Rockstar l'a décidé ainsi, il n'y aura pas de vrai nouveau GTA cette année. Alors en attendant le quatrième volet, prévu pour 2007, Rockstar nous fait patienter avec l'épisode Liberty City Stories, déjà sorti sur PSP il y a quelques mois, et lui-même pseudo adaptation du troisième opus. Comment ça, ça sent le réchauffé ?
Les studios Rockstar sont réputés pour tout plein de choses et notamment pour avoir donné un nouvel essor au jeu vidéo immoral au travers de la série Grand Theft Auto, dit GTA pour les initiés. Avec cette franchise, Rockstar a effectivement prouvé qu'il est tout à fait possible de proposer un univers réellement craignos - où l'on parle de drogue, de fusillades, de règlements de comptes, de sexe - et d'en faire l'un des jeux les plus en vue du moment. Le tout est de savoir s'y prendre. Et visiblement, Rockstar a trouvé comment faire. S'accommodant de toutes les critiques formulées par les associations bien pensantes, la série GTA est même devenue en quelques années une référence du jeu vidéo, se payant ainsi le luxe de devenir une référence à elle toute seule. Précisons cependant qu'il n'en a pas toujours été ainsi et ce n'est véritablement qu'à partir du troisième volet que GTA a réussi à tutoyer la notoriété. Depuis, les épisodes Vice City et San Andreas ont participé à accroître la popularité du jeu, jamais démentie même avec la venue de Liberty City Stories sur PSP, un titre que l'on retrouve aujourd'hui sur PS2.
Liberty City Stories, c'est en quelque sorte un spin off à GTA 3, comprenez un épisode parallèle qui se déroule dans la même ville, avec les mêmes personnages, mais ne suivant pas le même déroulement. En fait, vous allez ici contrôler Tony Cipriani, propulsé tête d'affiche après avoir joué les seconds rôles dans GTA 3. Tony, c'est un mafieux, un ancien protégé du Don Leone, parti se faire oublier quelque part loin de Liberty City à la suite d'un meurtre crapuleux. A son retour, la dynamique de la famille a changé, et il se voit pour ainsi dire relégué au rang de petite frappe. Afin de retrouver son statut de bras droit du Parrain, Tony va d'abord devoir se plier aux ordres de Vincenzo, le morveux qui l'a remplacé, puis aux exigences de Maria, l'une des "filles" du clan Leone, tout en jouant les chauffeurs pour Joey et en nouant d'étroits liens avec les gangs rivaux. Et c'est là où on retrouve la mécanique de la série. Liberty City Stories n'échappe donc pas à la règle des GTA : pendant tout le jeu, vous allez être trimballé à travers la ville pour chercher des ordres de missions à exécuter dans l'instant. Une fois un travail terminé, à vous de courir en décrocher un autre auprès de l'un des nombreux commanditaires qui se succéderont. Cela dit, si le scénario avance bien à chaque fois que vous accomplissez un travail pour l'un ou l'autre de vos "patrons", libre à vous d'aller voir la personne que vous souhaitez, quand bon vous semble. Et si régulièrement le jeu reprend les rênes pour vous forcer à accomplir telle ou telle mission, vous serez la plupart du temps libre d'évoluer à votre guise, choisissant votre mission selon vos envies.
La liberté n'est pas seulement présente pour faire joli dans le titre du jeu. Depuis ce fameux troisième épisode, il s'agit donc d'une composante essentielle à tout bon GTA. Ainsi, à l'instar des autres volets, vous pourrez très bien passer le plus clair de votre temps à arpenter les rues de la ville sans autre but que de vous "amuser" à braquer les voitures, chercher les tremplins pour faire des sauts spéciaux, dénicher la centaine d'items cachés, ou même simplement rouler et profiter du bon temps en écoutant l'une des dix stations de radio accessibles à tout instant, du moment que vous vous trouvez au volant ou au guidon d'un véhicule. Contrairement à l'époque GTA 3, les motos sont effectivement présentes à Liberty City. Bon, il n'y a pas beaucoup de modèles différents, mais elles sont bien là. Côté voitures, on note aussi une certaine avarice des développeurs, certainement liée aux contraintes techniques imposées par le développement sur PSP. On se retrouve donc avec moins de modèles que dans les derniers volets de la franchise. Je ne vous cache pas que la frustration est au rendez-vous. Et puisque nous en sommes à parler lacunes, précisons dans la foulée que les modes multijoueurs de la version portable disparaissent purement et simplement de l'édition PS2. Même si on comprend facilement la raison de ce choix (l'écran splitté n'était pas une solution et le online sur PS2 n'est pas forcément ce qui existe de plus pratique), on en vient quand même à douter. Rockstar ne nous prendrait-il pas un peu pour des vaches à lait ? Certes, le principe de GTA reste inchangé, mais tout de même ! Nous avons entre les mains la toute première adaptation d'un jeu PSP sur PS2 et il faut que celle-ci se montre moins convaincante sur la grosse bécane que sur la petite. Etrange.
Heureusement, donc, que le fond reste intact, à savoir le plaisir de se prendre pour une crapule. On s'amuse toujours à aller faire ses courses à l'armurier du coin avant d'aller essayer ses nouveaux joujoux sur le terrain. On s'éclate à semer les flics en abusant du Pay 'n' Spray, le garage permettant de changer la couleur de sa voiture et de retaper le moteur. Et on passe beaucoup de temps sur les missions spéciales de taxi, de police ou d'ambulance, en s'accaparant des voitures appropriées. Pour ce qui est de la forme, par contre, ce n'est pas le même son de cloche. Liberty City Stories paye cher son billet qui le fait passer de la console portable à la console de salon. Outre un contenu légèrement plus maigre que ce à quoi nous sommes habitués, le jeu se montre aussi bien moins réussi techniquement. Si graphiquement, la série stagne plus ou moins depuis GTA 3 (j'ai dit plus ou moins !), force est de reconnaître que celui qui nous intéresse nous fait faire un véritable bond en arrière. Les personnages sont encore plus raides qu'à l'accoutumée, donnant aux cinématiques un air d'inachevé pas vraiment agréable. Les animations ne sont pas spécialement très souples non plus, mais ça passe encore. Côté son, tout va bien. Les radios assurent bien 80% de l'ambiance à elles toutes seules. Parfaitement crédibles, elles débitent, suivant la fréquence, de la pop retro, de la world music, des talk-shows ou bien du reggae bien mou. Il y a même une station dédiée à la cuisine ! C'est toujours très appréciable de constater que Rockstar ne néglige jamais la bande-son de ses jeux.
Au final, on ne sait pas vraiment que penser de Liberty City Stories. L'éditeur met bien l'accent sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un nouveau jeu à part entière, mais d'une adaptation d'un titre PSP, maintenant disponible sur PS2 pour contenter davantage de fans de la série. Si on trouve le jeu toujours aussi sympa grâce à ses missions peut-être plus déjantées que d'ordinaire (la mère de Tony est folle et envoie régulièrement des tueurs pour abattre son fils), on reste sur sa faim pour le contenu moins impressionnant que d'ordinaire. Pareil en ce qui concerne l'aspect technique, similaire à GTA 3 datant tout de même de 2001 ! A réserver donc aux vrais fans qui n'hésiteront pas une seconde, sans quoi leur collec' ne serait pas complète.
- Graphismes12/20
A la base, Liberty City Stories est un titre PSP, donc forcément la transposition sur PS2 pique un peu les yeux. La ville a beau être grande, vaste avec plein de voitures, de motos et de piétons qui circulent dedans, le jeu n'en reste pas moins assez laid graphiquement. Une petite refonte à ce niveau n'aurait pas été du luxe.
- Jouabilité16/20
Plus que la jouabilité, on note ici la grande richesse du gameplay. On peut effectivement faire beaucoup de choses dans un GTA. Par exemple s'amuser à piquer les voitures spéciales pour débloquer des missions appropriées ou simplement visiter la ville le plus gentiment du monde. Plutôt ouvert, le gameplay permet donc de ne jamais s'ennuyer.
- Durée de vie16/20
Un peu moins long que ses prédécesseurs (en raison principalement d'un terrain de jeu plus restreint), Liberty City Stories arrive aussi sur PS2 amputé de ses modes multijoueurs. Une tare qui lui coûte quelques points au compteur. Comptez tout de même des dizaines d'heures sur le jeu pour le terminer dans tous les sens.
- Bande son16/20
La grande force d'un GTA se résume en deux points : son gameplay et sa bande-son. Celle de Liberty City Stories s'inscrit dans la continuité de ce qui a déjà été fait. Les dialogues en anglais sont assez crus, mais correspondent parfaitement à l'ambiance mafieuse dans laquelle baigne le scénario. Les radios donnent beaucoup de peps aux virées urbaines.
- Scénario16/20
Le retour à Liberty City se fait dans l'intelligence puisqu'on suit ici les méfaits de Tony Cipriani, déjà aperçu dans GTA 3. Sur notre route, on recroisera forcément des personnages marquants de la série et on s'amusera à découvrir quels rapports ils entretiennent avec Tony. Même si la base de l'histoire reste très classique, brassant tour à tour chacun des clichés du genre, on se laisse facilement prendre au jeu.
C'est vrai, on aurait préféré un nouveau GTA. C'est vrai aussi que l'adaptation de la PSP vers la PS2 n'est pas ce qu'il y a de mieux en terme de réalisation et de contenu. Cela dit, ce GTA-là parvient à garder quasiment intact le charme de la série. Alors même si on peste contre les choses qu'on aurait aimé trouver (de meilleurs graphismes, plus de voitures et de motos, des objectifs plus nombreux), on se surprend à ne plus lâcher la manette et à enchaîner mission sur mission. La série tourne peut-être en rond, mais elle parvient une nouvelle fois à nous entraîner dans sla danse avec elle.