Qui aurait pu prédire que Rampage, en provenance directe des années 80, tenterait un come-back en ce début de 21ème siècle ? A ce titre, on peut donc se demander ce qui a poussé Midway à remettre ce classique au goût du jour. Certainement pas le pitoyable Godzilla de Roland Emmerich sorti il y a belle lurette. Alors quoi ? Le King Kong de Peter Jackson ? La déferlante nostalgique qui sévit depuis peu chez chaque éditeur désireux de refourguer leurs anciennes licences afin de ramasser le pactole à moindres frais ? Sans doute, mais encore faut-il se demander si un concept vieux d'une quinzaine d'années a encore sa place sur le marché actuel. La réponse semble toute trouvée quand on s'essaye à Rampage Total Destruction.
On a bien du mal à imaginer qu'un jeu tout entier puisse reposer sur des monstres géants et des niveaux constitués d'un seul écran remplis d'éléments destructibles, et pourtant. En fait, on pourrait presque qualifier Rampage de premier jeu antistress, tant le concept, simpliste et basique, fait la part belle à notre instinct animal. Le pitch de départ est donc d'une simplicité effrayante : le joueur incarne un animal géant (un humain transformé pour être exact) et doit détruire des quartiers entiers d'une ville en un temps donné, point final. A cela, on pourra ajouter quelques bonus à récolter pour augmenter sa puissance mais dans l'absolu, c'est bel et bien le déferlement de rage, de fureur et de cris qui englobe cette production Midway. On a beau rester dubitatif devant un tel principe, force est de constater que ce soft a obtenu ses lettres de noblesse à l'époque sur plusieurs supports donc l'arcade, l'Amiga ou bien encore la Nintendo 64. Maintenant, faisons preuve de lucidité sans vouloir nécessairement expliquer les raisons de ce succès. Si Rampage a aujourd'hui droit à un dépoussiérage, incluant des graphismes revus à la hausse ou davantage de monstres à incarner, on est tenté de dire que ce genre de titre n'a plus vraiment sa place tant l'intérêt s'amenuise à mesure qu'on enchaîne les stages entièrement basés sur le même principe sécrétant une difficulté de plus en plus importante. On aura beau nous rajouter des modes redondants à mourir ou du Multijoueur, difficile de se montrer enthousiaste malgré tout.
Mais alors que reste-t'il à ce Rampage Total Destruction ? Eh bien, pour ceux qui connaissent le jeu original, qui est également inclus dans la galette avec en prime la version World Tour, sachez qu'on y trouve bien plus de grosses bêbêtes à incarner. On en dénombre pas moins de 30 dont l'inévitable George, l'erzatz de King Kong tendance cartoon. Chaque créature disposant de 4 techniques spécifiques, vous devrez relever de petits défis, propres à chaque niveau, pour débloquer ces fameux coups. Ensuite, ce sera à vous de choisir entre les modes Campagne, Maître du monde, Maître de la ville ou Time Attack. Signalons que la plupart des modes pourront être joués à deux voire trois joueurs, le but étant alors de détruire plus d'éléments que son voisin en un temps donné. Et justement, tout vous poussera dans Rampage à marteler les boutons de votre pad afin de détruire des buildings, de dévorer des humains, de balancer des véhicules, etc. Au final, on a un peu de mal à rentrer dans le jeu vu que ce dernier montre ses limites après cinq ou six niveaux. On touche d'ailleurs un des points faibles du titre qui n'arrive jamais à relancer l'intérêt à cause d'une construction maladroite.
En effet, évoluer dans une dizaine de niveaux liés à un même environnement a de quoi agacer. Certes, les lieux diffèrent quelque peu mais le thème reste le même. Et vu que le jeu s'articule simplement autour de 7 univers graphiques (Las Vegas, San Francisco, Londres, Chicago, Hong-Kong...), on souffre un peu en avançant. Ce qui est le plus amusant est de constater qu'au-delà du fossé graphique entre les originaux et ce "remake", rien n'a évolué à commencer par le plan horizontal dans lequel tout se déroule. On peut bien s'enfoncer légèrement dans le fond de l'écran pour démolir des immeubles en arrière-plan mais c'est anecdotique. Bien entendu, ce manque de profondeur (dans tous les sens du terme) fait partie intégrante de l'univers de Rampage mais on aurait bien aimé se rendre compte de ce qu'aurait pu donner le résultat dans un univers en 3D... Godzilla : Destroy All Monsters Melee ? Oui effectivement, autant rester sur un plan 2D dans ce cas. Quoi qu'il en soit, Rampage Total Destruction ne cherche pas vraiment à revenir sur ce qui avait été fait dans Rampage ou Rampage World Tour. Le résultat n'est donc pas vraiment surprenant, tout comme l'ennui qui s'installe de lui-même à mesure que les immeubles s'écroulent sous nos coups. Défoulant, oui, touchant, pourquoi pas, mais avant tout très lassant.
- Graphismes11/20
Les niveaux sont aussi minuscules que ceux des jeux originaux mais on notera tout de même quelques effets spéciaux (de poussière, de particules, de lumière) assez réussis. Les 7 environnements du jeu sont variés mais les niveaux qui les composent tombent vite dans le piège de la redondance. Enfin, la trentaine de monstres qui compose le bestiaire permet de diriger des créatures très différentes qui sont autant d'hommages à King Kong, Godzilla ou aux films fantastiques des années 60.
- Jouabilité13/20
Bien que la jouabilité repose entièrement sur trois types d'actions (saut, coup de pied, coup de poing) on peut débloquer quelques mouvements supplémentaires, propres à chaque créature, afin de varier les phases de destruction. Dommage que ce ne soit pas vraiment suffisant pour relancer l'intérêt qui fond comme neige au soleil.
- Durée de vie11/20
Le mode Campagne se termine assez rapidement malgré la difficulté progressive mais encore faut-il adhérer au concept redondant du titre. Le jeu à deux ou trois joueurs reste plus intéressant mais on sent bien que les développeurs ont inclus des modes supplémentaires à l'intérêt superficiel qui sont juste là pour faire beau.
- Bande son13/20
Le doublage américain, typé cartoon, est d'un bon niveau, les musiques sont en retrait et laissent la place à plusieurs digits vocales de monstres en furie pour une atmosphère de panique bien rendue. Pas grand-chose d'autre à signaler si ce n'est quelques sirènes de voitures de police, des passants vociférant leur haine pour des monstres de 30 mètres de haut ou des hélicoptères de chaîne télévisée essayant de choper le scoop du siècle
- Scénario/
Bien que Rampage m'ait laissé un agréable souvenir, ce remake n'a pas eu le même effet sur ma personne. Vite redondant, limité et poussif dans sa progression, Rampage Total Destruction n'a pas beaucoup de points positifs à présenter pour sa défense. Le côté nostalgique de l'ensemble n'étant pas vraiment suffisant pour pousser les papys du jeu vidéo à acquérir ce titre, je ne vois pas vraiment qui pourrait être intéressé par un soft se résumant à casser du béton pendant 8 heures d'affilée.