Bien que les comics d'X-Men, et par extension les deux premiers films de la saga, se soient attardés sur différents problèmes de société à travers le prisme de l'évolution, le troisième film devrait se recentrer sur l'histoire d'un groupe de super-héros orphelins, depuis la disparition de Jean Gray. Bien qu'on soit vraiment impatient de voir ce que Brett Ratner (Rush Hour, Dragon Rouge) a fait de ce formidable matériau, Activision prend un peu d'avance en sortant l'adaptation ludique du futur long-métrage. Une bonne occasion pour douter encore un peu plus avant d'arpenter les salles obscures.
D'entrée de jeu, on aimerait dire que les développeurs de Z-Axis Games ont tenté de prendre le contre-pied des auteurs des X-Men en laissant tomber le côté évolutionniste des héros confrontés à de graves problèmes de conscience pour s'attarder sur la régression vidéoludique, autre sujet tout aussi important. J'imagine que certains trouveront mon approche un peu brutale, voire irrespectueuse, mais ce que j'aimerais vous faire comprendre avec ce test est simplement lié au fait qu'on peut partir d'un bon principe de jeu et oublier tout le reste. X-Men : Le Jeu Officiel fait donc envie sur le papier. On nous donne la possibilité de jouer avec trois héros (Logan aka Wolverine, Iceberg et Diablo) qui disposent chacun de pouvoirs différents qui sont autant de moyens d'appréhender l'aventure via des phases de jeu distinctes. En fonction de la réussite des stages, le joueur peut augmenter certaines caractéristiques des mutants (force, santé, parade, pouvoirs, etc.) et quelques bonus sont à découvrir, ceci constituant sans doute le seul intérêt pour recommencer des niveaux déjà terminés. Seulement voilà, si tout ceci est bel et bien intégré au jeu, c'est tout le reste qui rend dubitatif à commencer par l'enchaînement des missions.
La première grosse erreur des développeurs a été de se dire qu'il serait beaucoup plus amusant de se taper quatre missions de suite avec un même héros plutôt que d'alterner une ou deux missions maximum puis de passer à un autre mutant. Aberrant, surtout quand on sait qu'à cause de ce choix, vous serez invité à recommencer le soft pour tout découvrir (une plaie tant le titre est lénifiant) sans parler de l'inévitable redondance liée à cette structure. Ensuite, bien qu'on dispose de plusieurs niveaux de difficulté, on se rend compte au bout de 6 ou 7 missions (sur un total de 28) qu'elle est disproportionnée en fonction des personnages, les phases de Diablo étant par exemple bien plus simples que celles de Wolverine. De plus, plusieurs objectifs sont à s'arracher la tête, même en novice, et vous forceront à reprendre des niveaux encore et encore avant de pouvoir continuer. Comme si ça ne suffisait pas, on signalera également que la durée moyenne des stages ne dépasse pas dix minutes si bien qu'on pourra passer d'un stage se déroulant dans un endroit assez vaste à un autre simplement constitué d'une seule pièce où des hordes d'ennemis arriveront sans discontinuer.
A ce sujet, il est très difficile de ne pas soupirer lorsqu'on se bat en équipe, le second X-Men étant dirigé par la console, vu qu'on se rend compte à quel point les objectifs sont factices. Ainsi, vous devrez à un moment attendre que Tornade draine l'énergie de quatre générateurs avant de pouvoir les détruire. Cette scène est caractéristique de l'ambiance du titre qui joue uniquement sur une succession de combats sans fin qui ne tirent absolument pas partie du scénario, invitant simplement le joueur à utiliser sa faible palette de mouvements, constituée de quatre ou cinq combos, en attendant que son coéquipier veuille bien effectuer sa tâche. Et c'est à ce moment-là qu'on pourra nous ressortir la pluralité du gameplay qui lorgne, certes, du côté de l'action avec Logan mais qui dispose aussi de passages d'infiltration sans parler des séquences de shoot'em up avec Bobby Drake. Oui, effectivement sauf que dans un cas comme dans l'autre, on s'ennuie à mourir. En fait, les niveaux avec Diablo ne changent pas énormément de ceux de Serval, hormis le fait que notre petit diable puisse se téléporter et sauter comme un cabri. Dans tout ça, les vagues d'ennemis sont toujours présentes mais malgré tout, l'action est d'une mollesse à toute épreuve. Restent les épreuves avec Iceberg, juché sur un toboggan de glace, durant lesquelles il faudra éviter des obstacles ou éliminer des poignées d'ennemis. Rien de bien transcendant, même si le fun est déjà plus palpable dans ces moments-là.
En marge de cette médiocrité ambiante, on aura tout de même la chance de rencontrer les ennemis attitrés des X-Men, à commencer par les Sentinelles, Dents-de-sabre ou bien encore l'Homme multiple. Est-ce une raison suffisante pour acheter ce titre qui est vendu un peu moins cher que la normale ? Soyons catégoriques : non, et c'est un immense fan du comics qui vous le dit. Encore une fois, le résultat final a de quoi décevoir vu qu'avec un peu plus de temps (et de moyens ?), Z-Axis aurait certainement pu réaliser quelque chose de beaucoup plus vivant, prenant et intéressant. Dommage, vraiment dommage surtout qu'Activision avait plutôt réussi son coup avec le survolté, mais très perfectible, X-Men Legends. En l'état, on a juste droit à un des softs les plus rébarbatifs de ce début d'année, mou, énervant, limité en terme de gameplay et qui devra sacrément compter sur le succès du film pour espérer faire du gringue aux joueurs. Croisons les doigts pour que les futurs James Bond, récemment tombés dans l'escarcelle de l'éditeur, ne subissent pas le même sort.
- Graphismes12/20
Le graphisme est tout juste honnête, aussi bien pour ce qui est des décors que des animations des personnages. Ceci dit, la palette de couleurs est limitée et les environnements un peu ternes et sans aucune originalité. Peu d'éléments destructibles ont été inclus et on ne dira mots sur les effets spéciaux moyennement réussis hormis le toboggan de glace d'Iceberg ou la téléportation de Diablo.
- Jouabilité13/20
Simpliste, la jouabilité n'offre que peu de possibilités au joueur. Logan et Diablo disposent de peu de coups, le premier peut rentrer en mode Fureur pour gagner en puissance alors que le second pourra user d'une téléportation bien pratique pour se matérialiser derrière les ennemis. Les phases avec Iceberg renvoient davantage à du shoot'em up même si au final c'est bien un manque flagrant de dynamisme qui englobe toutes ces séquences.
- Durée de vie11/20
28 stages, qui se terminent parfois en moins de cinq minutes, pour le mode solo et quelques missions supplémentaires à débloquer. L'arbre des niveaux est mal pensé et vous obligera à recommencer l'aventure pour tout voir, ce qui pourra s'avérer nerveusement dangereux tant la difficulté est variable passant du mode "Foetus" à celui de "Mission Impossible" en un clin d'oeil.
- Bande son11/20
Les musiques restent en retrait pour que nous puissions profiter des doublages français des acteurs ayant participé au film. Notez tout de même que la voix de Logan n'est pas celle du doubleur attitré d'Hugh Jackman et passe un peu moins bien.
- Scénario10/20
Le jeu se déroule directement après le second volet tout en introduisant l'histoire du troisième épisode à venir. Dommage, que le tout ne serve à rien hormis le fait de retrouver plusieurs ennemis bien connus des amateurs.
Dire que la déception est au rendez-vous tient de l'euphémisme tant on attendait l'adaptation vidéoludique d'un des plus gros blockbusters de l'année. Le résultat est sans appel : X-Men : Le Jeu Officiel est un titre bancal à la difficulté fluctuante et proposant des scènes d'action dont la nonchalance est proportionnelle à la redondance qui s'installe à mesure qu'on progresse. Le sénateur Robert Kelly aurait apprécié.