Réclamé à cors et à cris par tous les possesseurs de GameCube, le bien étrange Animal Crossing avait fini par être distribué sur notre territoire, bien après la version japonaise, faisant ainsi des milliers d'heureux. Cette fois, avec Animal Crossing : Wild World sur DS, c'est un monde en perpétuelle évolution que vous aurez l'impression de tenir dans le creux de votre main.
Difficile de présenter de manière limpide le concept si particulier d'Animal Crossing. Sorte de simulateur de vie sociale, ce titre n'est décidément pas un jeu comme les autres. Imaginons que vous soyez quelque peu blasé par votre existence réelle, et que vous ayez envie de faire un break en vous incarnant dans un monde virtuel complètement fantaisiste. Le voyage se passe sans histoire, et vous vous retrouvez finalement à l'arrière d'un taxi sans trop savoir ce que vous êtes venu faire dans un village dont vous ne savez rien. A quelques minutes de l'arrivée, le chauffeur se décide à jouer les indiscrets en vous bombardant de questions embarrassantes, puis il vous dépose devant votre nouvelle demeure. Là, vous réalisez que ce monde a beau être naïf et coloré, il n'en est pas moins calqué sur celui que vous avez momentanément quitté. La preuve, c'est que le commerçant du coin ne va pas vous lâcher tant que vous n'aurez pas remboursé la dette que vous lui devez pour l'achat de votre habitation, ce qui vous obligera à travailler pour lui le temps de mener cette tâche à bien. Ceci fait, vous aurez enfin le loisir de goûter à l'ivresse de la liberté et d'explorer votre nouvel univers à votre rythme.
Pas évident de nouer des relations lorsqu'on vient d'arriver dans une bourgade où tout le monde se connaît. Comme dans la réalité, tout le monde n'a pas forcément envie de vous sauter au cou lorsque vous tentez d'engager la conversation, et certains feront même preuve d'un peu de froideur à l'issue du premier contact. Malgré tout, vos assauts répétés finiront par les convaincre que vous êtes un être sympathique et bien intentionné, et le temps aidant, vous parviendrez à forger de solides amitiés. Pour autant, rien ne vous oblige à jouer les grands samaritains, mais il faudra alors essuyer les sautes d'humeur de vos voisins et ne pas craquer devant la réaction imprévue d'un ancien ami qui se met à fondre en larmes parce que vous n'avez pas pris la peine de vous intéresser à lui pendant plusieurs mois. C'est bête à dire, mais on finit par s'attacher malgré soi à ces personnages virtuels qui vaquent à leurs occupations quotidiennes comme si de rien n'était. Le village dans lequel vous vivez est en permanente évolution, avec des saisons qui défilent au même rythme que dans la réalité, suivant l'horloge interne de la console, contrairement à la plupart des jeux où le temps est accéléré. Animal Crossing est en effet un titre qui s'apprécie sur la durée, puisque régulièrement, de nouveaux arrivants viendront emménager à côté de chez vous, ce qui relance sans arrêt la dimension sociale du soft.
D'un point de vue plus concret, c'est vrai que cet Animal Crossing comporte tout de même beaucoup de ressemblances avec son homologue GameCube. Malgré tout, les fonctions inédites propres à la DS rajoutent quand même un certain intérêt. Déjà, le simple fait de pouvoir emmener son village n'importe où est un plus considérable pour un titre qui se joue à petites doses quand on a une demi-heure à tuer. Ensuite, la présence du stylet ajoute un tel confort de jeu qu'on se demande comment on a pu s'en passer sur la version GameCube. L'accessoire n'est pas seulement utilisé pour écrire des lettres, il sert quasiment pour tout, y compris pour les déplacements. A ce propos, on remarque que les environnements ne sont plus découpés sous forme d'écrans, comme c'était le cas auparavant. Cette fois, l'exploration se fait de manière beaucoup plus fluide puisque le village est construit en un seul bloc, représenté d'ailleurs par un globe dont on fait le tour de la même manière que le Petit Prince sur l'astéroïde B-612. Seule petite bizarrerie, la planète n'est ronde qu'en apparence puisque des bordures nous empêchent de rejoindre les pôles en passant de l'un à l'autre. Tout ça donne un cachet vraiment attachant à ce micro-univers qui ne demande qu'à vous appartenir.
Autant dire qu'il faut avoir beaucoup d'imagination pour jouer à Animal Crossing, en plus d'aimer nouer des relations. Car l'absence totale de véritables quêtes à accomplir rend la liberté d'action parfois étourdissante. En dehors des petits boulots que vous devrez mener à bien pour Tom Nook au tout début du jeu, vous n'aurez aucun objectif particulier à accomplir. C'est finalement en observant les hobbies insolites de vos voisins que vous découvrirez de nouvelles distractions. Vous pourrez ainsi vous entraîner à pêcher avant de vous inscrire à la compétition saisonnière, ou encore jouer les paysagistes en faisant pousser des fleurs. Complètement vide au départ, le musée s'enrichira de vos trouvailles, ce qui vous donnera une bonne raison de partir chasser les papillons ou de creuser pour dénicher des fossiles. Rien ne vous empêche non plus d'aller contempler les étoiles dans l'observatoire entre deux visites à vos amis, avant d'aller poster vos lettres ou de faire une donation à la mairie. En fait il y a tellement de choses à faire qu'il est impossible de tout énumérer ici, mais soyez sûr que ce ne sont pas les activités qui manquent.
L'un des attraits de cet Animal Crossing réside également dans la possibilité d'inviter des amis dans son petit monde virtuel, d'où la nécessité de prendre soin de son habitat. Sachez que votre maison sera rapidement infestée de rats et de cafards si vous la négligez complètement. Libre à vous de la décorer selon vos goûts à l'aide des objets que vous aurez pu acheter ou recevoir en cadeau, histoire de ne pas être la risée de l'académie des décorateurs qui pourraient juger votre maison insalubre. Grâce aux fonctions Wi-Fi, vous avez en effet la possibilité de quitter momentanément votre ville pour vous rendre dans celles de vos amis, et inversement. La seule contrainte est que cela n'est possible qu'avec les joueurs qui vous auront communiqué leur code personnel. Vous pourrez alors inviter jusqu'à quatre amis simultanément pour une rencontre inoubliable entre joueurs humains. Outre le côté convivial de la chose, ça vous donnera également l'occasion de faire des échanges d'objets avec eux, de visiter d'autres villages, ou même d'inciter certains NPC à déménager pour venir s'installer dans votre ville. Voilà donc un jeu très particulier auquel tout le monde n'adhérera pas forcément mais qui apporte énormément de fraîcheur. Et même si le soft n'a pas vraiment d'intérêt pour ceux qui possèdent déjà la version GameCube, il faut bien admettre que le format portable se révèle idéal pour des parties courtes mais répétées.
- Graphismes14/20
La 3D est soignée et le design général est adorable, mais ça manque un peu de diversité compte tenu de la taille réduite de l'univers. Le double écran aurait demandé à être mieux exploité.
- Jouabilité16/20
Voilà typiquement le genre de jeu qui se révèle bien plus agréable à jouer au stylet qu'avec la croix directionnelle. L'ergonomie est quasi parfaite.
- Durée de vie15/20
Tout dépend si vous accrochez ou pas au concept de base. Si vous êtes plutôt sociable et que vous n'aimez pas être tenu par la main, vous risquez vite de devenir accro. Dans tous les cas, Animal Crossing est un titre auquel on joue longtemps, à petites doses mais très régulièrement.
- Bande son14/20
L'ambiance sonore est en parfait accord avec le style visuel du jeu, très naïve et particulièrement attachante. On appréciera surtout les bruitages qui caractérisent les voix des personnages.
- Scénario/
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Conçu par les créateurs de Nintendogs, ce titre déjà culte au Japon mérite toute votre attention. Sorte de simulateur de vie, Animal Crossing : Wild World nous invite à vivre une seconde vie dans un monde qui évolue en permanence. La liberté exacerbée, le fait de pouvoir personnaliser entièrement son univers, de nouer des relations et d'inviter ses amis à l'aide du Wi-Fi rendent cette version particulièrement intéressante.