Eurocops, c'est un peu l'Eurovision de la police puisque ce sont 6 groupes d'intervention européens qui répondent présents à l'appel, un par pays, du RAID au SAS en passant par le GEO. Par voie de conséquences, les esprits aiguisés ne tarderont pas à saisir que le jeu compte 6 niveaux. Ah, ah ! Vu de loin, le titre essaie de se donner des airs de tactical shooter, vu de près, il se donne des airs de gag. On commence avec un briefing qui ne sert strictement à rien, au cours duquel on ne peut pas choisir son équipement ni quoi que se soit d'autre, avant de finalement voir le niveau démarrer. Un niveau en ligne droite dans lequel se perdre ou faire un choix tactique est impossible. Quel que soit le groupe d'intervention que vous incarnez, le jeu reste constant dans son déroulement. Mêmes armes, même nombre d'équipiers inutiles. En effet, les deux zouaves qui vous suivent péniblement ne peuvent même pas être qualifiés de stupides, on n'en est même pas là. Qu'un personnage non jouable puisse se bloquer dans un angle, c'est déjà peu réjouissant mais voir ce qui nous sert d'allié se débattre pour se libérer de petites molécules d'oxygène, c'est tout un spectacle d'art contemporain.

En face, rien de mieux, les cartes sont remplies d'ennemis au point qu'on atteint une densité au mètre carré qui ferait passer les grandes métropoles pour des villages de la Creuse. Tous aussi débiles les uns que les autres, leur comportement se borne à tirer, particulièrement mal, pour mourir ensuite dans un cri à se tordre de rire. Quant à vos copains pendant ce temps, ils se traînent à l'autre bout du niveau, comme des poids morts. Pathétique. Si on a bonne mémoire et vu que j'ai dit ça dans le paragraphe précédent, tout le monde s'en souviendra, Eurocops se prend pour un jeu tactique. Pour placer vos soldats, il faut les incarner, tour à tour, et les coller en couverture. Certes, on fait difficilement plus lourd comme méthode. Du coup, tout ce que vous pouvez faire en matière d'ordre, c'est demander à être suivi ou pas. Ce qui techniquement revient au même puisque de toutes façons le pathfinding des alliés est foireux.

Pour que la coupe soit pleine, il faut encore ajouter un arsenal limité à une arme de poing, un fusil mitrailleur et quelques grenades, aucun gadget rigolo et des déplacements horriblement lents rendus à l'écran par des animations pitoyables. En passant, sachez qu'il n'est pas possible d'inverser la visée, ce qui est simplement scandaleux dans un jeu de ce genre. Enfin, on aura rarement autant eu le sentiment de jouer avec des pistolets à billes que dans le titre de CrazyFoot. Au son de petits pouêts, vos armes ont l'air d'avoir autant d'effets sur les terroristes qu'un jet de figues trop mûres sur une paroi de béton. Les taches en moins. Ce qui nous amène habillement vers la question de la réalisation, là encore, on rigole mais ça pique les yeux.

Basé sur le Serious Engine (Serious Sam premier du nom donc), le titre se pare d'un filtre dont l'effet se situe quelque part entre le HDR trop poussé et un flou pseudo artistique qui se montre redoutable dans certaine conditions, dont le premier niveau en Italie. Pour le reste, le moteur est vieillot donc sans surprise, le résultat n'est pas glorieux et le fait de monter en résolution (un pauvre 1280) aura des conséquences fâcheuses. Mais le top du top demeure la stabilité de la chose. Par chance, j'avais pu avancer sur la version preview. Pourquoi par chance ? Simplement parce que cette version finale et commerciale refuse de me laisser aller plus loin que le second niveau avec un joli plantage systématique au moment précis où on met le pied là où on ne devrait pas. Long sifflement strident, chute du framerate et finalement freeze avant le reboot forcé de la machine. A cette heure, pas de patch pour remédier à ça. Quant à tenter l'installation sur une autre machine, ça ne m'a valu que d'avoir à rebooter le second PC avant même que l'application ne démarre. Du beau travail dont on peut être fier chez les développeurs et l'éditeur.