Ne cherchez pas une quelconque métaphore ni la moindre trace de second degré dans cette accroche. Si les aventures, ou plutôt les mésaventures de nos trois anti-héros prennent bien une tournure cauchemardesque après seulement quelques minutes de jeu, c'est bel et bien le joueur qui en fait les frais. Tout, ou presque, dans ce titre est à jeter, et le simple fait d'y jouer relève du supplice. Alors à moins que vous n'ayez envie de vous arracher les cheveux et de maudire à jamais les développeurs responsables de cette atrocité, évitez de lire ce qui suit, évitez de poser les yeux sur ces images, et surtout évitez d'acheter Ed Edd'n Eddy The Mis-Edventures.

Ed, Edd'n Eddy étant à la base une série américaine, il est probable que les fans vous recommanderont de la visionner en VO plutôt qu'en VF. Malgré tout, un doublage français n'aurait pas été superflu pour permettre aux plus jeunes de retrouver telle quelle l'atmosphère de la série, d'autant que la présence d'extraits du dessin animé est l'un des rares plus de ce titre. Celui-ci ne peut, de toute façon, compter que sur sa licence pour susciter l'intérêt du joueur, mais ceci ne l'empêchera pas pour autant d'être montré du doigt. Quoi qu'il en soit, il est certain que l'apparente fidélité au dessin animé semble être le seul point positif de cette adaptation, les aspects techniques et ludiques étant carrément catastrophiques.

Partant dans l'idée de nous faire incarner les trois personnages principaux de la série, le principe du jeu repose essentiellement sur la complémentarité entre les trois héros. A tout moment, il est possible de passer de l'un à l'autre pour mettre à contribution leurs talents respectifs, ou pour les faire agir ensemble. On les voit alors adopter des formations kamikazes pour tenter d'atteindre des endroits inaccessibles autrement. Sur le papier, le système de jeu semble tenir la route et fait intervenir un brin de réflexion à travers la présence d'énigmes à surmonter. A titre d'exemple, Ed est le seul à pouvoir soulever des objets et creuser le sol, tandis que Edd est capable d'actionner des mécanismes et d'utiliser un lance-pierres et que Eddy dispose de boules puantes illimitées. A partir de là, à vous de comprendre comment interagir avec l'environnement, sachant que tous les éléments du décor avec lesquels vous pouvez entrer en contact apparaissent en surbrillance à l'écran. On ne réfléchit donc pas bien longtemps avant de comprendre ce qu'il faut faire, mais encore faut-il parvenir à ses fins lorsque le gameplay fait tout pour vous mettre des bâtons dans les roues.

Quelques minutes suffisent d'ailleurs pour se rendre compte à quel point la prise en main est infecte. Quel que soit le personnage incarné, le simple fait d'assommer un écureuil se révèle déjà pénible. Les coups sont imprécis, les bugs sont fréquents et il arrive même que le jeu plante. Il n'est pas rare non plus de devoir faire demi-tour parce qu'un allié s'est coincé dans le décor, et pour peu que trois ennemis vous attaquent en même temps, ce n'est même pas la peine d'essayer de s'en sortir. Finir croqué par un rat ou par une vulgaire huître entraîne quand même une certaine frustration. Pour harmoniser le tableau, les développeurs ont cru bon de bâcler la réalisation en s'essayant à du cel shading non maîtrisé. Si ça peut encore passer pour les personnages, le résultat est beaucoup moins convaincant au niveau des décors et donne une impression de jeu non terminé. Lorsqu'on franchit une porte fermée, on ne la pousse pas. On passe simplement d'un environnement à un autre sans aucune transition, exactement comme si on traversait le mur. Inutile de s'éterniser davantage, cette adaptation de Ed, Edd'n Eddy est un ratage complet, à éviter autant que la peste.