Lorsqu'un nouveau jeu de stratégie temps réel qui se déroule ni pendant la Seconde Guerre mondiale, ni dans un univers heroic fantasy, ni même au Moyen Age pointe le bout son nez, on ne peut pas passer à côté. War on Terror fait partie de ces titres qui, à l'image d'un Act of War, s'inscrivent dans un futur proche et utilisent le contexte actuel pour mieux impliquer le joueur dans son scénario.
L'histoire de départ ne manquera pas de vous rappeler certains événements qui sont continuellement rapportés par le journal de 20 heures. Tout commence en 2008. La paix est menacée par un groupe de terroristes qui se fait appeler l'Ordre (le Al-Qaida du moment en quelque sorte). Bien évidemment les pays occidentaux, qui se sont regroupés au sein de la World Force (un ersatz de l'OTAN), ont réagi et se sont lancés dans une guerre impitoyable contre cette organisation. De son côté, la Chine aussi a ses problèmes et les relations avec la Corée du Nord sont plus que tendues. Pour rendre compte au mieux de ce scénario, War on Terror propose pas moins de 23 missions réparties dans trois campagnes. Dans la première, vous contrôlez les troupes de la World Force, dans la deuxième c'est à la destinée de l'Ordre que vous présiderez quant à la dernière, elle met en scène les unités de la Chine. Petite option sympathique : une fois que vous aurez terminé les trois campagnes, le mode histoire vous permettra de rejouer aux mêmes missions mais cette fois-ci, dans l'ordre chronologique et non pas par camp.
Si le contexte fait un peu penser à Act of War, le gameplay est en revanche plus proche de Ground Control 2 car tout comme chez ce dernier, il n'y a pas de construction de base ni de création d'unités. Il vous faut donc faire avec celles dont vous disposez au départ et que vous pouvez évidemment choisir. A ce propos, on retrouve avec plaisir quelques soldats français comme les agents de la D.G.S.E., mais aussi une adaptation du char Leclerc et l'hélicoptère européen Tigre. Au cours de la mission, vous pouvez aussi faire appel à des renforts qui viendront vous épauler. Pour cela, il faut les acheter avec les points de mission que vous gagnez tout au long de l'aventure (en accomplissant des objectifs secondaires par exemple). Quelques secondes plus tard, ils seront déposés sur le champ de bataille à un endroit précis que l'on repère facilement car il est indiqué avec un drapeau. C'est la zone de largage. Il peut y en avoir plusieurs par cartes et s'en emparer, c'est s'assurer que l'ennemi ne pourra pas faire venir d'autres troupes. L'inverse est aussi vrai : si vous ne disposez d'aucune zone de largage, vous pouvez dire adieu aux renforts.
Le principe du jeu est donc orienté pour faire la part belle à la tactique. Tout comme dans Ground Control 2, il faut économiser ses troupes pour arriver à progresser puisqu'on ne peut pas en créer. Le problème, c'est qu'un jeu qui se veut tactique doit absolument avoir une intelligence artificielle irréprochable pour apporter au joueur un défi intéressant. Et c'est bien là que le bât blesse, car dans le cas de War on Terror elle est absolument horrible. En fait, elle est totalement scriptée. Si un char ennemi doit passer à tel endroit, il le fera quel que soit votre position. L'I.A. ne s'adapte pas à votre façon de jouer et opère toujours les mêmes déplacements si bien que lorsqu'on refait une mission pour la deuxième fois, on sait exactement comment elle va réagir et ce qu'il faut faire pour la contrer. Si vous placez des mines à un endroit, le script ne va pas s'en occuper et va quand même faire passer ses unités dessus ! Aucune tentative de contournement ne sera envisagée. Risible. Autre problème, liée à l'I.A., le pathfinding connaît de grosses lacunes. Lorsqu'on dispose de plusieurs véhicules, c'est un véritable calvaire de les déplacer sur une carte urbaine où il y a de petites rues. Les chars se gênent entre eux, ne font pas marche arrière pour tenter de reprendre le bon chemin, et bloquent purement et simplement contre le décor... Bref, il faut constamment les déplacer un par un pour s'en sortir. C'est faisable sans dommage grâce à la pause active, mais c'est fastidieux.
Ces problèmes d'I.A. et de pathfinding auraient été excusables dans une version bêta, mais pas dans une version finale française du jeu qui, en plus, vient d'être patchée en 1.02 pour effectuer ce test. Bref, la rejouabilité du mode campagne en prend un coup. Autre gros défaut pour un jeu de stratégie, le non équilibrage des unités. Dans War on Terror on peut assister avec stupéfaction à la destruction d'un énorme char lance-roquettes par... un simple soldat armé d'un fusil d'assaut de base ! Ridicule, d'autant que le soldat semble presque immunisé contre les roquettes puisqu'il est capable d'en encaisser une bonne douzaine sans broncher ! A l'inverse, il est nettement plus sensible aux tirs de ses alter ego de l'autre camp. Vraiment étrange et carrément impardonnable pour tout STR moderne qui se respecte. Cet équilibrage pour le moins étrange nuit aux parties en multijoueur et escarmouche. C'est dommage, car les modes de jeux étaient assez variés. A côté du classique deathmatch, on dispose en effet d'un mode CTF, roi de la colline, conquête mais aussi vol du drapeau. Hélas, pour ce qui est de l'escarmouche, on ne peut jouer ni au CTF ni au vol du drapeau. Et dans les autres modes, on regrette de ne pouvoir faire que des duels contre l'I.A.. Impossible en effet de faire contrôler plus d'un camp à l'ordinateur, alors que le multi monte jusqu'à 8 joueurs. Autre limitation de l'escarmouche, il n'y a pas de sauvegardes en pleine partie. Ce qui est appréciable en revanche, c'est la présence d'un générateur de cartes aléatoires et d'un éditeur de niveaux (qui est néanmoins assez difficile à utiliser). Au final, même si War on Terror dispose de trois campagnes plutôt intéressantes à parcourir et d'une variété bienvenue dans les modes de jeu multijoueur, son I.A. calamiteuse et son équilibrage pour le moins étrange lui font perdre de nombreux points.
- Graphismes13/20
Le moteur 3D a deux gros défauts : le brouillard trop présent sur la plupart des cartes, et l'angle de caméra que l'on aurait aimé pouvoir placer plus loin du sol pour voir l'action sous un angle plus large. Mis à part ces deux bémols, les graphismes sont honnêtes, même si on aurait voulu avoir des explosions un peu plus spectaculaires.
- Jouabilité10/20
Le point faible de War on Terror est bien là. L'intelligence artificielle est scriptée jusqu'à la moelle et elle est incapable de s'adapter à vos actions. En outre, le pathfinding n'est pas au point. Quant à l'équilibrage des unités il est totalement à revoir. Lorsqu'on assiste à la destruction d'un char lance-roquettes par un misérable soldat armé d'un simple fusil d'assaut, il y a de quoi se poser des questions.
- Durée de vie14/20
Les vingt-trois missions réparties en trois campagnes ont le mérite d'avoir des objectifs variés et proposent au joueur un challenge intéressant. De plus, le générateur de cartes aléatoires et l'éditeur de niveau (assez difficile à utiliser) sont les bienvenus. En revanche, les options de personnalisation des modes escarmouche et multijoueur laissent un peu à désirer. On se demande pourquoi les modes CTF et voler le drapeau ne sont pas disponibles en escarmouche, mais aussi la raison pour laquelle on est limité à un seul ennemi contrôlé par l'I.A. dans les autres modes.
- Bande son16/20
On a droit à un excellent doublage français et à des bruitages corrects. La musique elle aussi est de très bonne facture.
- Scénario14/20
Les trois campagnes du jeu offrent un scénario qui, à défaut d'être original, reste intéressant et permet de proposer des misions variées. Dommage que la narration ne suive pas et que les cinématiques soient à mille lieues de celles que l'on peut voir dans Act of War et ses splendides vidéos filmées avec de vrais acteurs qui font beaucoup pour l'instauration d'une véritable ambiance.
Act of War peut dormir tranquille, ce n'est pas War on Terror qui risque de l'inquiéter sur le marché des jeux de stratégie futuriste. En effet, le titre de Digital Reality connaît de gros soucis d'intelligence artificielle et de pathfinding (gênant pour un STR) et un équilibrage plus qu'approximatif des unités. Reste cependant trois campagnes qui valent le coup d'être parcourue pour leurs objectifs variés.