Quand on voit le tapage marketing qui se développe en ce moment, on comprend bien que Marvel compte faire d'X-Men la nouvelle mode de cette fin d'année scolaire. Sur le papier, cette décision n'a rien de déplaisant mais l'univers du jeu vidéo est au coeur de cette tempête mutante et, pour l'instant, ce n'est pas l'extase. Aucune console active n'a été épargnée par ce raz-de-marée mais c'était quand même cruel de s'attaquer à une petite GBA sans défense qui aura du mal à se remettre de cette cartouche.
Dès l'allumage de la petite machine, une angoisse oppressante s'installe. Non pas parce que le suspense est omniprésent, mais parce que quand on voit quatre marques d'éditeurs suivies par un temps de chargement pour afficher un bête menu, on a vraiment peur de continuer. Mais j'endosse volontiers le tablier du naïf petit fan plein d'espoir et j'appuie sur start relativement sereinement. C'est après avoir lu le tutorial non-interactif et choisi de commencer une nouvelle partie que les ennuis commencent. La pauvreté et le manque de détails des décors est la première claque que l'on doit encaisser. Les personnages sont méconnaissables tant dans les phases de jeu que dans les cut-scènes et ils évoluent dans un environnement austère qui n'a rien de visuellement attrayant. Ce serait une erreur d'incriminer la GBA puisque des jeux comme Sword of Mana ou Yoshi's Island nous on prouvé que la grande soeur de la DS peut nous en mettre plein les mirettes avec brio. Mais les animations sont fluides et plutôt réalistes alors je continue plus en avant dans un optimisme de plus en plus inquiétant.
La jouabilité vient vite confirmer la gravité de mon erreur. Le type de jeu est, comme l'immense majorité des adaptations de licences juteuses, un fade mélange entre les bas-fonds de la plate-forme et les défauts du beat'em all. Cela signifie que votre seul but sera d'avancer dans des niveaux sans originalité en massacrant tout ce qui ne fait pas partie du décor. La petite particularité vient de la possibilité de contrôler à tout moment l'un des quatre mutants en appuyant sur R pour choisir son avatar. Logan le griffus, Colossus le géant, Iceman le Mister Freeze et Diablo le démon sont disponibles et possèdent chacun des pouvoirs spéciaux spécifiques permettant par exemple à Colossus de casser certains murs ou à Diablo de se téléporter. Mais les problèmes de collisions, qui n'en finissent pas de vous bloquer entre deux ennemis en train de vous atomiser, ne rendent pas vraiment ces mutants agréables à diriger. Colossus est d'ailleurs une exclusivité GBA mais quand on voit à quel point il est lent et balourd, on apprécie moins le cadeau. Un petit détail sympa : il est possible de sauter par-dessus les ennemis dans les niveaux du début et donc de les terminer en dix secondes montre en main. Chose qui ne sera plus permise par la suite en raison d'un level design complètement exigus, vous bloquant régulièrement contre un ennemi ou un mur.
On a beau être le plus acharné des fans, ce n'est pas le scénario qui sauvera cette cartouche du tout-à-l'égout. Les scènes cinématiques, représentées par deux lignes de dialogues sous une image moche des héros, sont d'une pauvreté affligeante et la trame générale n'a rien d'excitante. L'histoire est même complètement indigeste si on s'en tient uniquement au jeu. Un passage par le résumé du manuel s'impose donc si vous voulez comprendre un minimum pourquoi vous devez mourir toutes les cinq minutes. Car recommencer le même niveau douze fois, ça va vous arriver si vous tentez de tuer tous les soldats que vous rencontrez tant la difficulté est mal calculée. D'ailleurs, si par inadvertance cette adaptation vous tombe dans les mains, saluez de ma part le deuxième boss qui aura mobilisé la moitié de la rédaction pour l'achever et vérifier ainsi que le reste du jeu était bien aussi mauvais que le début.
La qualité de cet opus sur la petite portable de Nintendo, associée aux piètres prestations de la licence sur les autres supports, a vraiment de quoi vexer profondément les nombreux fans. La mauvaise réalisation et le gameplay inabordable nous prouvent de façon brutale qu'une fois encore, l'intérêt est vendu séparément. Si l'on considère en plus que cette version était destinée à un public un peu plus jeune que les déclinaisons 128 bits, alors la difficulté inégale et mal calculée fait vraiment crier au scandale. Courez donc vous acheter Yoshi's Universal Gravitation si vous aimez la plate-forme ou encore le classique Super Ghouls'n Ghosts si vous préférez l'action mais pitié, ne tombez pas dans le piège d'X-Men : Le jeu officiel.
- Graphismes10/20
Le manque de détails de l'environnement est vraiment inacceptable quand on voit ce que la GBA peut donner et on doit en plus supporter un manque cruel de diversité. On note tout de même que les animations des différents protagonistes restent fluides et de qualité.
- Jouabilité6/20
Le genre plate-forme/action est difficile à rater en terme de gameplay et c'est d'autant plus rageant quand on se rend compte que les problèmes de collisions sont légion et que les personnages sont mous et répondent mal.
- Durée de vie7/20
Bien difficile de dire combien de temps peut vous occuper ce titre, puisque si vous vous attardez à tuer tous les ennemis il devient interminable alors que si vous sautez sans interruption vous devriez en faire le tour en une heure ou deux. Le plus probable c'est qu'il se retrouve dans la poubelle au bout d'une demi-heure.
- Bande son9/20
Les bruitages sont d'une répétitivité à toute épreuve pour un beat'em all et les thèmes musicaux sont tout juste écoutables. Cependant le tout reste discret et ne constitue donc pas une vraie source de frustration.
- Scénario6/20
Le manque de clarté évident et les dialogues sans caractère ne combleront sûrement pas les fans même les plus aguerris. Mieux vaut aller voir le film ou encore jouer aux versions 128 bits pour pouvoir éclaircir le flou, pas artistique pour un sou, qu'installe cette cartouche.
Comme on dit dans notre jargon vidéoludique quand on est très désappointé : "Oula, c'est nul". La difficulté est calculée de manière exécrable, la charte graphique n'a rien d'attrayant, et la jouabilité est loin d'être acceptable. Le portage GBA est sans conteste celui qui a été le plus délaissé de tous et si on enlève le plaisir de voir bouger ses mutants préférés, le jeu n'a vraiment plus rien pour lui.