Comptant parmi les rares séries de jeux vidéo à avoir échappé miraculeusement aux foudres de la 3D, Final Fight restera, dans le coeur des nostalgiques, l'un des fleurons du beat'em all arcade des années 90. Une époque désormais révolue puisque Capcom n'a pas résisté, finalement, à faire subir à Final Fight un lifting 3D assez destructeur. Bien mal leur en a pris.
Se lancer dans une partie de Final Fight : Streetwise, c'est d'abord accepter de fouler du pied toutes les valeurs morales que l'on peut avoir pour adopter la philosophie de la haine et de la violence. Vous incarnez Kyle Travers, un combattant clandestin qui ne vit que pour tabasser son prochain dans le but de gagner le respect de ses concitoyens. Parce que son frère aîné Cody, bien connu des amateurs de la série, n'est plus le héros invincible qu'il était autrefois, Kyle va devoir payer de sa personne pour préserver le nom de sa famille du mépris des gangs rivaux. Si la perspective d'arracher le titre de "roi du ghetto" au prix de nombreuses bagarres vous interpelle, sachez que la visite commence par un règlement de compte tout ce qu'il y a de plus illégal sur le ring miteux de Metro City.
Vaguement construit sur le modèle d'un GTA-like, Final Fight : Streetwise propose une progression relativement libre, assez éloignée finalement du beat'em all linéaire et dirigiste auquel on pouvait s'attendre. Lâché dans les rues malfamées de Metro City, vous êtes libre de vous balader où vous voulez entre les différents quartiers et de partir en quête de missions diverses en interrogeant les voyous et autres miséreux qui errent sans autre but que de chercher la bagarre. Un regard de travers suffit pour générer une émeute, la plupart du temps vous seul contre tous les autres. Dès lors, vous avez le champ libre pour massacrer tout ce joli monde à coups de poings, ou plus violemment en recourant à des armes. A l'instar du jeu original, il suffit en effet de se baisser pour ramasser un couteau ou une batte de base-ball afin de s'en servir contre ses adversaires pour un maximum d'efficacité. Mais si la sauvagerie est à son comble, le résultat est tellement approximatif qu'il prête plus à sourire qu'à effrayer les âmes sensibles.
Avec son langage grossier omniprésent et sa violence purement gratuite, Final Fight : Streetwise ne peut prétendre figurer dans la ludothèque des moins de 18 ans. Pour autant, les autres n'ont pas vraiment de raison de se réjouir dans la mesure où le soft ne brille pas par ses qualités. En plus d'être réalisé de façon sommaire, le titre accumule les problèmes de gameplay, notamment durant les phases de combat qui constituent l'essentiel du jeu. Leur côté bourrin et approximatif rend ces affrontements insipides, et ce n'est pas la possibilité d'acquérir de nouveaux enchaînements de coups qui suffit à changer la donne. La caméra bancale s'acharne à nous mettre des bâtons dans les roues, et on passe les trois quarts du temps le nez par terre à chercher les miettes de pizza pour récupérer de la vie. Trop peu nombreuses, les armes ne rendent pas les batailles plus subtiles, et les décors auraient gagné à proposer davantage d'interactions possibles. En fait, la seule originalité réside dans la présence d'une jauge d'instinct dans laquelle on peut puiser pour décupler l'efficacité de ses coups. Avouez que c'est un peu léger.
Dans les rues de Metro City, les rares personnes qui n'en veulent pas à votre vie en ont après votre argent. La plupart vous proposeront, en effet, de participer à des mini-jeux assez particuliers, où vous devrez par exemple démolir un camion ou piétiner des cafards en un temps record. Des épreuves un peu plus traditionnelles vous attendent également, comme le lancer de fléchettes ou le bras de fer, mais il faudra sacrifier une certaine somme d'argent pour y participer. Cet argent, vous pourrez à l'inverse le consacrer à l'achat de nouvelles musiques d'ambiance ou le conserver pour acquérir de nouveaux coups. Dans tous les cas, on finit vite par tourner en rond dans ce jeu où les missions se ressemblent toutes et où la notion de respect est détournée au profit d'une violence primaire et gratuite. Si le mode scénarisé vous lasse, vous devrez vous rabattre sur le mode Arcade qui renvoie davantage à du beat'em all pur et simple et où l'on peut choisir son personnage parmi les figures emblématiques de la série. Pas très compliquée à débloquer, la version originale de Final Fight arcade ne ravira que les plus nostalgiques, mais elle a néanmoins le mérite d'être présente. En définitive, on se rend compte que ce passage à la 3D ne réussit pas du tout à Final Fight, ce qui risque de faire hurler les fans en dépit des nombreux clins d'oeil relatifs à la série qui sont disséminés dans le jeu. Capcom aurait certainement mieux fait de s'abstenir.
- Graphismes7/20
Les textures sommaires et les animations saccadées ne mettent pas vraiment en valeur la réalisation du titre. Si les effets sont plutôt discrets, ce n'est pas le cas des indications relatives au score qui se révèlent beaucoup trop envahissantes.
- Jouabilité6/20
Les combats sont sabotés par un gameplay approximatif et bourrin qui écoeure vite par son manque de finesse. Les missions manquent de clarté et la 3D n'apporte rien de positif à la série.
- Durée de vie7/20
La liberté apparente ne sert qu'à dissimuler la faible durée de vie du titre dans son mode principal. Que vous y jouiez seul ou en duo, les parties que vous ferez en mode Arcade ne feront pas remonter le soft dans votre estime.
- Bande son10/20
Il est appréciable de pouvoir choisir les musiques et d'en changer à n'importe quel moment, mais encore faut-il les trouver à son goût.
- Scénario6/20
La sombre histoire de règlements de comptes entre gangs passe au second plan, bien loin derrière les scènes de baston. De toute façon, l'ambiance et le langage utilisés sont peu recommandables.
Comme bien d'autres titres ayant connu leur heure de gloire dans les années 90, Final Fight perd beaucoup de son charme en passant le cap de la 3D. Le jeu fait les frais d'une réalisation bâclée et surtout d'un gameplay totalement insipide qui ne peut en aucun cas rivaliser avec la concurrence.