Dans la lignée des jeux qui changent de nom pour des raisons obscures, Street Riders réussit une belle performance. Possédant l'appellation d'origine contrôlée 187 Ride Or Die, le titre d'Ubisoft est en effet l'adaptation directe des opus parus sur console de salon. Pourquoi tenter de cacher la vérité ? Personne ne le sait vraiment. Sans doute l'humanité aura un jour la réponse à ce sombre mystère. Pour l'instant concentrons-nous sur ce cocktail de voitures modifiées, d'explosions et de gros bras qui se croient charismatiques. On impose tout de suite plus de respect avec un fusil à pompe comme dit Buck.
C'est bien connu, les chefs de gangs ne sont vraiment pas des plus conciliants et s'avèrent soumis à un stress incessant. C'est sans doute pour ces raisons que Dupree charge son homme de confiance, le bien nommé Buck, d'une mission de la plus haute importance. Il faut impérativement éliminer Cortez, un leader de la pègre mexicaine, avant que ce dernier n'empiète totalement sur le territoire de votre patron. Dans cet emploi à haut risque, le seul salaire que vous empocherez sera d'avoir la vie sauve, face à un employeur prêt à éliminer tous les témoins en cas d'échec. Une situation pas vraiment confortable donc, qui donne à réfléchir sur les échappatoires possibles et surtout sur la faiblesse du scénario. Evidemment, ce type de soft n'appelle pas vraiment un scénario fouillé, souvent considéré comme un simple prétexte, mais il est toutefois amusant de se rendre compte que ce dernier est tout de même et malheureusement mis en avant, par le biais de scènes cinématiques de grande qualité. Car s'il y a bien une chose que l'on ne peut pas reprocher à Street Riders, c'est bien sa réalisation graphique. Faisant partie des jeux de courses les plus réussis techniquement sur la console portable de Sony, le titre d'Ubisoft se permet d'afficher des explosions nombreuses et crédibles ainsi que des décors relativement fouillés sans supporter le moindre ralentissement. Une performance qui va de pair avec une modélisation des véhicules assez fine, renvoyant quelque peu à ce qui avait été effectué dans le cas de Need For Speed Underground Rivals. De fait, l'immersion dans cet univers de métal et de gasoil se fait rapidement, laissant le joueur libre d'admirer les différents environnements sans craindre un clipping abusif. Néanmoins, les défauts surgissent là où on ne les attendait pas.
Lors de vos premières courses, vous ressentirez une certaine joie, consécutive à l'ambiance complètement explosive se dégageant du soft. Placé dans une voiture, allant de la sportive au 4X4 en passant par des engins plus "conventionnels", votre but premier sera la plupart du temps de vous débarrasser de vos concurrents avec quelques variantes suivant le type de mission. Sortant fièrement de l'habitacle l'arme au poing, vous devrez en effet parvenir à gérer simultanément une conduite souple et précise ainsi qu'une agressivité sauvage par le biais de l'un de vos nombreux outils offensifs. Une idée somme toute divertissante, déposant un large voile arcade sur le titre dont les aspirations ne décollent pas bien haut. Néanmoins, ce n'est pas ce qu'on lui demande, souhaitant simplement se défouler sur un jeu alliant un fun immédiat et un gameplay à la hauteur de ce qui nous est jeté aux yeux en début de partie. Un contrat qui réussit durant un certain temps, mais qui s'essouffle rapidement au bout de quelques heures de jeu. Pourtant tout semblait être fait pour éviter ce désagrément. Premièrement, vous avez le choix entre différents types d'épreuves, allant de la protection d'un grand ponte jusqu'à des combats en arènes, en passant par des contre-la-montre carnassiers. Toutes ancrées dans une optique de conservation du territoire, ces dernières reposent malheureusement sur des schémas similaires, se résument la plupart du temps à tirer comme un possédé sur des hordes de voitures immortelles. Car détruire la "monture" de l'un de vos opposants à l'aide d'une mine le ralentit mais ne l'élimine pas. De fait, on se trouve devant une sorte de Mario Kart gangsta essayant de le cacher. Une référence louable mais qui ne fait pas barrière ici à un côté répétitif envahissant. Vous aurez l'impression tenace de vous retrouver sempiternellement dans des situations identiques répondant à une sorte de feuille de route trop précise et un peu morose.
Ensuite, si vous avez accès à de nombreux modèles de bolides survitaminés, que vous débloquez au gré de vos victoires en course, la différence de prise en main entre chacun d'entre eux n'est pas vraiment des plus probantes. Certes la motricité n'est pas la même entre un 4x4 et un coupé sport, mais au final on fonctionne constamment sur une même ligne de conduite, basée sur les dérapages et la prise de risque suivie d'une utilisation du boost. Il est vraiment dommage de ne pas sentir le besoin d'adapter son pilotage selon le gabarit. Et comme si cela ne suffisait pas, les contrôles inhérents à cette version PSP s'avèrent problématiques, notamment dans le placement des touches. De fait, même si vous avez le choix entre deux dispositions différentes, il vous sera difficile d'accrocher vraiment à l'une d'entre elles. Lorsque l'on sait que dans celle de base, vous devez presser simultanément la gâchette gauche, le bouton triangle et continuer de conduire en utilisant le stick afin de viser en arrière, vous imaginez la gymnastique. Surtout si vous décidez de freiner dans la foulée. Un détail pas forcément handicapant, mais qui en irritera sûrement certains. Mais le plus embêtant reste au final le manque de densité de l'ensemble. Car si on prend un plaisir loin d'être coupable durant quelques heures, on tombe ensuite dans une sorte de spirale en se demandant ce que l'on va bien pouvoir faire pour tromper ce cycle infernal. La seule solution reste alors le multi, agréable dans les faits, mais reprenant dans les grandes lignes les principes de jeu du mode solo. Au final, même si le titre se révèle amusant durant quelque temps, contenant certaines idées intéressantes (le vol d'arme en heurtant une voiture ennemie sur le côté par exemple), il souffre de son manque de renouvellement et de son fonctionnement trop éculé.
- Graphismes15/20
Vraiment réussi graphiquement, affichant des décors relativement fouillés et une vitesse d'animation grisante, Street Riders tient le haut du pavé dans le registre des courses automobiles sur PSP. La seule chose que l'on pourrait lui reprocher est d'avoir apporté un peu moins de soin sur les véhicules et de s'échiner à proposer des gros plans qui montrent tout de même les limites de modélisation du soft.
- Jouabilité12/20
Doté d'une prise en main instinctive et d'un modèle de conduite agréable, le titre d'Ubisoft diffuse dès le départ des sensations plutôt bonnes. Malheureusement, tout cela se gâte avec la découverte des diverses missions qui tendent à se répéter et qui n'offrent pas suffisamment d'intérêt sur le long terme pour convaincre. De plus, le manque de renouvellement ludique se fait cruellement sentir, et vous en aurez rapidement assez d'appréhender les situations de manière analogue. Restent de bonnes idées un peu noyées dans la masse.
- Durée de vie13/20
Comportant une soixantaine de missions, Street Riders vous tiendra en haleine assez longuement, si toutefois vous passez outre le côté grandement répétitif de l'ensemble. Basé sur un enchaînement d'épreuves plus ou moins longues suivant leur type, le soft vous propose en sus de participer à des courses immédiates, tirées directement du mode histoire. Enfin, vous pourrez défier jusqu'à huit amis dans des modes multi sympathiques mais sans réelle inventivité.
- Bande son13/20
Basée sur des morceaux rap, la bande-sonore de Street Riders se situe à des lieues de celles inhérentes aux softs EA. De fait, vous bénéficierez de compositions assez basiques, et même si certains thèmes ressortent quelque peu, mettant dans l'ambiance, vous pourrez aisément décrocher. Les effets sonores sont quant à eux convaincants et rendent bien compte de la violence des affrontements.
- Scénario/
-
Laissant au départ espérer de très bonnes choses, Street Riders se laisse néanmoins emporter dans une crise d'originalité et de renouvellement. Si le soft reste beau, diffusant quelques bonnes idées, il ne parvient pas à accrocher et sombre rapidement dans une certaine monotonie. Dynamique et plein de verve, il pourra certes séduire les véritables mordus d'ambiance gangsta et de belles voitures, mais laissera ceux cherchant un simple divertissement sur le bord de la route. Loin d'être totalement mauvais, le soft d'Ubisoft manque juste de maturité. Espérons qu'une suite rattrape ces erreurs.