Donjons et Dragons est une véritable institution en matière de jeu de rôle papier et les amateurs sont toujours heureux de constater que des RPG sur PC reprennent leur univers fétiche comme ce fut par exemple le cas avec les Baldur's Gate et autres Neverwinter Nights. Cette fois-ci, c'est le genre du MMORPG qui s'y colle avec Stormreach, qui réclame le paiement d'un abonnement d'une quinzaine d'euros par mois TTC (par carte bancaire uniquement). Le titre adopte les règles D&D 3.5 et la campagne Eberron, assez différente de celle des Royaumes Oubliés que l'on a plus l'habitude de voir adaptée sur nos PC.
Eberron, c'est un monde heroic fantasy où la magie tient un rôle omniprésent dans la vie de tous les jours et procure aux habitants l'énergie, les moyens de transport... Comportant son lot de nouvelles races et de nouvelles classes, ce monde s'inscrit dans un univers parallèle à celui des Royaumes Oubliés. Hélas, Stormreach ne fait qu'une utilisation très partielle des éléments de cet univers. Dès la création de son personnage, on s'aperçoit de grosses lacunes au niveau de ce qui est proposé. Il n'y a en tout et pour tout que 9 classes et 5 races, des chiffres nettement inférieurs au jeu papier. Les fans remarqueront l'absence des druides et des moines, mais surtout de la classe la plus originale introduite dans Eberron : les façonneurs, qui sont des sortes de sorciers bricoleurs capables de créer différents objets. Par voie de conséquence, il n'y a pas d'artisanat dans Stormreach. Dommage.
Pour ce qui est des races, c'est une véritable catastrophe puisque, comme nous l'avons dit, il n'y en a que cinq : les humains, les elfes, les nains, les halfelins et les forgeliers. Quid des gnomes, demi-elfes, demi-orcs, kalashtars, changelins et férals ? Ils brillent par leur absence... On ne peut donc qu'être très déçu des choix que l'on nous propose, surtout qu'on ressent quelques difficultés à personnaliser son apparence comme on le voudrait au vu des limitations du jeu qui ne comprend qu'un faible nombre de coiffures et de types de visages. Difficile dans ces conditions de s'attacher véritablement à son personnage. Bien évidemment, comme Stormreach reprend les règles D&D 3.5 on peut décider comme on le souhaite de ses statistiques (force, intelligence...) et aptitudes (spécialiste des armes tranchantes...). Dès que l'on arrive enfin dans le jeu lui-même on a peine à croire ce que l'on voit : les graphismes ne sont vraiment pas au mieux et restent très moyens tout au long de l'aventure. Décidément, le moteur 3D aurait mérité un meilleur traitement parce que sur ce plan, Dungeons & Dragons Online : Stormreach ne fait pas le poids face à la concurrence.
Inutile de se leurrer, sur le reste non plus ce n'est pas la joie. Déjà, le principe est contestable. En fait, il y a une ville dans laquelle vous pouvez rencontrer les autres joueurs et les PNJ qui vous donnent des quêtes. Ces dernières se résolvent dans des donjons instanciés accessibles essentiellement en franchissant des portes disséminées dans la cité. Une fois l'une de ces portes franchie, vous vous retrouvez dans un niveau personnel où vous ne pouvez croiser aucun autre joueur (hormis ceux qui font partie de votre groupe évidemment). Le système rappelle un peu celui de Guild Wars, à la différence essentielle que ce dernier au moins, ne réclame pas l'acquittement d'un abonnement mensuel. Les instances ont en effet le mérite d'économiser les serveurs qui n'ont pas à gérer d'énormes zones où tout un chacun peut interagir avec les autres joueurs. Dans Stormreach, on ressent donc beaucoup moins le plaisir de l'exploration et des rencontres que dans les autres MMORPG puisque les zones communes à tous les joueurs sont assez petites et surtout, sous-peuplées car tout le monde vaque à ses occupations dans ses propres donjons instanciés.
La collaboration est néanmoins essentielle puisqu'il est impossible d'atteindre le niveau maximal en jouant seul. Il vous faudra grouper si vous voulez progresser. Pour cela, on dispose d'une interface de recherches de joueurs qui nous montre les autres personnes de tel ou tel niveau, ou de telle ou telle classe. Gros défaut, dans un groupe (6 joueurs au maximum), vous ne pouvez pas partager une quête que vous avez dans votre journal avec vos camarades : pour l'amorcer, il faudra que chacun aille voir le PNJ concerné s'il veut l'activer et ainsi recevoir la récompense afférente pour son accomplissement. Pas très pratique. Une fois que vous aurez formé un groupe équilibré, vous pourrez vous aventurer dans les donjons. Ceux-ci ne sont pas jouables en solo pour une bonne et simple raison, c'est que la difficulté est réglée pour les groupes. Outre les monstres rencontrés qui sont parfois très coriaces, l'ouverture des portes réclame souvent un crochetage en règle, compétence dont seule une catégorie de personnages est pourvue. Les pièges eux aussi sont désamorçables seulement si vous avez un voleur avec vous. De même, beaucoup de leviers ne seront actionnables que si vous avez assez de force ou d'intelligence pour cela (tour à tour, ce sera un magicien ou un guerrier qui devra s'y coller).
Bref, inutile d'espérer jouer seul à Dungeons & Dragons Online : Stormreach ce qui constitue une différence de taille avec un titre comme City of Heroes, qui lui aussi contient beaucoup de zones instanciées, mais qui sont tout à fait praticables en solo. Guild Wars lui aussi se démarque et peut se jouer seul grâce à l'ingénieux système de mercenaires dirigés par l'ordinateur qui peuvent vous épauler si vous ne souhaitez pas former de groupe. Certains se disent certainement que tant pis, même s'ils n'arriveront pas à faire les donjons dans leur entier s'ils jouent en solo à Stormreach, ils n'en feront que le début et progresseront ainsi. Grossière erreur car l'expérience n'est gagnée qu'une fois que vous avez accompli une quête, donc lorsque vous avez parcouru tel ou tel donjon intégralement. En clair, même si vous tuez une dizaine de monstres dans les deux ou trois premières salles des égouts par exemple, vous ne gagnerez aucun point d'XP. Ces derniers ne sont donnés que quand la quête est terminée. Le niveau maximal du jeu est le niveau 10. C'est beaucoup moins que dans les autres MMORPG, mais il faut savoir que l'on progresse assez lentement et qu'il vous faudra donc beaucoup d'heures avant d'atteindre ce level.
Le plus gros grief que l'on pourrait faire au soft reste le nombre ridicule de missions qu'il propose : moins de 150 ! Bon d'accord, les développeurs ont prévu d'en rajouter périodiquement mais il ne faut pas s'attendre à des miracles. Certes, on peut les refaire plusieurs fois en variant le niveau de difficulté lorsqu'on entre dans une instance (normal, difficile ou élite) ce qui vous rapportera plus ou moins de points d'expérience et de trésors, mais le côté répétitif est bien présent et risque de vous faire rapidement lâcher ce jeu. Au final, on a du mal à trouver quelque chose de vraiment positif à Dungeons & Dragons Online : Stormreach. Son contenu faiblard et son côté répétitif sont ses plus gros défauts. Il lui reste seulement ses règles D&D 3.5 dont la qualité n'est plus à prouver, mais dont l'utilisation aurait pu être plus fidèle au jeu d'origine si les développeurs n'avaient pas omis certaines classes et races pourtant bien présentes dans la version papier d'Eberron.
- Graphismes12/20
Quand on vient de jouer à Everquest 2, comprenez que les graphismes de Stormreach ont de quoi choquer et ne sont techniquement pas à la hauteur des MMORPG modernes. Le design ne sauve même pas le jeu et s'avère être sans véritable personnalité contrairement à World of Warcraft et son côté cartoon qui a su convaincre nombre de joueurs.
- Jouabilité12/20
Rien de franchement novateur ni de particulièrement palpitant. Certes, les règles D&D 3.5 apportent un plus certain avec la présence entre autres de pièges, de sorts de terreurs, de cécité et obligent à avoir un groupe cohérent et équilibré. Hélas, l'interface n'est pas franchement un modèle du genre et on remarque de grosses lacunes comme l'absence de fonctionnalité de partage de quêtes.
- Durée de vie9/20
Les développeurs de chez Turbine sont vraiment des pingres. Au niveau des classes et des races, on remarque des absences de taille comparé au jeu de rôle papier. Qu'ont-ils fait des demi-orcs, gnomes, demi-elfes, kalashtars, changelins et férals ? Où sont donc les druides, les moines et les façonneurs ? Disparus ! De plus, le côté répétitif du jeu prend très vite le dessus à cause du système de donjons instanciés qui se suivent et se ressemblent. Et pour couronner le tout, il y a (pour l'instant) moins de 150 quêtes à accomplir ! Une véritable scandale pour un MMORPG payant.
- Bande son12/20
La présence d'un narrateur (qui raconte vos aventures pendant que vous jouez et rappelle celle d'un maître de jeu) est à la base une bonne idée, mais cela devient vite gavant car le doubleur n'est pas du tout convaincant. Rien de franchement bluffant non plus du côté des musiques et des effets sonores assez communs.
- Scénario10/20
Quelle honte de gâcher ainsi un univers aussi riche que celui d'Eberron ! L'histoire du jeu est minimaliste et on ne retrouve pas la richesse du background du jeu papier. C'est du combat, rien que du combat pour monter le plus vite possible sa jauge d'expérience. Les joueurs appréciant le roleplay seront certainement déçus.
Est-ce-que Dungeons & Dragons Online : Stormreach justifie de payer un abonnement tous les mois ? Eh bien la réponse est loin d'être un oui catégorique. En effet, le contenu laisse à désirer et est constitué quasi-exclusivement d'une suite de donjons instanciés qui finissent par tous se ressembler. Le plaisir de l'exploration est donc limité. En outre, la réalisation n'est pas au mieux et on aurait aimé avoir un plus grand choix de races et de classes. Ajoutez à cela qu'il n'y a ni PvP, ni artisanat, ni de quêtes pour soloter et vous comprendrez vite que le jeu n'a pas beaucoup d'atouts à faire valoir hormis les fameuses règles D&D 3.5.