Il est un procédé révélateur sur les différences entre Fifa et son concurrent de Konami : le portage de consoles de salon vers la Playstation Portable. Si le second perd quelque peu ses forces vitales dans l'affaire, le premier ne subit aucun dommage, ou peu s'en faut. Coupe Du Monde De La Fifa 2006, figuration estivale et exceptionnelle de la franchise la plus connu d'EA Sports, ne fait que confirmer les heureux bénéfices et inquiétantes limites que cette constatation toute simple met à jour.
On prend du plaisir à jouer à ce nouveau Fifa sur Playstation Portable. Le fait est là, dans le cadre d'une balade sur le parcours officiel de la coupe du monde, cette version s'avère rapidement la plus plaisante parmi celles de la gamme portable. A l'origine de cette accroche, la résistance salement bien fignolée de l'IA qui enchante. Ca tient à peu de choses pourtant car les manques dans le replacement, les absences du gardien, sûrement des transferts mentaux vers de belle plages, et les relances très hasardeuses des défenseurs n'ont pourtant pas été ôtés. Seulement voilà : L'IA de Fifa sur PSP fait honneur aux notions de marquages à la culotte, d'interceptions de passes, d'attaques sur les ailes correctement exécutées, de blocs défensifs qui empêchent correctement les tirs à distance et de changements dynamiques de stratégies. De la vivacité ! Oui, voilà, c'est exactement tout le sel de ces équipes adverses, dont les meilleures, dressées sur votre progression, auront l'effet d'une herse à franchir avec puissance et intelligence. On peut donc enfin se caler dans son fauteuil, son premier match de poule de phase finale en attente, en ressentant un tant soit peu la grandeur et la longueur de la tâche qui nous attend.
Autre agrément, ces bonnes sensations inspirées par les transcriptions vraiment convaincantes de bons nombres de situations : oppositions épaules contre épaules, luttes en l'air, feintes, jeu à une touche de balle... Il serait plus simple d'exclure finalement de toutes les situations existantes les sorties trop lentes du gardien, les tirs à proximité, bien trop précis et efficaces, et les une-deux, ratées en raison de la lenteur de leurs exécutions, pour rendre compte des qualités de ce "toucher" vidéoludique que d'aucuns jugent simpliste. Faux, répondra celui qui a fait le choix de Pro Evolution Soccer depuis quelques années, comme votre serviteur, et qui reste surpris par quelques sophistications qu'il ne s'attendait pas à retrouver ici-bas. Les joueurs ont de la lourdeur et des déplacements qui forcent l'anticipation. Les tirs et autres passes sont régis par une charge liée au délai de pression de la touche correspondante, qui est très juste et impose le dosage. Les défenseurs adverses ont de bons appuis, et sont bien collants : toujours cette vivacité appréciable. Hors du terrain, certaines composantes renient aussi le simplisme susdit. Le panel de formations à disposition est large et compense convenablement l'absence de réglages de position au joueur près. Les stratégies, quatre pour les versants offensifs et défensifs, sont logiques même si le jeu à trois est quelque peu flingué par un une-deux un peu lent, comme indiqué plus haut. Il y a de même quelques composantes de gameplay qui ne s'impriment pas dans l'esprit, en raison d'une trop grande superficialité. La fatigue des joueurs en cours de match est un paramètre inexistant : la barre se vide trop lentement, aucune action ne mettra votre Milan Baros à bout de souffle. Quant aux penaltis, l'invisibilité de la puissance du tir ne donne aucune satisfaction, si ce n'est de marquer de beaux buts sans trop comprendre comment. Un phénomène qui est le miroir de la trop grande efficacité des tirs à proximité en cours de match. Ces abus n'ont néanmoins pas été nombreux en mode international et sont souvent à imputer à la faiblesse ou à la bêtise du gardien adverse. EA Sports ne doit donc pas tant corriger le tir qu'offrir un stage de perfectionnement à leur goal référence.
Pour résumer cette partie gameplay, les matchs de CDMF 06 s'avèrent au final joyeusement attachants, puisque les angles offensifs et défensifs se multiplient avec les parties. Certes, malgré toutes ces bonnes volontés, on reste éloigné du renouvellement sans fin d'un Pro Evolution Soccer, mais avec les moyens mis à disposition sur une PSP amputée de deux gâchettes et d'un stick aussi précis que sur PS2, il faudrait être intégriste pour se refuser à quelques parties juste comme ça, "pour voir".
Si cette version emprunte les sillons du gameplay de son aîné sur Playstation 2, il devrait en être de même quant à l'enrobage et la ligne éditoriale. C'est bien loin d'être le cas, puisque seul le juke-box de qualité a subsisté tandis que le contenu global solo du titre est à mettre en relation avec celui de la GBA, c'est-à-dire le "pack" de base : éliminatoire et phase finale de la coupe du monde et défis mondiaux classiques mais, à l'instar des versions DS et GBA, basés sur des situations fictives et non historiques. Ce n'est pas un affreux point noir, puisque le principe du mode se suffit à lui-même et constitue toujours un agréable défi après un sacre mondial. La cosmétique ocre foncée des menus est pas franchement réjouissante, mais c'est du chipotage. Ce qui n'en est pas, c'est d'être franchement affligé par la lenteur et le manque de réactivité des sélections dans ces mêmes menus. Le passage d'un écran à un autre est aussi assez mou, il faut des fois attendre plusieurs secondes. Quant aux chargements, ils restent décidément trop longs. Pour conclure sur l'aspect technique, le rendu et la restitution sonore sont au niveau de Fifa 06, c'est-à-dire quasi inattaquables.
- Graphismes15/20
De la même teneur que Fifa 06, le rendu est fin, propre et doté de quelques effets visuels réussis lors des transitions entre les différentes phases d'un match. Les visages des joueurs sont pour la plupart vraiment travaillés, ce qui fait un peu tache combinés au reste de l'anatomie un peu cubique. Cela dit, c'est du beau boulot, qui enfonce Pro Evolution Soccer 5 sur de nombreux points.
- Jouabilité16/20
Sa prise en main immédiate n'induit certainement pas un essoufflement du gameplay sur le long terme. Ce Fifa sur PSP a énormément de répondant grâce à une IA qui a de belles qualités de vivacité et de réaction. Comme les principaux mouvements nous résistent un peu avant d'entrer dans en notre contrôle, on finit par rester suspendu à sa console et par découvrir de la profondeur dans les rencontres les plus ardues. Bref, une suprise que, bien sûr, seul celui qui ne s'est pas usé sur les versions de consoles de salon saura apprécier pleinement.
- Durée de vie14/20
La difficulté indiquée dans le petit encart ci-dessus et la présence des campagnes de qualifications et de phase finale de la coupe du monde vous indique déjà le volume présent dans le titre. Le multi, jusqu'à quatre joueurs, n'est pas à négliger. En annexe, le mode défis mondiaux est un bon complément qui pourra vous retenir quelques heures. C'est donc honnête, même si cette version est, avec celle sur GBA, la plus pauvre du lot en terme de contenu.
- Bande son14/20
Musicalement, les morceaux proposés seront désuets dans un an, mais bon, aucune horreur sur fond d'eurodance ou de metal qui tache ne vient nous perturber dans les menus . Les sons d'ambiance en matchs sont convaincants et les commentaires français ont le bon goût d'être très variés, à défauts de coller parfaitement à ce qu'il se passe sur l'écran.
- Scénario/
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In fine, ce Fifa sur PSP est peut-être davantage en adéquation avec son support que ne le sont toutes les autres versions. Si quelques syndromes de facilités made in Fifa sont toujours à déplorer, le jeu montre une résistance et une finition imparables. IA dans la bonne moyenne, sensations agréables dans la construction de ses actions, finitions techniques admirables. Tout cela se rejoint dans un titre simplement addictif. Et c'est déjà beaucoup !