Dans Loco Mania, il ne s'agit pas de conduire un train à la manière d'un Trainz Railroad Simulator ou de construire ses propres voies ferrées comme dans Railroad Tycoon. En effet, le titre de 7FX lorgne beaucoup plus vers la réflexion en mettant le joueur dans la peau d'un aiguilleur.
C'est assez étrange de commencer à décrire un jeu par ce qu'il n'est pas, mais il faut bien avouer que le titre peut prêter à confusion. Insistons donc sur le fait que dans Loco Mania, vous ne contrôlez pas directement les trains. Vous ne pouvez donc pas décider de leur vitesse. En fait, celle-ci est déterminée par le type de locomotive à laquelle vous avez affaire. Il y en a plus d'une vingtaine, au look rappelant celles des Etats-Unis ou de la République Tchèque (au choix). Cela va de la bonne vieille machine à vapeur, aux locomotives diesels ou électriques. Les seuls ordres que vous pouvez leur donner sont d'avancer ou de reculer. Indirectement, vous pouvez aussi les stopper en faisant passer les sémaphores au rouge. Mais ce sont les aiguillages que vous devrez avant tout maîtriser car ce sont eux qui vous permettront de décider par où vous voulez faire passer vos trains.
Le but du jeu est simple. Tout se déroule sur une carte où plusieurs gares sont disséminées çà et là. Les trains peuvent entrer et sortir de la map par des voies prévues à cet effet. Les gares et les entrées/sorties sont identifiées par un code couleur, code couleur que l'on retrouve sur chaque train. L'objectif est de faire passer chacun d'entre-eux par les bonnes gares puis de les faire sortir de la carte par la voie de la couleur correcte. On peut par exemple vous demander de faire passer un train par la gare orange puis par la bleue et enfin de le diriger vers la sortie verte. Lorsqu'on n'a qu'un seul convoi à observer, c'est facile : il suffit de bien faire attention à la direction des aiguillages qui émaillent le parcours et que l'on peut manipuler très simplement en cliquant dessus. Il est impossible de changer la direction d'un aiguillage autrement, via la carte des lieux en particulier. Sur celle-ci, vous ne pouvez voir que le plan du réseau ferroviaire et les trains qui y circulent, mais pas l'orientation des aiguillages. C'est dommage.
On peut très simplement se rendre compte de la direction que prend son train car d'un simple clic droit, une ligne jaune s'affiche pour nous indiquer où il va aller. Vraiment pratique, et cela aurait été encore mieux si cette ligne jaune était aussi présente sur la carte générale, mais là non plus, ce n'est pas le cas. Décidément, cette satanée map aurait pu être plus riche en informations qu'elle ne l'est en l'espèce. Si avec un ou deux trains, on arrive à gérer la situation très simplement, ça se complique rapidement lorsque plusieurs trains arrivent simultanément. Il faudra donc faire preuve de beaucoup de logique et de dextérité pour manier au mieux les aiguillages. Au fil du jeu, la difficulté augmente et devient très élevée si bien qu'on a affaire à des situations quasiment inextricables. Les moins patients d'entre-vous vont s'arracher les cheveux devant les casse-tête proposés. Les cartes deviennent très alambiquées et on se retrouve immanquablement avec des problèmes à régler : un train arrive sur la même voie que celui qui devait sortir, un autre n'a pas pris le bon chemin car on s'est trompé d'aiguillage... Bref, ça devient vite complexe à gérer.
Dans le mode de jeu principal, vous aurez une certaine pression sur les épaules car il faut essayer de faire sortir les trains le plus rapidement possible, et ce pour une bonne et simple raison, c'est que chaque sortant rapporte 2 points alors que chaque entrant vous fait perdre un point. Plus vous tergiversez, plus le temps passe et plus vous aurez de trains entrants sous votre responsabilité, si bien que votre score baissera. Et lorsqu'on sait que l'objectif de chaque niveau est d'atteindre un certain score pour débloquer le suivant, vous voyez vite qu'il vaut parfois mieux recommencer la partie, que de s'entêter à vouloir en terminer une qui est mal engagée. Comme si la difficulté n'était pas assez élevée comme ça, les développeurs ont été assez vicieux pour faire entrer en scène certains trains spéciaux. Il en existe de deux types. Le premier a un petit compte à rebours au-dessus de la locomotive. Si vous n'arrivez pas à le faire sortir de la carte avant qu'il atteigne zéro, une pénalité de trois points est décomptée. Quant au second, il s'agit d'un train à risque biologique qui ne doit jamais faire demi-tour ou s'arrêter sous peine d'une pénalité de respectivement 1 ou 5 points (argh !).
Pourquoi une telle difficulté ? Eh bien tout simplement pour tenter d'augmenter la durée de vie qui sans cela aurait été vraiment trop faible. Il n'y a en effet que 12 cartes. Pas de générateur de maps aléatoires et encore moins d'éditeur. Quant aux modes de jeu, rien de bien palpitant non plus. A part le mode principal, on retrouve un time attack, un mode checkpoint où il vous faudra faire passer le plus de trains possible en 10 minutes, et un mode libre où vous n'avez qu'un seul train à diriger. Tous ces modes se déroulent toujours sur les 12 mêmes niveaux. On aurait aimé avoir des défis plus variés à accomplir du genre relier deux points en construisant soi-même son réseau ou encore s'occuper des aiguillages d'une grande gare en faisant en sorte que chaque train qui passe respecte ses horaires. Bref, c'est un peu limite sur le plan du contenu d'autant qu'il n'y a pas non plus de mode multijoueur. Tout juste vous laisse t-on la possibilité d'uploader vos scores sur le site officiel pour le comparer à celui des autres joueurs. Au rang des regrets, on peut aussi signaler le manque de catastrophes ferroviaires (si deux trains arrivent en sens inverse sur la même voie, ils s'arrêtent) et la non moins remarquée absence de sauvegardes pendant les parties. Ce n'est qu'à la fin de chaque niveau que votre progression est automatiquement enregistrée. Bref, même si le concept de base de Loco Mania était vraiment sympathique, c'est le contenu faiblard qui fait perdre de précieux points à ce jeu.
- Graphismes10/20
Ce n'est pas terrible. La modélisation des trains reste simpliste, de même que les décors et les textures à mille lieues de ce que sont capables les PC modernes. Les graphismes ont au moins le mérite de rendre la situation claire en toutes circonstances, c'est déjà ça.
- Jouabilité12/20
Le concept est simple et efficace. On prend un certain plaisir à triturer les aiguillages et à faire avancer ou reculer les trains. Néanmoins, on regrette qu'il ne soit pas possible d'assister à des collisions et que la carte générale soit avare en informations et en possibilités d'interaction.
- Durée de vie9/20
Certes, la difficulté est très (trop) élevée, certes, il vous faudra pas mal de temps avant de pouvoir arriver à passer certaines épreuves, mais il faut bien se rendre compte qu'il n'y a en tout et pour tout que 12 niveaux ce qui est peu. On aurait apprécié qu'il y ait un générateur de maps aléatoires et pourquoi pas un éditeur et des modes plus variés.
- Bande son7/20
Des musiques insupportables et répétitives et des bruitages loin d'être convaincants illustrent parfaitement le ratage sonore de Loco Mania.
- Scénario/
Voilà un titre à petit prix plutôt original. Casse-tête par excellence, il fera s'arracher les cheveux aux amateurs de jeux de réflexion grâce à son principe simple et diabolique. On regrettera néanmoins le manque d'informations de la carte générale, une réalisation moyenne, une difficulté mal équilibrée, mais surtout un contenu franchement limite avec seulement 12 niveaux. Vraiment dommage car le potentiel était là.