Alors que la PSP venait tout juste de sortir sur notre territoire, Hideo Kojima prenant tout le monde par surprise avec un épisode de Metal Gear bien différent de ceux qu'on connaissait. Six mois plus tard, Metal Gear Acid 2 reprend le concept de son aîné et s'apparente toujours à un jeu d'action tactique au tour par tour à base de cartes. A présent que nous savons exactement à quoi nous attendre, voyons si ce nouvel opus saura convaincre les adeptes du précédent volet, et pourquoi pas les joueurs encore réfractaires à ce type de softs.
Composante essentielle de tout Metal Gear digne de ce nom, le scénario jouait, on s'en souvient, un rôle majeur dans le précédent volet, avec de très nombreuses scènes de dialogues qui s'évertuaient à rendre l'histoire d'une complexité désarmante. Si vous n'avez pas fait cet opus ou que vous n'avez pas en tête toutes ses ramifications scénaristiques, vous serez heureux de savoir que Metal Gear Acid 2 part sur une situation complètement différente, avec de nouveaux protagonistes et de tout autres enjeux. On y découvre un Snake amnésique en quête de son passé, entouré de personnes inconnues au bataillon et dont les noms ne vous évoqueront probablement rien. Accusé d'un meurtre qu'il n'a vraisemblablement pas commis, Snake se voit contraint d'accepter une mission confiée par un homme mystérieux qui prétend appartenir au FBI. De fil en aiguille, les enjeux vont se faire de plus en plus nets avec en toile de fond la présence menaçante du Metal Gear. La brillante Teliko étant absente de cette nouvelle histoire, Snake aura tout de même la chance de coopérer avec une nouvelle héroïne appelée Vénus, un agent secret qui a l'air d'en savoir beaucoup plus long que lui. On regrettera juste que la demoiselle ne survienne que tardivement dans l'histoire, quasiment à la moitié du jeu.
Premier constat, la réalisation de Metal Gear Acid 2 n'a plus grand-chose à voir avec celle de son aîné. Adoptant un nouveau style visuel proche du cel shading, les graphismes offrent un rendu plus coloré, plus proche des comics, mais forcément moins réaliste. On aime ou on n'aime pas, mais le fait est que le résultat, s'il peut dérouter au début, ne rompt pas totalement avec l'esthétique du premier volet. Les autres aspects techniques n'ont en revanche pas bougé, à savoir que la 3D entraîne encore des problèmes de caméra assez désagréables pour un jeu de ce type qui demande une lisibilité parfaite. Le stick analogique est encore loin d'être idéal pour gérer les angles de vue, ce qui nuit terriblement au confort de jeu. Petite nouveauté assez inattendue, il est possible d'activer à tout moment un effet 3D appelé le Solid Eye, grâce à un accessoire qui devrait normalement être fourni avec le jeu, mais que nous n'avons malheureusement pas pu essayer pour ce test. Un mode Theater lui est d'ailleurs dédié et permet de visionner un certain nombre de somptueuses cinématiques.
Au cas où vous l'ignoreriez encore, Metal Gear Acid 2 est un jeu d'action tactique au tour par tour. La progression se découpe en une série de missions scénarisées durant lesquelles vous contrôlez Snake et sa nouvelle alliée. Les déplacements se font case par case, moyennant l'utilisation de cartes auxquelles on peut recourir pour se déplacer ou pour attaquer. Chaque personnage dispose d'un inventaire dans lequel il peut équiper différents objets pour se protéger ou pour contre-attaquer, et même si le hasard joue toujours un rôle infime dans la distribution de votre jeu, l'efficacité de votre deck découlera surtout de la manière dont vous l'aurez préparé. Le modificateur de jeu permet donc toujours de choisir ses cartes parmi celles qui sont disponibles dans votre stock. Snake et Venus peuvent bien sûr se les partager, et vous ne pourrez en obtenir de nouvelles qu'en les achetant, en les gagnant en fin de mission ou en allant les chercher sur le terrain. Sachez qu'il est désormais possible de mettre à niveau les cartes de son choix pour améliorer leurs capacités, par exemple en transformant une Ration en une Ration +. Toutefois, cela vous coûtera des points, les mêmes qui vous serviront à investir dans de nouveaux paquets de cartes inspirées des différents volets de la série. Il pourra donc être intéressant de revendre les cartes en double pour renflouer ses caisses.
Metal Gear Acid 2 n'est pas forcément le soft le plus facile à prendre en main, bien qu'il demeure quand même assez accessible dans son approche. Pour cette raison, le jeu démarre sur une mission d'entraînement obligatoire qui vous permettra de vous familiariser avec les commandes. Il faut dire que le gameplay n'est pas franchement intuitif, même si l'interface se veut maintenant plus explicite lorsqu'il s'agit de savoir quelles touches activer pour exécuter telle ou telle action contextuelle. Bien que l'on regrette que la plupart des défauts du premier volet n'aient pas été corrigés, on note quand même quelques améliorations. Ainsi, on n'est plus stoppé à chaque fois qu'on veut franchir une porte, ce qui nous faisait perdre un tour bêtement et devenait franchement lourdingue lorsqu'il fallait faire évoluer les deux personnages en parallèle. A l'inverse, le fait de devoir passer systématiquement par la touche triangle pour pouvoir orienter son personnage dans la bonne direction s'avère inutilement laborieux, mais indispensable si l'on veut par exemple recourir aux techniques de Close Combat. On peut d'ailleurs se demander pourquoi les développeurs ne s'inspirent pas de certains RPG tactiques pour améliorer cette jouabilité qui reste encore très perfectible.
Bien sûr, l'univers de la série est parfaitement respecté, ce qui se ressent aussi bien dans l'ambiance du soft que dans ses particularités de gameplay. Les changements d'objectifs se révèlent fréquents en pleine mission, ce qui dynamise la progression et évite les temps morts. D'une manière générale, on note une meilleure mise en scène que dans le premier dans les phases d'action, même si on peut regretter que les missions ne soient pas plus variées et les boss pas plus nombreux. Pour le reste, il est toujours possible d'avancer de manière fine ou plutôt brutale, le recours aux armes à feu étant souvent aussi efficace que la méthode furtive. Enfin, on retrouve évidemment les trois niveaux d'alerte qui se déclenchent sitôt que vous vous êtes fait repérer, mais le comportement des gardes est toujours trop prévisible, ce qui les rend assez faciles à berner.
Le total de cartes disponibles dans le jeu est désormais fixé à 500, contre seulement 200 dans le premier volet, ce qui est une excellente nouvelle. Les anciennes cartes adoptent un tout nouveau design, et les cartes de personnages donnent toujours lieu à de courtes cinématiques renvoyant à l'épisode d'où elles sont issues. Véritable fléau du précédent volet, la lenteur de l'action est en partie résolue, notamment lorsque c'est au tour de l'IA de jouer. Il est d'ailleurs plus que conseillé d'activer en permanence le mode rapide pour ne pas s'endormir entre chaque tour, voire même de désactiver les vidéos des cartes personnages si vous les connaissez par coeur. Par contre, on regrette que l'annulation d'un mouvement ramène encore au tout début du déplacement, alors qu'on aurait bien aimé pouvoir revenir en arrière case par case. Dans le même ordre d'idées, le fait d'effectuer une sauvegarde temporaire nous renvoie systématiquement à l'écran titre, la sauvegarde réelle n'étant possible qu'entre chaque mission.
Sans rentrer dans les détails, sachez qu'en plus des anciens types de cartes, de nouveaux font leur apparition. C'est le cas des cartes pièges qui permettent de saboter certaines cases sur le terrain, et des cartes de liaison qui déclenchent divers effets de manière automatique. Par ailleurs, il n'est plus indispensable de retenir les types de munitions propres aux armes à équiper, puisqu'un message nous indique maintenant si la carte utilisée va remplacer ou recharger l'arme sélectionnée dans l'inventaire. On passera vite sur les affrontements à plusieurs et la possibilité de transférer des images et autres bonus à partir de Metal Gear Solid 3 Subsistence, pour évoquer l'apparition d'un mode Arène dans lequel on peut carrément affronter les boss des anciens opus, comme Liquid Snake ou Vamp. Voilà bien le genre de choses qui va faire extrêmement plaisir aux fans.
Si le premier Metal Gear Acid n'avait pas totalement convaincu l'ensemble des joueurs, pas seulement à cause de son concept mais aussi pour ses faiblesses de gameplay, cette suite devrait suivre le même chemin. Même si le titre corrige quelques erreurs passées et se veut plus accessible, il ne convainc pas totalement et se révèle encore une fois trop court en termes de durée de vie. On ne dénombre en effet qu'une douzaine de missions qui, même si elles sont parfois scindées en plusieurs parties, se terminent trop rapidement. De plus, il vaut mieux éviter le mode Facile pour ne pas avancer trop rapidement. En somme, à l'instar du Seigneur des Anneaux Tactics sur PSP, ce nouveau Metal Gear Acid accuse sa volonté de s'adresser à un large public, ce qui décevra forcément les inconditionnels de tactical. A l'inverse, ce titre aura au moins le mérite d'être accessible à tous ceux qui apprécient l'univers de Metal Gear, du moment qu'ils ne sont pas complètement réfractaires au tour par tour.
- Graphismes15/20
Après le choc du nouveau style graphique, on se rend compte que la qualité visuelle du titre est indéniable. Chaque action est parfaitement mise en valeur à grands renforts de mouvements de caméra, et les effets d'explosion sont bien rendus. Dommage que tout ça se fasse au détriment de la lisibilité du jeu.
- Jouabilité13/20
Peu de choses ont évolué au niveau du gameplay, et même si les quelques changements sont appréciables, le tout reste encore très perfectible. La gestion des angles de vue est toujours délicate et les possibilités tactiques sont limitées par la relative facilité du jeu.
- Durée de vie13/20
Le soft comporte douze environnements principaux à traverser, et les missions ne sont pas vraiment plus nombreuses que dans le premier volet. On dénombre quand même 500 cartes à récupérer dans cette version, contre 200 seulement dans le premier opus, ainsi que l'introduction d'un mode Arène qui permet d'affronter les boss de la série.
- Bande son14/20
Toujours pas de doublage mais des musiques bien dans l'esprit de Metal Gear. La bande-son est quand même loin d'être aussi marquante que celle des épisodes "Solid".
- Scénario14/20
Peut-être moins tortueux que celui du volet précédent, le scénario de Metal Gear Acid 2 n'en joue pas moins avec nos nerfs en multipliant les personnages aux desseins qui s'entrecroisent. Comme d'habitude, Snake est toujours celui qui en sait le moins long sur cette affaire.
Si comme moi vous aviez plutôt bien accroché au premier Metal Gear Acid en dépit de ses défauts, vous replongerez sans problème dans ce nouvel opus. Les améliorations apportées ne sont pas légion, mais le côté abordable de ce titre en fait un tactical accessible à tous ceux qui apprécient l'univers de Metal Gear.