Si les compétitions de poker ont toujours existé, elles connaissent aujourd'hui une médiatisation tout autre grâce notamment à la télévision qui n'hésite plus à retransmettre les grands tournois. Le jeu vidéo s'intéresse de près à cette montée en puissance et propose désormais une ribambelle de titres dédiés à cette discipline. Activision a, lui, acquis les droits du WSOP (pour World Series Of Poker) et c'est sous l'étiquette de "jeu officiel" que l'éditeur distribue ses cartes.
Tous les grands joueurs vous le diront, le poker est un jeu d'observation. Tout le monde épie tout le monde à la recherche du moindre détail pouvant trahir une émotion. La chance a bien son petit mot à dire dans le tirage des cartes, mais c'est surtout au niveau du mental que ça se passe. Forcer l'adversaire à penser que nous avons un bon jeu, bluffer, se montrer avare dans les mises alors que notre main est parfaite, autant de ruses qui participent à l'intérêt du jeu, au petit pincement de coeur au moment de dévoiler ses cartes. Disons aussi que l'argent a son importance dans le vrai poker, car c'est lui qui détermine tout l'enjeu d'une partie et qui prête à réfléchir avant de bêtement miser trop gros. Peut-on retrouver ces montées d'adrénaline en participant passivement à une compétition par console interposée ? C'est bien la question. Bien qu'il se concentre particulièrement sur le Texas Hold'Em, World Series Of Poker couvre plusieurs autres variantes du poker telles que le Omaha, le Omaha High-Low, le Stud à Sept Cartes et le Razz Poker (Stud à Sept Cartes Low). Si une rapide description de chaque mode est indiquée dans la notice, il est tout de même conseillé de déjà connaître les règles de base pour apprécier le jeu.
Une fois les règles assimilées, la prise en mains ne pose aucun problème pour négocier la partie selon ses désirs. Chaque direction du stick est associée à une action et il suffit de l'indiquer pour miser, suivre, se coucher ou faire tapis. Il y a même une option qui permet d'accélérer les tours de table, ce qui permet de ne pas avoir à subir les temps de réflexion de chaque adversaire. Dans la réalité, une telle fonction serait une hérésie puisque comme je vous le disais tout passe par l'observation, mais sur un jeu, cette option est réellement salutaire. Les graphismes et les attitudes des joueurs étant trop simplistes, on perd ici tout l'attrait psychologique d'une vraie partie. Dans la mesure où on joue aussi avec de l'argent virtuel, on perd également la notion d'enjeu. En clair, World Series Of Poker s'adresse essentiellement à ceux qui aiment le poker uniquement pour le jeu et le challenge qu'il représente sans tous les aspects pécuniers ou psychologiques qu'il pourrait apporter.
Au niveau des modes de jeu, je vous ai déjà parlé des variantes sur lesquelles on peut compter ici. Ces dernières se retrouvent aussi bien pour des parties rapides qu'au long du mode carrière qui représente à lui seul l'assurance d'une durée de vie énorme pour ce jeu. En effet, en incarnant un avatar (à créer ou à piocher dans la sélection déjà présente) et en vous inscrivant dans les différents tournois (26 tournois au total), vous commencerez à vous faire un nom dans le milieu jusqu'à affronter un jour les têtes d'affiches. Plusieurs célébrités sont d'ailleurs présentes dans le jeu. Citons par exemple Scotty Nguyen, John Phan, Max Pescatori ou Men the Master. Si l'intelligence artificielle de ces stars du poker est plutôt réussie, ce n'est malheureusement pas le cas de tous les adversaires qui souffrent par moment d'une trop grande frilosité lorsqu'on les met en danger. C'est sûrement pour contrer ce problème que World Series Of Poker s'ouvre aux joies du multijoueur pour des parties plus intenses. Sur PS2, le multi passera par le réseau et vous permettra du coup d'affronter un peu n'importe qui. Sur PSP par contre, il faudra se contenter du game sharing, c'est-à-dire qu'une seule cartouche suffira pour jouer à plusieurs. Dans les deux cas, vous serez autorisé à jouer jusqu'à neuf. De quoi plumer gentiment ses amis sans trop se fâcher.
- Graphismes12/20
Rien d'extraordinaire à ce niveau mais compte tenu des supports, la PSP s'en sort un peu mieux que la PS2. Les graphismes sont extrêmement sobres, nous faisant profiter de décors sombres et d'animations très sommaires. Les personnages ont des looks assez étranges, seules les stars de la discipline sont plus soignées. Et encore, pas de beaucoup...
- Jouabilité15/20
Si l'ergonomie est parfaite pour entrer rapidement dans la partie, on aurait tout de même aimé trouver un mode d'initiation pour permettre aux débutants de comprendre plus précisément les subtilités du poker. Et puis, pourquoi pas aussi un mode freestyle pour s'amuser à tripoter ses jetons ?
- Durée de vie16/20
Malgré quelques réactions étranges, l'IA parvient à opposer une certaine résistance à nos coups de bluff, nous obligeant à mettre régulièrement la pression aux adversaires pour qu'ils s'inclinent. Les parties peuvent alors durer un bon moment. Et puisqu'il y a tout de même 26 compétitions dans le mode carrière, ainsi qu'une option pour jouer jusqu'à 9, vous n'êtes pas prêt de lâcher les cartes.
- Bande son9/20
Il faut bien avouer que les commentaires sont assez minables et pas spécialement intéressants. Tout en anglais, ils n'apportent rien aux parties si ce n'est un semblant de retransmission télé. Les musiques sont trop discrètes pour se faire remarquer.
- Scénario/
Le problème de World Series Of Poker, c'est qu'on n'arrive pas bien à situer le public visé. D'un côté, il semble renier les joueurs débutants par l'absence d'initiation, d'un autre, il se coupe des joueurs confirmés pour qui il manquera probablement l'enjeu financier. Si vous vous situez entre ces deux extrêmes et que le poker vous est familier, alors ce titre semble tout indiqué.