Celui qui vit par l'épée mourra par l'épée. Cette citation clairvoyante pourrait facilement s'appliquer à Key Of Heaven qui s'attache à respecter les codes du Wi Xia Pian tout en proposant un système de combos unique en son genre, fruit de l'expérience amassée pendant des années par cette grande société qu'est Climax.
Le soleil couchant disparaissant dans le lointain, des tiges de bambous pliant au gré du vent, des guerriers en armures affrontant des démons de pierre et des monstres antiques. En quelques mots, le décor de Key Of Heaven est planté. En y ajoutant une légende ancienne et des combats à l'épée, vous aurez une vue d'ensemble de la dernière production en date de Climax à destination de la PSP. Si vous êtes familier des Wu Xia Pian (films de capes et d'épées chinois), ce titre devrait grandement vous intéresser, surtout si vous n'avez rien contre un petit aspect RPG relativement bien exploité. D'emblée, on peut donc dire sans prendre trop de risques que c'est bien le fond qui prime sur la forme. Non pas que le soft soit désagréable à l'oeil (c'est même plutôt le contraire) mais là où une certaine redite visuelle provoquera quelques soupirs, on retiendra davantage de ce jeu un système de combos qui se paye la part du lion en donnant la possibilité au joueur de concevoir son propre style de combat.
Bien que m'étant longuement étalé sur le sujet durant ma preview, revenons sur ce système de combos renvoyant par certains côtés à celui de Nanobreaker dans le sens où vous pourrez créer vous-même vos combinaisons de coups. Cependant là où le soft de Konami permettait "simplement" de concevoir ses combinaisons grâce à une ingénieuse arborescence, Key Of Heaven va encore plus loin en cela que vous pourrez faire votre petite popotte en jonglant avec différents parchemins pour en sortir des enchaînements meurtriers. Creusons donc un peu plus le sujet. Pour commencer, précisons que pour réaliser lesdits enchaînements, vous devrez trouver au préalable des parchemins liés à plusieurs types d'attaques. Ainsi, un parchemin Seiryu sera différent d'un parchemin Genbu, Byakko ou San'yyan en cela qu'il se compose de différents kenpus liés aux éléments Feu, Eau, Terre, Bois et Métal. Ces artefacts, eux-mêmes segmentés sous plusieurs formes allant de 1 à 16 voire plus, et représentant chacun un coup spécifique, se trouveront la plupart du temps dans des coffres ou sur le corps de vos ennemis. Une fois que vous aurez acquis les kenpus nécessaires à la création d'un parchemin, vous pourrez alors le rattacher à un menu d'action rapide qui vous permettra, par une simple pression sur le bouton R, d'en changer en pleine action. A ce sujet, le bouton L sera rattaché à un second menu d'action rapide pour alterner entre six objets (d'attaque, de soins, de défense...) que vous aurez choisis auparavant en passant par un menu d'inventaire. La dernière chose à savoir sur ce système est qu'au fur et à mesure de votre progression, vous dénicherez des parchemins de plus en plus puissants dont certains vous permettant de créer de toute pièce votre enchaînement en puisant dans votre réserve de kenpus.
A l'image des combos qui seront plus ou moins efficaces en fonction des tribus auxquelles vos ennemis appartiennent (et donc à leur résistance face à tel ou tel élément), la magie s'appuie également sur le cercle formé par l'attraction et la répulsion de ces mêmes éléments liés aux kenpus. Ainsi, le Bois sera plus fort que la Terre mais se montrera plus faible que le Metal. Ce dernier par contre, sera faible contre le Feu, etc. En gardant en tête cette complémentarité, vous devrez constamment jongler entre les sorts à disposition pour avancer dans l'aventure. D'ailleurs, on pourra trouver la difficulté mal dosée si on se borne à frapper comme un forçat en omettant ce principe de forces et faiblesses. Néanmoins, quelques ennemis se révèlent tout de même très puissants et l'absence de lock, tout comme le fait de ne pouvoir réellement se défendre, vous demanderont constamment d'être sur vos gardes et d'user à bon escient de vos gouttes de vigueur.
Malheureusement, s'il est possible d'acheter de l'équipement (épées, armures, accessoires) dans les villes, le tout est souvent hors de prix, ce qui nous oblige à combattre comme un beau diable pour obtenir les deniers tant désirés. Il est également possible de laisser vos économies dans une ville afin de les récupérer dans une autre (le principe de vase communiquant bien pratique) mais pourquoi ne pas avoir opté pour un système d'intérêts en fonction du temps de placement, à l'image du cultissime Ishtar de Silmarils ? Dans tout ça, n'oubliez pas non plus de détruire toutes les caisses qui traînent afin d'y dénicher de précieux items ou de vendre vos objets superflus aux marchands. Cela dit, si vous persistez à vouloir combattre (les ennemis pouvant être évités, c'est vous qui voyez), vous pourrez aussi récupérer vos forces en vous rendant dans une auberge. Par contre, il est étrange que ce sommeil réparateur ne soigne pas les altérations d'état, comme c'est souvent le cas dans la plupart des RPG.
Un autre point sur lequel j'aimerais revenir concerne le gigantisme des villes traversées. Surprenantes par leur architecture et leur profondeur (dans tous les sens du terme), elles offrent le désavantage de nous faire courir pendant de longues minutes pour aller à un bout de la cité acheter un objet puis repartir dans l'autre sens pour trouver un personnage. Au final, si on s'émerveille devant ces monuments à la gloire de multiples légendes et autres divinités ou ces ports de pêche grouillant d'activité, on se lasse très vite de devoir gambader encore et encore. Il va de soi qu'il n'est pas ici question de dénigrer Key Of Heaven à cause de ce problème, qui peut aussi être vu comme un point positif offrant au joueur de joyeuses pérégrinations, mais soyez conscient qu'une bonne partie de l'aventure se résumera à arpenter de vastes niveaux en long, en large et en travers. Pour autant, la réalisation de Climax est à la hauteur, tout comme l'aspect artistique qui cumule des atmosphères éthérées offrant aux décors une vraie légèreté propre aux contes fantastiques. La bande-son supporte d'ailleurs cette affiliation tant elle distille des mélopées d'un autre temps qui inondent le titre de sonorités orientales. Les compositions, toutes en retenue, illustrent donc brillamment leur sujet pour une bande-son qui offre le luxe au joueur de choisir entre des doublages anglais ou japonais agrémentés de sous-titres français. Au final, le jeu de Climax souffre de grosses baisses de rythme, renforcées par des temps de chargements trop présents, mais la bonne volonté de développeurs consciencieux suffit malgré tout à hisser leur bébé dans les hautes sphères de la réussite.
- Graphismes13/20
Le design semble davantage piocher dans le folklore chinois que japonais. Epuré mais convaincant, le graphisme de Key Of Heaven alterne les passages dans d'immenses villes ou dans des environnements ouverts s'étendant à perte de vue. Les ennemis sont peu nombreux et assez communs tout comme les personnages principaux, un peu fades et stéréotypés. En somme, ce sont les SFX qui s'en sortent le mieux en embellissant vos katas et les sorts magiques de divers effets de lumière.
- Jouabilité13/20
Le système de combat permet énormément de possibilités et complète un aspect RPG basé sur une augmentation des caractéristiques. Les combos sont nombreuses et l'utilisation de la magie s'appuie sur le principe des relations entre les éléments. Malheureusement, en dehors de cet aspect conceptuel, la jouabilité du titre n'est pas dénuée de défauts. Ainsi on regrette l'absence de lock ou le fait de ne pouvoir réellement se défendre hormis en courant autour des ennemis. De plus, les temps de chargements ont tendance à s'inviter un peu trop souvent lors des dialogues et des changements de niveaux.
- Durée de vie14/20
Comme je le disais plus haut, la difficulté est assez disparate et pour jouer sans encombres, il faudra utiliser à bon escient vos sorts magiques qui pourront s'avérer indispensables en certaines circonstances. Au final, vous devriez boucler l'aventure en une quinzaine d'heures. Ajoutons tout de même que des fonctionnalités Online vous permettront entre autres d'échanger des kenpus avec d'autres joueurs.
- Bande son15/20
Le choix entre le doublage anglais ou japonais est une véritable bénédiction d'autant que le second sera hautement préconisé de par l'univers de Key Of Heaven et surtout la prestation des doubleurs. Les musiques auraient mérité d'être plus variées sachant que quelques thèmes sont d'une plénitude à toute épreuve.
- Scénario12/20
Le scénario de Key Of Heaven renvoie à de multiples légendes chinoises ou autres Wu Xia Pian. Un grand voyage commence et au bout du chemin, des épées sacrées censées ramener l'équilibre pour une paix durable. Du déjà-vu, oui, mais qui permet au joueur de s'évader dans des contrées exotiques pendant une poignée d'heures.
Bien que cette production Climax propose un excellent système de combat, le résultat final peut surprendre. Avec une difficulté étrangement dosée et des temps de chargements omniprésents, Key Of Heaven nous laisse parfois à l'abandon pour nous cueillir par la suite afin de faire avancer l'histoire. On pourra donc être agacé par ces temps de "flottements" mais en définitive, on se laisse prendre au jeu qui doit beaucoup à son ambiance et son aspect RPG plus développé que dans la plupart des productions de ce genre. A découvrir entre deux Tsui Hark.