, la difficulté toute relative permet de ne pas être bloqué contre un ennemi trop puissant et tout a été fait pour que la gestion de l'équipement soit abordable par les néophytes. Doit-on alors en conclure que Popolocrois ne s'adresse qu'aux novices n'ayant jamais touché à ce genre de titre ? Oui et non.
Si on s'attarde sur la jouabilité, on constate par exemple qu'il n'est pas possible de choisir les techniques ou magies qu'on acquière après avoir gagné des niveaux. Tout se fait automatiquement et vous serez donc tributaires des choix des développeurs. Dans le même ordre d'idées, il est possible, à l'instar de Legend Of Gagharv, de laisser la console s'occuper des combats (auxquels quatre guerriers peuvent participer), le joueur étant alors relégué au rang de simple spectateur qui n'a d'autre pouvoir que d'influer sur le style de ses protégés. Bien entendu, vous pouvez choisir de combattre manuellement. A ce sujet, bien qu'on retrouve les actions communes à bon nombre de RPG (attaque, magie, utilisation d'un objet), il est bon de préciser que les affrontements se déroulent à la manière d'un tactical. De fait, à chaque fois que vous rencontrerez un monstre, vous devrez bouger votre personnage sur un damier et faire en sorte qu'il se trouve sur une case adjacente à celle d'un adversaire afin de toucher celui-ci. Le but de la manoeuvre étant alors d'essayer de se positionner derrière l'ennemi pour occasionner davantage de dégâts. Vous aurez également la possibilité de charger un coup, pour frapper plus durement au tour suivant ou de fuir. A ce sujet, notez que moyennant une somme d'argent rondelette, la fuite a 100% de chances de réussite. A vous de voir si cela vaut le coup et ce malgré la fréquence un peu trop élevée des combats. Un autre point concernant la grande facilité d'ensemble tient au fait que si un de vos personnages meurt durant une bataille, il recevra malgré tout autant d'EXP que ses camarades à l'issue de l'affrontement. Etonnant mais bien pratique pour qui ne veut pas passer des heures et des heures à booster tous ses personnages.
Une autre caractéristique appréciable a trait aux menus d'inventaire qui sont clairs et ergonomiques. Bien que ceci semble anecdotique, il est agréable de pouvoir vérifier en un clin d'oeil, grâce à des onglets, l'effet d'une arme ou d'une armure sur chacun de ses héros. Malgré tout, le confort de jeu n'est pas optimal, ceci étant principalement dû à de nombreux accès disque avant les combats qui, sans être aussi longs que ceux de Breath Of Fire III, n'en demeurent pas moins irritants. Ceci dit, bien qu'on puisse être désabusé par ces soucis ou le côté simpliste du jeu, il y a un "je-ne-sais-quoi" qui nous pousse à poursuivre l'aventure. Loin d'être bluffant graphiquement, privilégiant l'assistance au joueur en danger, et intégralement en anglais, Popolocrois se laisse néanmoins savourer, ne serait-ce que pour sa naïveté ambiante qui, paradoxalement, représente son meilleur atout. Comme si le fait d'avoir lu la moitié de l'histoire vous obligeait à tourner une page puis une autre afin d'en connaître l'issue, le conte de G-Artists ne cessera de vous hanter avant d'avoir lu le mot Fin.
- Graphismes13/20
Comparé à Breath Of Fire III ou Tales Of Eternia, Popolocrois fait pâle figure. Néanmoins, derrière ce petit côté "Flash" se cache un jeu aux décors colorés et plutôt détaillés. Les effets spéciaux n'ont malheureusement pas grand-chose de... Spécial et il faut également se faire au design très particulier des héros un peu trop caricaturaux.
- Jouabilité14/20
Selon votre point de vue, vous trouverez la jouabilité de Popolocrois accessible ou au contraire très limitée. Cependant, il est inutile de nier que la gestion de l'équipement est extrêmement bien pensée. De plus, les affrontements contiennent un petit aspect tactical fort plaisant. Enfin, si on peut pester contre une fréquence des combats trop élevée ou des accès disque irritants, on appréciera, ou non, le système d'évolution (simple ou simpliste, c'est vous qui voyez) qui rendra plus puissantes vos magies ou techniques à mesure que vous gagnerez des niveaux.
- Durée de vie12/20
La difficulté bien gérée fait de Popolocrois un RPG relativement facile. Les combats sont agréables, les énigmes ne posent pas de soucis et on n'éprouve aucune frustration liée à un passage trop compliqué. D'après ce que j'ai pu voir, les quêtes annexes sont quasiment absentes mais il vous faudra malgré tout une trentaine d'heures pour boucler l'aventure.
- Bande son10/20
Les bruitages sont peu nombreux ce qui fait qu'on a droit à un jeu baignant dans une ambiance musicale non-stop faisant la part belle à plusieurs thèmes assez inspirés (par Wild Arms notamment) mais un peu trop répétitifs. Les doublages américains se cantonnent à quelques cinématiques éparses, ce qui est insuffisant pour se forger un avis net et tranché sur la qualité des voix.
- Scénario10/20
Après une dizaine d'heures de jeu, on a toujours un peu de mal à rentrer dans l'histoire qui est tout de même très stéréotypée. Le prince Pietro manque de charisme, nos compagnons nous accompagnent sans réelle raison et bien que le scénario ne perde pas de temps en palabres inutiles, le tout manque de surprises.
Difficile de porter un jugement radical sur Popolocrois. A mon sens, ce titre est parfait pour ceux qui désirent se mettre au RPG, d'autant qu'il inclut également des notions de tactical durant les combats. Le jeu se laisse savourer malgré une histoire un peu soporifique et on appréciera ou non la simplicité d'ensemble. En somme, si vous êtes fan du genre, vous feriez mieux de vous retourner vers un Tales Of Eternia, bien plus intéressant, pendant que tous les autres se laisseront tenter par une épopée un rien enfantine, peu inventive mais ne manquant pas de charme.