Pour beaucoup, la série des Commandos est synonyme de jeux de stratégie/tactique au niveau de difficulté très élevé. Le troisième opus paru sur PC avait certes développé un peu plus le côté action, mais avec Strike Force, on tombe carrément dans le domaine du FPS. C'est donc une petite révolution qu'opère ce quatrième opus, une révolution qui risque de déplaire à beaucoup de fans de la première heure qui ne reconnaîtront plus leur série fétiche.
Dès lors, la première question que l'on peut légitimement se poser, c'est pourquoi les développeurs ont choisi de changer d'orientation de façon aussi draconienne. Les précédents Commandos bénéficiaient pourtant d'une certaine aura qui allait même jusqu'à être un gage de qualité pour certains joueurs. Pyro Studios a pris un gros risque en tentant de faire évoluer la série de cette manière, risque qu'ils vont certainement payer très cher au vu de la qualité disons... moyenne de leur nouveau bébé. Ce qui ne change pas en revanche, c'est le contexte dans lequel se déroule l'aventure. On est donc plongé en pleine Seconde Guerre mondiale. Vous êtes aux commandes de l'unité Strike Force qui compte dans ses rangs trois membres : le béret vert (le fantassin du groupe, spécialiste en maniement d'armes), le tireur d'élite (seul capable de maîtriser le fusil de précision) et enfin l'espion qui peut infiltrer les lignes ennemies sans se faire repérer en empruntant des uniformes allemands pour se déguiser.
Votre but sera évidemment de mettre des bâtons dans les roues de l'armée nazie. 14 niveaux se déroulant en France, en Norvège et enfin en U.R.S.S. sont présents. Dans chacun d'entre-eux, vous aurez des objectifs principaux à accomplir (indispensables pour avancer), mais aussi des missions secondaires servant à améliorer votre classement final. Pour localiser ces objectifs, c'est très simple. Vous disposez d'une carte vous indiquant où il faut vous rendre. Evidemment, le chemin le plus court est souvent le plus risqué et le mieux gardé. Si vous voulez avancer de façon prudente, il vous faudra donc faire quelques détours en veillant à bien observer les trajets qu'empruntent les patrouilles ennemies pour ne pas vous faire repérer. En fonction du niveau, vous jouerez soit l'espion, soit le béret vert soit le sniper. Mais parfois, vous aurez deux personnages engagés dans l'opération et vous pourrez switcher de l'un à l'autre en appuyant sur un simple bouton. Petit regret en passant, il n'y a aucune mission où les trois membres de la Strike Force se retrouvent en même temps.
Si les développeurs ont présenté leur jeu comme étant un FPS tactique, il faut bien avouer que dans la grande majorité des cas, la méthode du rentre-dedans s'avère assez efficace, surtout lorsqu'on joue en facile. Au moins, les joueurs occasionnels et tous ceux qui ne sont pas habitués au genre pourront progresser sans heurt. En revanche, ceux qui voulaient avoir un jeu purement tactique risquent d'être déçus et doivent absolument jouer directement en difficile. Et même là, on n'arrive pas à être pleinement satisfait. Tout ça à cause d'une intelligence artificielle assez moyenne, incapable de s'organiser correctement pour vous débusquer. Ainsi, lorsque l'alerte est donnée, les soldats nazis courent dans tous les sens ou restent statiques, sans organisation. Pire, si vous vous placez correctement sur le seuil d'une porte, vous pourrez jouer au tir aux pigeons en attendant le passage des ennemis. Que le premier se fasse avoir, soit, il n'était pas censé savoir que vous étiez là, mais que tous ses petits copains le suivent un par un vers une mort certaine, excusez-moi, mais ça fait tache dans un jeu qui se veut "tactique". La moindre des choses était quand même de doter l'I.A. d'un peu plus de jugeote en lui donnant la capacité de vous prendre à revers ou de vous encercler. Avec toutes les unités dont elle disposait, cela aurait vraiment donné un challenge tout autre que celui que l'on nous propose.
La tactique est donc réduite à la portion congrue et n'est réellement présente que dans quelques missions où l'on joue l'espion. Lorsque c'est le cas, on doit parfois tuer un ennemi par-derrière pour lui piquer son uniforme et ainsi passer incognito auprès de tous ceux qui ont un grade moins élevé. On a d'ailleurs la surprise de constater qu'il est impossible de déplacer les corps des nazis que l'on a zigouillé pour éviter de donner l'alerte. De toute façon, cela n'aurait servi à rien puisque les morts disparaissent au bout de quelques instants. Inutile donc de se préoccuper des cadavres qu'on laisse derrière soi. Voilà encore une concession qui a été faite pour rendre le jeu accessible au plus grand nombre. Néanmoins, ce que les développeurs semblent avoir oublié, c'est que lorsqu'on veut faire un FPS nerveux, sans prise de tête, il faut qu'il soit spectaculaire et qu'il entraîne le joueur au coeur d'une action brutale et prenante, comme on le voit dans Call of Duty 2 par exemple. Dans Commandos Strike Force, ce n'est pas le cas. Les graphismes sont datés, les explosions sont ternes et la mise en scène n'est pas des plus palpitantes en grande partie à cause d'une bande-son qui a beaucoup de mal à nous immerger au coeur du conflit.
Côté multijoueur, ce n'est pas beaucoup mieux. On retrouve un deathmatch fade à cause du gameplay très mou de Strike Force qui nous impose des déplacements lents peu propices aux gunfights. L'architecture de la dizaine de cartes proposées est en plus loin de valoir celle d'autres titres du genre. Seul le mode sabotage, aurait pu être intéressant. Dans ce dernier, deux équipes s'affrontent et doivent tenter de détruire en premier la base adverse. Pour ce faire, il faut qu'un espion interroge un joueur ennemi. Il doit s'approcher de lui et appuyer sur une touche. Le code comportant six chiffres, il faudra interroger plusieurs ennemis pour l'obtenir. Une fois qu'une équipe est en possession du code adverse, elle peut aller saboter la base et ainsi gagner un point. Le problème de ce mode c'est qu'il y a seulement deux cartes ! C'est peu, trop peu. En plus, on aurait aussi aimé pouvoir y jouer en solo grâce à des bots. Mais ceux-ci brillent par leur absence. Remarquez, au vu de la "qualité" de l'IA dans la campagne, on comprend pourquoi... Au final, on ne peut qu'être un peu déçu de ce que nous propose Pyro Studios avec Commandos Strike Force. Ce FPS "tactique" n'est certes pas foncièrement mauvais et quelques passages parviennent à retenir notre intérêt, mais au vu du passif des développeurs, on s'attendait vraiment à un jeu d'un tout autre niveau.
- Graphismes11/20
La qualité des décors est très moyenne. Les textures ne sont pas assez détaillées et les personnages sont à mille lieues de ceux que l'on peut voir dans Call of Duty 2 au niveau de la modélisation. Quant aux effets, ils n'ont rien de véritablement spectaculaire.
- Jouabilité12/20
Pas de gros problème de prise en main, mais ne vous attendez quand même pas à de la tactique pure et dure car cet aspect est assez limité. Hormis le fait qu'il est parfois indispensable de se déguiser ou de tuer certains ennemis de façon furtive pour éviter de déclencher les alarmes, la méthode du rentre-dedans fonctionne très bien (surtout en facile). Signalons tout de même que l'IA ne s'en tire pas avec les honneurs et est incapable de coordonner ses actions pour vous encercler. Bref, le gameplay est basique.
- Durée de vie11/20
Le mode solo ne vous occupera pas plus de huit-dix heures (en comptant très large). Quant au multijoueur, il ne risque pas de booster la durée de vie de façon conséquente. Du deathmatch sans génie à cause d'un gameplay pas assez nerveux et un mode sabotage qui pâtit du faible nombre de cartes disponibles (seulement deux).
- Bande son12/20
Bruitages et doublages français ne brillent pas par leur qualité particulière mais parviennent néanmoins à assurer l'essentiel. De son côté, la musique est beaucoup trop répétitive. On aurait aimé un peu plus de variété dans les thèmes. On est très loin de la magnificence d'un Call of Duty 2.
- Scénario12/20
Quelques passages sympathiques comme la mission où l'on doit aller délivrer un docteur pour aider les gars de la résistance, mais globalement, le scénario ne fait pas preuve d'une grande originalité.
La série des Commandos a cédé aux sirènes du grand public et elle y a perdu une grande partie de ce qui faisait son charme : le réalisme tactique. Avec Strike Force, on se retrouve avec un FPS qui n'est pas foncièrement mauvais mais qui n'arrive cependant pas à la cheville des références du genre. Pas assez spectaculaire et rapide pour plaire au fans de jeux d'action rythmés, pas assez stratégique pour convenir aux amateurs de gameplay tout en finesse, Commandos Strike Force risque d'avoir du mal à trouver son public.