Un incendie s'est déclaré dans un bâtiment de la ville. Les pompiers se déploient sans perdre une seconde. Peu de temps après, la police intervient pour établir une déviation et le S.A.M.U. se rend aussi sur place pour s'occuper des blessés. Voici une mission type que vous aurez à mener dans Emergency 4 qui, à la différence de la série des Fire Department, ne se limite pas aux soldats du feu mais vous fait aussi contrôler les autres services de secours.
Et c'est bien là la force du titre de Sixteens Tons qui est beaucoup plus varié que son principal concurrent. En fait, le joueur dirige un centre de secours situé en plein coeur d'une ville et doit intervenir lorsque la situation l'exige. Il peut évidemment s'agir d'un incendie, mais aussi d'un malaise cardiaque, d'une prise d'otages... La campagne comprend d'une part une vingtaine de missions spéciales se déroulant à l'extérieur de la ville, et d'autre part des missions annexes qui sont aléatoires et qui changent donc d'une partie à l'autre. On a aussi droit à des escapades à l'étranger, en Antarctique et au Proche-Orient. Il faut alors choisir les forces que vous souhaitez projeter pour les charger à bord de l'avion TransAid pouvant contenir jusqu'à 8 véhicules.
Les situations sont très diverses et ce sera à vous de décider quelles unités sont les mieux adaptées pour y faire face. Car, et c'est là la deuxième grande particularité d'Emergency 4, vous disposez d'un budget qui vous sert à acheter de nouveaux véhicules mais aussi à payer les interventions. A chaque fois que vous envoyez des secours, votre compte en banque baisse. Il faut donc apprendre à bien gérer ses troupes et à ne pas envoyer inutilement des unités sous peine de voir votre petit trésor fondre comme neige au soleil. Inutile donc d'envoyer deux ambulances et une voiture de police pour un simple malaise sur la voie publique, ce serait des fonds dépensés en pure perte. En revanche, sous-estimer une catastrophe est tout aussi préjudiciable car votre rapidité d'intervention est primordiale pour sauver les victimes. Au total, vous pourrez débloquer un peu moins d'une trentaine de véhicules du S.A.M.U. (ambulance, voiture de médecin...), de la police (patrouille de base, canon à eau pour disperser les manifestants...), des pompiers (avion bombardier d'eau, grande échelle...) et enfin, des services techniques (dépanneuse, engin de levage...).
En marge de la campagne, il a aussi un mode jeu libre qui ne se compose pas d'interventions distinctes mais d'une succession ininterrompue de dangers. Vous devez alors tenter de protéger votre ville et ses environs le plus longtemps possible en maîtrisant tous les risques qui se présentent. Evidemment, les événements sont aléatoires et cela se corse au fur et à mesure que vous progressez. Ainsi, vous devrez faire face à plusieurs accidents simultanément, ce qui est assez difficile à gérer lorsqu'on sait qu'aucune pause active n'est là pour vous permettre de souffler. En clair, lorsque vous mettez la pause, vous ne pouvez plus donner d'ordre à vos unités et c'est très préjudiciable au jeu, surtout lorsqu'on a des forces d'interventions aux quatre coins de la ville et qu'il faut tenter de les contrôler de façon rapide et efficace pour, par exemple, éteindre un incendie à un endroit, tenter d'arrêter un malfaiteur à un autre et faire des recherches de victimes sur un immeuble effondré. Comme on ne peut pas tout faire, il faudra fixer vos priorités et on ne peut donc s'empêcher de regretter l'absence de la pause active.
Autre regret, la micro-gestion est trop présente. Il faut vraiment tout gérer de A à Z lors d'une opération. Certes, cela aurait pu être un point fort, mais en l'espèce cela se transforme plutôt en point faible car c'est très fastidieux lorsqu'on a un grand nombre d'unités à diriger. Je prends un exemple. Lorsque vous avez à éteindre un incendie, il vous faudra tout d'abord sélectionner un pompier, puis trifouiller dans le menu l'option permettant de lui faire prendre une lance. L'unité se dirigera alors vers son camion pour la prendre. Il faudra ensuite revenir dans le menu du pompier pour lui dire d'accrocher cette lance, puis cliquer sur une borne à incendie ou sur un camion citerne pour que la lance soit approvisionnée en eau. Ce n'est qu'à ce moment là qu'on pourra commencer à arroser. L'intelligence artificielle aurait pu prendre un peu plus d'initiatives. C'est flagrant dans le cas des ambulanciers qui, lorsqu'ils transportent une victime sur un brancard, ne reviennent pas d'eux-mêmes à l'ambulance pour évacuer le blessé au plus vite. Il faut leur en donner l'ordre. Toutes ces "petites" opérations, ces petits clics que l'on répète à l'infini deviennent pénibles sur le long terme. Ca aurait pu passer avec une pause active car on aurait alors pu vraiment réfléchir à la situation et donner des ordres fiables à chacune de ses unités, mais sans cette option, toute cette micro-gestion est fatiguante.
Pour ce qui est du multijoueur, c'est en quelque sorte un mode coopératif auquel on a droit. Jusqu'à 4 joueurs partagent un même budget et peuvent envoyer des forces d'interventions sur un théâtre d'opération pour tenter d'arranger la situation. Dès lors qu'un joueur demande à un véhicule d'intervenir, c'est lui qui le dirigera, les autres n'auront aucun contrôle sur lui. L'idéal est donc de se partager la tâche et que chacun se concentre sur un événement précis de son côté. Mais sur les gros incendies, il vous faudra de toutes façons collaborer et joindre vos unités pour pouvoir vaincre. La durée de vie est aussi boostée par la présence d'un éditeur de niveau qui permettra aux plus talentueux d'entre-vous de créer leurs propres missions. Espérons que du contenu supplémentaire soit très bientôt disponible sur le net. Mais plus que de nouvelles cartes, Emergency 4 a surtout besoin d'un bon gros patch pour corriger tous les bugs et instabilités que l'on a remarqué pendant le test et qui lui font perdre des points. Les sauvegardes plantent parfois, les retours Windows sont monnaie courante et on remarque même qu'il est parfois impossible de secourir un blessé lorsque celui-ci se trouve sur le pas d'une porte. Il semble que la phase de test n'ait pas été assez longue et que le jeu soit sorti un peu précipitamment pour contrer Fire Department 3. Reste que malgré tous ses défauts, Emergency 4 a bien des atouts à faire valoir : une durée de vie conséquente, une variété certaine dans les situations proposée qui plaira certainement beaucoup aux amateurs du genre prêts à lui pardonner les quelques défauts que nous avons soulignés.
- Graphismes12/20
Rien de transcendant dans ce domaine. On a déjà vu des textures plus détaillées et des unités mieux modélisées. Les feux et l'eau sont eux aussi très en deçà de ce que nos cartes graphiques auraient pu produire. A signaler aussi : la caméra ne vous laisse qu'une liberté très limitée au niveau de l'angle qui ne s'approche et ne s'éloigne pas autant qu'on aurait voulu.
- Jouabilité10/20
Les défauts du précédent volet n'ont aucunement été gommés, et aujourd'hui ça ne passe plus. L'absence de pause active pénalise fortement le titre surtout que la micro-gestion est omniprésente. En outre, l'I.A. est défaillante (il faut par exemple donner l'ordre aux secouristes de ramener le blessé qu'ils portent dans leur brancard jusqu'à l'ambulance, sinon, ils restent sur place sans réagir). Enfin, les bugs divers et variés et une gestion des flammes et de la fumée bien inférieure à celle de Fire Department 3 ternissent un peu plus le tableau.
- Durée de vie15/20
On dispose d'une campagne qui alterne une vingtaine de grandes missions et des objectifs aléatoires. La rejouabilité est donc importante. Un éditeur de cartes (difficile à utiliser) ainsi qu'un mode multijoueur viennent aussi booster la durée de vie.
- Bande son13/20
Les doublages français sont de bonne qualité de même que les musiques. En revanche, les effets sonores sont un peu moins convaincants et connaissent quelques soucis de positionnement (passage sans transition du haut parleur droit au haut parleur gauche lorsqu'un hélicoptère traverse l'écran...).
- Scénario/
On ne peut pas dire qu'il y ait véritablement un scénario puisque le joueur dirige un centre de secours et enchaîne les missions.
Quel dommage ! Oui, quel dommage que le jeu soit aussi buggé, qu'il n'y ait pas de pause active et que la micro-gestion soit trop présente. En effet, hormis ces trois bémols et une réalisation qui aurait pu être plus avenante, le jeu profite à fond d'une grande variété de missions faisant intervenir tous les services de secours. Si seulement on avait un titre qui réunissait l'excellente gestion des feux et des fumées d'un Fire Department 3 et la diversité d'un Emergency 4, on ne pourrait qu'être ravi.