Dans la famille des grands classiques du jeu vidéo, Gauntlet renaît de ses cendres une fois de plus pour nous rappeler son existence. Pourtant, à quelques exceptions près, les titres cultes qui nous enthousiasmaient jadis ne sont parvenus que rarement à se moderniser avec succès, et ce nouveau Gauntlet ne déroge pas à la règle.
Peut-être qu'il en est parmi vous pour qui le seul nom de Gauntlet ravive des souvenirs nostalgiques emplis d'émotion. Difficile, en effet, d'oublier le charme désuet des toutes premières versions, où des batailles sommaires en vue plongeante parvenaient à nous immerger dans une ambiance médiéval-fantastique que n'aurait pas renié Robert Ervin Howard avec son Conan le Barbare. Il fallait peut-être beaucoup d'imagination pour voir le jeu sous cet angle épique, mais la frénésie des parties et la perversité du challenge proposé à l'époque suffisaient déjà à nous donner un avant-goût de l'enfer. Depuis, le temps a passé et les nouvelles versions de Gauntlet se sont enchaînées pour aboutir à une succession de hack'n slash peu inspirés qui n'ont fait que décevoir les puristes. Sachez-le, Gauntlet : Seven Sorrows est également victime de cette malédiction, même si les clins d'oeil aux origines de la série sont particulièrement nombreux.
Nous sommes à cette époque lointaine où la violence prime sur tout le reste et où les hommes ne vivent que pour la guerre. Le prologue nous raconte le destin hors du commun de quatre héros ayant échappé à la crucifixion en échange de leur participation dans une bataille sanguinaire. Ces héros immortels, nous les connaissons déjà car ils font partie de la légende. Peu d'entre nous se souviennent pourtant de leurs noms, tombés dans l'oubli, mais tout le monde connaît au moins leurs classes respectives : un guerrier, une valkyrie, un elfe et un magicien. Ces personnages que l'on contrôlait déjà à l'époque ont gagné en relief et en charisme grâce au passage à la 3D, mais ils sont bien ceux qui ont fait de Gauntlet la légende que l'on sait. Par souci de fidélité, les concepteurs de ce nouvel opus n'ont pas souhaité rajouter de nouvelles classes de personnages jouables. Il faudra donc commencer par faire son choix parmi ces quatre héros, sachant que leur profil nous est imposé.
Cette fois encore, l'intensité de l'action n'est pas le seul atout dont profite Gauntlet. Comme par le passé, l'un des principaux attraits du jeu réside en effet dans la possibilité qui nous est offerte de jouer à quatre simultanément, chaque joueur contrôlant l'un des quatre héros. Compte tenu de la difficulté de l'aventure, certes moins inhumaine qu'à l'époque mais quand même relativement corsée, le fait de pouvoir lutter aux côtés de trois alliés est une opportunité à ne pas négliger. Il faut préciser qu'à tout moment, n'importe quel joueur peut venir rejoindre la partie en cours, et que chaque héros créé verra ses capacités évoluer indépendamment de celles des autres. Par ailleurs, le titre propose une option multijoueur en ligne qui évite de partir en quête d'amis ou de recourir au multitap.
Toujours aussi basique et brutal dans son concept, Gauntlet : Seven Sorrows n'est pas un hack'n slash pour rien. Pas moins de trois boutons sont associés aux frappes de base, un autre est relatif aux armes de jet et le reste se focalise sur l'utilisation des pouvoirs spéciaux ou des magies. Chacun des quatre héros dispose d'actions assez similaires, mais leur efficacité dans tel ou tel domaine permet de les démarquer. Au fil de leurs combats, ils auront la possibilité de monter de niveau, et à chaque fois qu'ils termineront une mission, l'or engrangé et les points d'expérience acquis pourront être répartis dans l'apprentissage de nouvelles compétences. L'acquisition de nouveaux combos permet ainsi de relancer un tout petit peu le gameplay, trop creux au demeurant.
L'aventure ne réserve, de toute façon, pas le moindre instant de répit, car même en détruisant scrupuleusement tous les générateurs de monstres présents dans les niveaux, ces derniers continueront de vous assaillir comme s'il en pleuvait. Heureusement que quelques pièges sournoisement posés dans les environnements parviennent à nous maintenir les yeux ouverts, car l'ennui aurait autrement tôt fait de nous endormir. Il faudra donc guetter les éventuels jets de flammes ou les pics acérés qui jaillissent du sol, et se méfier des cages qui s'abattent du plafond. La bonne idée étant que vous pouvez les retourner contre vos ennemis pour les abattre indirectement. C'est d'ailleurs dans ces moments-là que le manque de précision se révèle au grand jour, les personnages ayant la fâcheuse habitude de glisser n'importe où en bout de course.
Comme toujours, la recherche des coffres est primordiale pour mettre la main sur les précieuses clés qui donnent accès aux zones suivantes, mais le caractère ultra linéaire de la progression rend leur recherche sans intérêt. Notez que l'ouverture d'un coffre peut parfois libérer la Mort en personne qui viendra vous pourchasser sans relâche pour mettre fin à vos jours si vous ne la terrassez pas vous-même avant. Les amateurs d'action risquent de déplorer surtout le manque de subtilités du gameplay, en dehors des quelques possibilités d'esquive et de contre-attaque. On aurait bien aimé pouvoir jouer proprement, sans se faire toucher constamment et devoir sans arrêt courir après les gigots fumants, les fromages démesurés et autres mets barbares qui jaillissent de nulle part sans discontinuer. Globalement très bourrin et relativement difficile, Gauntlet s'appréciera surtout à plusieurs mais ne vous tiendra pas en haleine très longtemps.
- Graphismes11/20
Mieux vaut éviter de comparer le jeu à un Retour du Roi ou un God of War. Les décors sont ternes et peu inspirés, mais l'ambiance heroic fantasy est plutôt bien retranscrite.
- Jouabilité12/20
Trop sommaire, le gameplay est victime de son côté brutal et sans finesse, ce qui décevra tous ceux qui aiment jouer proprement. L'acquisition de nouvelles compétences ne suffit pas à renouveler les combats, d'autant que les styles de chaque personnage ont du mal à se démarquer.
- Durée de vie10/20
Le challenge varie évidemment en fonction du nombre de participants (via le mode 4 joueurs ou le jeu en ligne), mais la difficulté évite de boucler le jeu en une petite poignée d'heures. La durée n'est pourtant pas élevée, et la dimension linéaire du titre le rend un peu limité.
- Bande son12/20
On notera que les quelques répliques vocales ont été doublées en français, ce qui renforce d'autant plus l'ambiance. Les musiques ne sont par contre pas franchement épiques.
- Scénario8/20
Ne vous attendez pas à voir les héros échafauder des plans durant les cinématiques. L'histoire est très succincte pour ne pas empiéter sur l'action.
La modernité ne semble décidément pas réussir à Gauntlet qui, dans ce nouvel opus, ne parvient toujours pas à nous satisfaire. Même s'il s'échine à rester fidèle à l'esprit d'origine, ce titre n'en reste pas moins un hack'n slash conventionnel qui vaut surtout pour son mode 4 joueurs.