Seule série dans le grand éventail vidéoludique à proposer le savant métier de chasseur de singes futuriste, Ape Escape réjouit à chacune de ses apparitions, parvenant à innover et à proposer sans cesse des améliorations de contenus. C'est donc avec un grand plaisir que l'on accueille cette version PSP pleine de macaques et de gibbons correctement velus. Et pourtant, Sony nous réserve une bien mauvaise surprise dont il a le secret. En effet, cet épisode n'est pas vraiment ce que l'on pourrait appeler une surprise, voyez donc.
Semblant s'accrocher à la ligne de conduite de la majorité des sorties PSP ces temps-ci, Ape Escape : On The Loose n'est autre que le portage, voire le copier-coller assez bête du premier opus sorti sur PSone à l'époque. Soit Sony souhaite montrer au monde que la PSP est assez puissante pour faire tourner des jeux datant de sept ou huit ans, soit nous sommes devant un vieux coup de Trafalgar, bien commercial. Dans les deux cas, et même si vous serez sûrement assez heureux de découvrir ou redécouvrir le monde coloré et enfantin propre à ce titre simiesque, il est facile de se sentir floué en tant que joueur, surtout après la vision d'un Ape Escape 3 plutôt réussi. Néanmoins, les plus ronchons seront heureux d'apprendre que le jeu en l'état possède une qualité graphique améliorée, notamment au niveau de la modélisation des personnages et de la finesse des décors. Mais de là à s'en réjouir complètement il y a un pas que peu franchiront. Laissant libre cours à une animation très correcte et à des mimiques faciales assez amusantes et diversifiées, le jeu conserve cette vie qui a fait sa renommée, doublée d'un humour omniprésent, que ce soit au niveau des choix visuels ou des précisions disséminées ici et là. Les informations concernant les singes récupérées à l'aide du radar sont d'ailleurs emblématiques de ce souci humoristique flagrant. Chaque chimpanzé s'est vu confier une vie particulière et semble l'illustrer de fort belle manière. Vous dénicherez par exemple l'un d'eux décrit comme un pilote de soucoupe volante amateur, qui s'empressera de monter dans son engin dès que vous tenterez de l'approcher, et ce en pleine forêt. Un délire constant qui aide grandement dans l'immersion, ne pouvant pas vraiment s'appuyer sur un gameplay irréprochable.
Transfuge direct de la version Playstation de 1999, le squelette d'Ape Escape en conserve pratiquement tous les défauts sans chercher d'autres solutions que celle obligatoires. En effet, se jouant à l'époque par le biais des deux sticks analogiques de la célèbre Dual Shock, le soft se trouva bien dépourvu lorsque la PSP fut venue. Une raison suffisante pour que le gameplay soit repensé, voire simplifié, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose étant donné les quelques crises de nerfs consécutives aux mouvements assez chaotiques de l'opus dédié aux consoles de salon. Dans les grandes lignes, il vous suffit désormais de presser une seule touche pour utiliser l'un ou l'autre de vos gadgets. Préalablement affiliés à trois boutons distincts, ces instruments peuvent donc être mis à votre profit à n'importe quel moment et de manière intuitive, sans passer par les habituels balancements du joystick retranscrivant le déplacement de votre "arme". De fait, il est bien plus agréable de mener un combat de front contre un singe, rendant le tout un peu plus "arcade". Malheureusement, cette euphorie passe bien vite devant les immenses problèmes de caméra qui perforent le soft et une construction générale assez chaotique.
Basé essentiellement sur l'approche furtive d'animaux "intelligents", le titre de Sony perd cette bonne idée de départ dans un flot de contradictions relativement graves. En effet, comment arguer sérieusement la présence de deux types de gameplay lorsque la capture par surprise est rendue impossible dans plus de la moitié des cas à cause d'une caméra alcoolique ne parvenant pas à vous suivre malgré tous vos efforts. Vous pouvez effectivement la recadrer juste derrière-vous dans l'absolu, mais le processus, lent au demeurant, ne se fait pas toujours complètement et il n'est pas rare que le point de vue se décale rapidement n'importe où, à peine remis en place. Un problème de taille, suivant de près une mauvaise gestion de certaines phases, notamment un passage éprouvant, vous mettant face à un macaque pouvant activer un ventilateur dès qu'il vous voit pour vous repousser. Une idée sympathique, qui se transforme en calvaire lorsqu'on s'aperçoit que le cône de vision de votre opposant est indécelable, totalement arbitraire et surtout clairement gadget. On passe donc son temps à tenter d'avancer péniblement, par petites touches de pure chance, avant de se faire éjecter violemment parce que monsieur le chimpanzé possède un chemin de ronde précalculé qui passe justement sur le switch activant le souffle. Une preuve de détails importants laissés en friche, empêchant de vraiment profiter du jeu.
Pourquoi ne pas avoir poussé le concept au bout et implémenté une manière fiable de progresser à couvert, associée à un remaniement de scripts datés ? Personne n'aura la réponse. Pourtant, et malgré tout cela, Ape Escape : On The Loose conserve un certain charme suranné qui nous pousse un peu malgré nous à replonger dans les lacs préhistoriques et à fouiller intensément des temples abandonnés dans une certaine nostalgie. De plus, il est toujours agréable de s'imprégner de cet univers coloré et sucré véhiculant un côté très chaleureux. Il est donc dommage de ne pas avoir tenu compte des forces du soft et de l'avoir plongé sous des amas de lacunes qui l'empêche clairement de s'imposer sur une console où il n'avait pourtant aucun concurrent direct. Un coup dans l'eau qui va donner l'occasion au vieux singe de faire la grimace.
- Graphismes12/20
Relativement joli, le jeu profite des capacités de la PSP et surpasse son vénérable ancêtre en proposant des décors mieux finalisés ainsi que des personnages modélisés avec un soin renouvelé. Néanmoins, les nombreux bugs graphiques et la profondeur de champ minime empêchent le soft de vraiment s'émanciper, tout en donnant un aspect non fini au produit, ce qui se révèle assez dommageable. Saluons tout de même un travail sur le design de grande qualité.
- Jouabilité11/20
Tentant de remédier au côté un peu problématique du gameplay déjà coupable sur les derniers opus en date, cet épisode PSP allège le système de capture en lui-même, mais bute sur l'enrobage. En effet, le centrage de la caméra est des plus fatiguant, l'obligation de presser la touche R associée à une, voire deux autres selon les situations fait clairement mal aux doigts, et le stick reste définitivement trop sensible pour espérer diriger correctement notre héros. Dommage.
- Durée de vie15/20
Proposant un nombre de destinations assez imposant, Ape Escape se pare en plus de la présence de mini-jeux sympathiques augmentant la durée de vie du soft. D'autre part, le fait que les stages soient assez complexes, demandant parfois de longues minutes d'observation avant de comprendre le fonctionnement de certains mécanismes joue en faveur du titre de Sony. Si vous désirez de plus saisir l'ensemble des macaques, ou participer aux petits jeux "en ligne", préparez-vous à de longues heures de recherche.
- Bande son14/20
Les compositions à tendance éléctro, voire jungle de cet Ape Escape : On The Loose surprennent souvent par leur originalité et quelques fois par leur qualité propre, posant une ambiance spéciale mais idéale pour le jeu. Néanmoins, elles ont tendance à rapidement tourner en boucle. Les voix anglaises sont convaincantes, sans toutefois égaler les cris de stupeur des singes.
- Scénario/
-
Sentant quelque peu le réchauffé, cette version PSP du légendaire Ape Escape promettait grandement sur le papier, mais se révèle sans véritable saveur une fois dans l'arène. Réutilisant mot pour mot les rouages de son ancêtre, le titre de Sony ne parvient pas à innover et se contente d'arranger quelque peu sa forme. Possédant également de cruelles lacunes de gameplay, le soft n'en est pas mauvais pour autant. Exposant un univers enchanteur, des phases variées et une vraie inventivité dans la progression, cette version rappellera des bons souvenirs aux habitués, mais n'ira pas plus loin.