Quelque temps après la performance honorable de l'Entraîneur 2006 sur PC et la déception de Football Manager 2006 sur PSP, le titre d'Eidos a une vraie carte à jouer sur la console portable de Sony. La saison 2005-2006 touchant à sa fin, il est donc indispensable à ce titre de pouvoir miser sur de nombreux points forts autres qu'une riche base de données qui sera partiellement désuète dans quelques mois.
A la manière de deux coachs se livrant une bataille tactique à coups de remplacements ou de replacements de joueurs dans une partie ultra serrée, les éditeurs de jeux de management qui se tiraient la bourre sur PC remettent ça sur PSP, dans l'espoir de convaincre les joueurs consoles ou ne disposant pas d'une machine suffisamment puissante pour gérer les nombreuses données d'un tel genre de titre. C'est donc un public un peu plus restreint mais tout aussi passionné qui est visé par ces versions "simplifiées" des références PC et il est donc nécessaire pour chacun de se battre avec les meilleures armes possibles. Si Sega et son Football Manager Handheld sont quelque peu passés à côté de leur sujet en sabotant volontairement le contenu simulé par la portable, Eidos semble obligé de rendre une copie le plus proche possible de l'opus PC pour espérer prendre le dessus de son concurrent direct, faute de quoi, il perdra la seconde manche.
Première bonne surprise, le nombre de championnats proposés ici est plutôt satisfaisant avec 12 ligues (Allemagne, Angleterre, Argentine, Brésil, Danemark, Ecosse, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal et Suède) au total, soit le double de Football Manager Handheld et surtout 50 % de son homologue PC (contre 10 % pour FM). Malheureusement, le traitement des données de la PSP ne permet pour l'instant pas de sélectionner plusieurs championnats à la fois lors d'une même partie, ce qui rebutera les amateurs du genre, se prenant pour des globe-trotteurs qui aiment être dépaysés par le changement de règlements, de calendrier ou de joueurs tout simplement, éprouvés lors d'une mutation à l'étranger, forcée ou non. Il est cependant agréable de constater que la totalité des divisions inférieures jouables sur PC ont été reconduites ici, limitant l'impression que l'on a d'être sevré d'une base complète nécessaire à la longévité d'une partie. Enfin, pour en terminer avec la durée de vie qui s'avère donc tout à fait correcte sans atteindre un niveau incroyable, sachez qu'aucun mode multijoueur n'a été prévu. Cela est en quelque sorte remplacé par la présence d'un mode défi vous proposant de remplir quatre types de missions différents : jouer le maintien d'une équipe sur un seul et unique match dans lequel le perdant est relégué en division inférieure, faire monter une équipe en moins de deux ans, remporter le championnat ou mener un club de milieu de tableau à une victoire dans une coupe continentale en moins de quatre saisons. Un aspect plutôt sympa.
Malgré tout, le titre souffre d'un certain nombre de maux qui lui sont préjudiciables. Le premier d'entre eux est certainement l'absence d'historique dans les fiches de nombreux joueurs qui ne permet pas de juger la valeur de nos futures recrues et leur évolution depuis le début de leur carrière. Le second est l'improbabilité de certaines données (Frédéric Piquionne sélectionné en équipe d'Afghanistan, Strasbourg renommé en Montevideo pour ne citer que ces exemples) et la localisation française qui est largement à revoir, ces points enlèvent une bonne partie de la crédibilité du titre qui devient risible par moment. En plus de cela, il est assez compliqué de trouver un véritable intérêt à la modélisation des rencontres en 2D puisque les options et les paramètres dont on dispose ne sont pas bien ajustés pour nous permettre de suivre la rencontre sans s'ennuyer ou sans passer à côté de phases de jeu importantes. Il aurait fallu que l'on puisse avoir une sorte de résumé des moments forts basculant alors sur la vue du terrain pour nous éviter d'avoir à suivre le match dans son intégralité et en vitesse rapide. Déjà moyenne sur PC, la retransmission des matchs sur PSP est passablement manquée.
Pourtant, il est un point sur lequel L'Entraîneur 2006 surprend agréablement : l'ergonomie des menus. Ceux-ci sont en général un véritable calvaire, bordéliques au possible et nuisibles à la jouabilité. Dans cette version, il n'en est rien. D'un côté, on dispose d'une sorte de tutorial qui se prolonge dans le temps avec l'apparition dans les messages de conseils d'utilisation bienvenus. D'un autre côté, on peut à tout moment consulter la liste des commandes rapides qui servent à naviguer plus vite d'un onglet à l'autre et d'un tableau à l'autre, sans pour autant perdre les écrans que l'on était en train de zieuter. Tout se fait assez rapidement, utilisant judicieusement chacune des touches de la PSP, nous évitant de chercher des heures certaines informations. C'est là un argument de poids car nombre d'amateurs de jeux de gestion ont rapidement abandonné sur consoles à cause d'une navigation catastrophique où tout s'entasse sans véritable cohérence. Pour le reste, la progression reste très proche de celle constatée dans la mouture PC, l'adaptation ayant été plutôt réussie, ce qui s'avérera d'ailleurs salvateur pour l'Entraîneur 2006.
- Graphismes13/20
De bons yeux sont exigés pour jouer plus d'une demi-heure sans avoir un début de conjonctivite. Les textes sont en effet assez petits mais c'est au final un mal pour un bien puisque l'interface est claire et aérée. Bien qu'elle n'apporte pas grand-chose, on note une modélisation en 2D des rencontres (le Subbuteo du PC ayant cédé sa place aux traditionnels pions) qui substituera les commentaires, lassants à la longue.
- Jouabilité15/20
On trouve rapidement ses marques. Les boutons L et R sont une nouvelle fois mis à contribution, à juste titre, et le bouton select permet d'accéder à l'onglet principal (qui est judicieusement caché par défaut). Enfin, notez que le classement des informations est très cohérent.
- Durée de vie12/20
Douze championnats, ce n'est pas le Pérou mais c'est tout de même deux fois plus que Football Manager Handheld, d'autant que le continent sud-américain et le football européen nordique sont plutôt bien représentés. Malheureusement, on est vite pénalisé par l'impossibilité de ne pouvoir sélectionner plusieurs championnats à la fois.
- Bande son/
Une musique d'ambiance, quelques bruitages de menus et les traditionnels encouragements des supporters permettent à L'Entraîneur de prendre largement le dessus sur son concurrent direct à ce niveau-là.
- Scénario/
Finalement, en tenant compte des possibilités restreintes (en terme de mémoire principalement) offertes par la PSP, de l'absence de souris et d'un écran ne se prêtant pas à ce type de jeu, cet opus est aussi bon sur la console de Sony que sur PC. Bien évidemment, les possesseurs des deux supports seront sommés d'opter pour la version PC mais les autres trouveront en l'Entraîneur 2006 un titre correct qui dépasse quasiment en tous points son adversaire direct.