Réputés et appréciés pour l'éventail de possibilités infinies qu'ils offrent aux joueurs, les jeux de gestion effraient habituellement les néophytes par leur complexité et leur austérité visuelle. Avec Deep Sea Tycoon 2, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Si le soft n'est pas trop vilain en apparence, son contenu atrophié le rend par contre ridiculement vide d'intérêt, et même les débutants ou les plus jeunes seront outrés par la fadeur qui le caractérise.
Si l'histoire du développement de Deep Sea Tycoon 2 vous intéresse, sachez que ce titre est bel et bien la suite du célèbre Aquatic Tycoon sur PC. Quand je dis "célèbre", je ne fais que reprendre le terme exact employé par l'éditeur pour promouvoir son jeu, mais on ne peut pas dire qu'Aquatic Tycoon soit une référence dans le milieu des softs de gestion. D'ailleurs, si on y regarde d'un peu plus près, on se rend compte que ce titre proposait bien plus de possibilités que sa suite, ce qui est assez déconcertant. Les développeurs semblent, en effet, ne pas avoir réussi à trouver un bon compromis entre complexité et accessibilité, puisque là où Aquatic Tycoon nous rebutait par sa prise en main délicate, Deep Sea Tycoon 2 nous écoeure par sa trop grande facilité.
Il faut dire qu'on peut difficilement faire pire que Deep Sea Tycoon 2 en termes de richesse de contenu. Au départ, j'avais prévu de ménager un minimum de suspense en annonçant au compte-gouttes les caractéristiques du titre, mais je pense que ce sera plus clair pour tout le monde si je les révèle maintenant. Le soft propose donc en tout et pour tout un seul environnement dans lequel évoluer (on nous en annonce plusieurs mais, s'ils varient, c'est simplement au niveau de la dispositions des algues et des rochers), 3 attractions et 4 types d'installations à construire, ainsi que 5 espèces d'animaux marins à élever. L'aspect gestion est donc assez fantomatique, et même un gamin de 4 ans va pouvoir s'y retrouver, ce qui ne favorise absolument pas la liberté de création.
L'objectif du jeu étant de coloniser le fond des océans en en faisant un domaine vivable pour la faune locale et attractif pour les humains, vous allez vous retrouver avec la "lourde" tâche de dépenser vos deniers intelligemment et avec parcimonie. Au début, on se dit que le jeu risque d'être un peu complexe, et on se lance avec anxiété et naïveté dans le didacticiel proposé. Deux minutes plus tard, on revient au menu principal légèrement frustré puisqu'on vient simplement d'apprendre à bouger la caméra et à cliquer sur un bouton. Le mode Aventure nous prend, de toute façon, tellement par la main, qu'il n'est guère besoin de tutorial. Les premières missions se bouclent en moins de 10 secondes chrono en main et vous demandent juste de produire un certain nombre d'animaux pour commencer à peupler votre site. Jusque-là, pourquoi pas ? Seulement voilà, c'est comme ça du début à la fin et ça ne se complique à aucun moment.
Il en va ainsi pour les 30 missions du mode Aventure. Les étapes se franchissent en une poignée de secondes, sans aucun effort. On commence par vous demander de produire 3 tortues, puis 6 dauphins ou encore 12 hippocampes, et le principe est toujours le même. Les possibilités offertes sont tellement restreintes qu'on ne peut, de toute façon, pas vous demander grand-chose d'autre. Les animaux qu'il est possible de réellement gérer sont peu nombreux, et les autres espèces rencontrées, comme les poulpes, les méduses ou les poissons, ne font que partie du décor. De plus, pour que vos orques ou vos baleines soient heureux, il vous suffit de leur installer une réserve de nourriture à proximité, sachant que vous ne pourrez disposer vos installations qu'aux endroits indiqués.
Les missions les plus longues (comprenez 5 à 10 minutes) sont celles qui font intervenir les plongeurs et leur niveau de satisfaction. Pour plaire à ces derniers, vous devrez mettre en place un certain nombre d'attractions, sachant qu'il n'en existe que trois différentes faisant intervenir soit les tortues, soit les dauphins, soit les hippocampes. Là où on frôle vraiment le n'importe quoi, c'est quand on réalise que les plongeurs ont deux autres critères de satisfaction bien tordus. En plus de vouloir prendre de belles photos, ils peuvent aussi avoir faim et vouloir faire du shopping. Concrètement, il faudra tout bêtement installer des snack-bars et des boutiques de souvenirs au fin fond de la mer ! Pour résumer, le joueur se contente de remplir les zones de construction en y installant ce qu'on lui a demandé, puis il comble les espaces restants en rajoutant des réserves de nourriture pour les animaux et des distractions pour les plongeurs. Ensuite, il n'a plus rien à faire, sinon attendre que les bénéfices effectués soient suffisants pour valider la mission. Et pour passer le temps, il pourra toujours apprécier les somptueux graphismes du soft en suivant le parcours de l'animal ou du plongeur de son choix, ce qui lui évitera de pester contre les problèmes de caméra qui plombent le gameplay la majeure partie du temps. Et quand il sera venu à bout des 30 missions proposées, il pourra toujours s'ennuyer un peu plus dans le mode Bac à Sable où il sera libre de faire ce qu'il voudra.
- Graphismes8/20
Deep Sea Tycoon 2 n'est certainement pas le plus moche des jeux de gestion, mais il est presque impossible de varier les screenshots puisqu'on ne fait que tourner en rond. Le joueur est cloîtré dans un environnement minuscule qui ne doit varier que d'un ou deux rochers tout au long du jeu.
- Jouabilité6/20
Vous n'aurez qu'à cliquer sur les trois boutons de l'interface pour remplir les objectifs demandés, mais la caméra viendra souvent vous mettre des bâtons dans les roues. En voulant rendre leur titre trop accessible, les développeurs ont tellement simplifié les possibilités de jeu qu'il n'en reste quasiment pas.
- Durée de vie5/20
Les 30 étapes à franchir se font en quelques minutes, puisque certaines missions ne prennent pas plus de 10 secondes, même parmi les 15 dernières. Etant donné le peu de possibilités offertes, les solutions que l'on peut mettre en place sont extrêmement réduites.
- Bande son6/20
Je ne voudrais pas dire de bêtise, mais il me semble n'avoir entendu qu'une seule musique tout au long du jeu. Le genre de musique passe-partout qui ne risque pas de vous donner les frissons.
- Scénario/
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Deep Sea Tycoon 2 n'est un jeu de gestion qu'en apparence, puisque les développeurs ont tellement bridé ses possibilités qu'il en est devenu vide et sans intérêt. Le joueur n'a pas besoin de plus d'une minute pour mettre en place les installations demandées, et il ne lui reste plus ensuite qu'à attendre que les choses se passent comme prévu pour passer à la suite. Sidérant !