Il y a déjà plus de six ans que The Longest Journey est sorti et sa suite est sur le point de débarquer. Adulé par les amateurs de jeux d'aventure ce titre est, il faut bien le dire, l'un des meilleurs du genre car il a su réellement allier une histoire intéressante, une bande-son de très haut niveau et surtout des personnages attachants auxquels le joueur n'avait aucun mal à s'identifier. Dreamfall compte bien reprendre ces ingrédients tout en innovant quelque peu. En effet, la 3D temps réel et les combats font leur apparition.
Etant un grand fan de The Longest Journey, je craignais beaucoup que la 3D et surtout l'inclusion de phases de combat et d'infiltration dans ce qui était l'un des meilleurs jeux d'aventure point & click ne ternissent un peu le tableau. Autant vous rassurer tout de suite pour ce qui est du premier point. Les graphismes sont très réussis et on a droit à des décors en 3D variés et jolis, quoiqu'un peu plus "froids" que les splendides plans fixes de The Longest Journey. En revanche, et comme on pouvait s'y attendre, la prise en main est nettement moins intuitive que dans ce dernier où il suffisait de cliquer là où l'on souhaitait se rendre. Plutôt typé console (une version Xbox de Dreamfall est d'ailleurs prévue), on a droit à un gameplay qui adopte une vue à la troisième personne avec un angle de caméra que vous pouvez faire tourner à volonté autour de votre personnage. Le jeu peut se contrôler aussi bien à la manette qu'avec le couple clavier-souris, le premier servant pour les déplacements alors que le mulot gère la caméra et les autres petites joyeusetés comme l'inventaire et l'observation des décors.
En effet, c'est en faisant un clic gauche que vous pourrez interagir avec les éléments qui vous entourent (ramasser des items, observer, ouvrir les portes...). Quant au clic droit, il fait apparaître ce que l'on pourrait qualifier de "cône de vision". C'est une sorte de ligne bleue que vous pouvez pointer dans la direction de votre choix pour désigner le personnage ou l'item sur lequel vous souhaitez avoir des renseignements. L'utilité essentielle de la chose est que l'on peut ainsi connaître d'emblée quels sont les éléments clicables du lieu où l'on se trouve. Il suffit pour cela de faire un tour complet à 360° avec le cône de vision. Plutôt pratique pour éviter de passer à côté d'un item important. Du point de vue de l'aventure elle-même, Dreamfall reprend peu ou prou ce qui a fait le succès de son prédécesseur. Ainsi, le scénario et les personnages rencontrés ont vraiment été au centre des préoccupations des développeurs qui comptent bien, avec leur dernier bébé, enrichir encore un peu plus le background déjà conséquent de The Longest Journey.
L'histoire se déroule près de 10 ans après celle narrée dans le premier volet. Nous sommes donc en 2219 dans le monde de Stark. Cette fois-ci, on fait la connaissance de Zoé Castillo, une jeune femme de Casablanca, sujette à d'étranges visions et au sentiment qu'il lui faut trouver et sauver April Ryan (l'héroïne de The Longest Journey). Au cours de l'aventure, on aura d'ailleurs l'occasion de diriger April ainsi que Kian, un mystérieux assassin. Il serait dommage d'aller plus loin dans la description du scénario car c'est là l'une des grandes forces de Dreamfall qui distille à l'envie les rebondissements au gré des 200 cinématiques (!) habilement disséminés tout au long de l'aventure. Il n'est pas nécessaire d'avoir joué au précédent volet pour comprendre l'histoire, mais ceux qui l'ont parcouru auront droit à de nombreux clins d'oeil et visiteront des lieux connus (qui ont néanmoins beaucoup changé en 10 ans : le Fringe Café...). La récolte et la combinaison d'objets ainsi que quelques puzzles sont évidemment de la fête.
Mais la grande spécificité de Dreamfall, c'est qu'il contient des phases de combat et d'infiltration. Nous n'allons pas vous mentir, elles sont assez décevantes et l'intérêt du jeu est loin d'être dans les passages de pseudo-infiltration (qui feront bien rire le premier Sam Fisher venu) ou dans les affrontements plats et sans saveur dans lesquels vous ne disposez que de deux coups de base et d'une parade. Sachez cependant qu'il est possible d'éviter une grande partie de la baston en choisissant les réponses adéquates pendant les dialogues (ouf !). L'intention de Funcom était certainement de varier un peu les situations et de casser le rythme "je trouve un objet, je l'utilise un peu plus loin" mais on aurait souhaité un gameplay légèrement mieux pensé pour ces phases d'action. Heureusement, les thèmes musicaux superbes et l'intérêt de l'aventure elle-même (qui est par moment beaucoup plus sombre que dans The Longest Journey) relèvent franchement le niveau d'un jeu qui, à n'en pas douter, vaudra certainement le coup malgré ses quelques errances de gameplay.