Généralement destinés à un public adulte, les softs de gestion ont ce petit quelque chose de sérieux qui n'est pas sans rebuter les plus jeunes, et souvent à raison. Pourtant, tous les titres du genre ne sont pas forcément complexes, la preuve avec Ma Clinique Vétérinaire qui se destine clairement aux enfants ayant une certaine affection pour nos amis les bêtes.
Habitué des produits relatifs au monde animalier, le studio de développement Gost Publishing s'est illustré avec des titres comme Hyppodrome Tycoon, Ma Pension d'Animaux, Mon Centre Equestre Manager ou Marie la Cavalière. Un bagage vidéoludique qui en dit long sur les ambitions de ce studio qui donne la priorité aux softs destinés aux enfants, avec toujours un soupçon d'équitation. D'ailleurs, ne soyez pas étonné si je vous apprends qu'il est également possible d'effectuer quelques randonnées équestres dans Ma Clinique Vétérinaire.
L'essentiel tourne tout de même autour du métier de vétérinaire, une profession qui attire bien souvent les plus jeunes, ne serait-ce que pour le contact avec les animaux. Le titre de Gost Publishing laisse toutefois de côté cette dimension affective pour s'intéresser avant tout aux aspects terre-à-terre du métier de vétérinaire. Même si elles sont considérablement simplifiées, les démarches économiques et financières sont donc le principal moteur de ce jeu. Concrètement, le joueur se retrouve, sans trop savoir pourquoi, dans la peau d'un jeune vétérinaire qui va devoir trouver les moyens de développer efficacement la clinique dont il a la charge. Pour cela, il lui faudra investir l'argent obtenu grâce aux consultations dans la construction des bâtiments nécessaires à l'extension des activités de sa clinique. Mais comme tout ça est destiné aux enfants, on vous dira toujours quel bâtiment placer à quel endroit, et on ne vous demandera pas de gérer de façon pointue les rentrées et les sorties d'argent. Le soft ne fait d'ailleurs pas intervenir la question de l'embauche du personnel, et vous allez voir que les possibilités proposées sont faciles à résumer.
Pas très connu dans le monde du jeu vidéo, Gost Publishing a visiblement manqué de moyens pour hisser son titre à la hauteur de ce qui se fait actuellement en matière de gestion sur PC. Les faiblesses du soft sont d'ailleurs trop nombreuses pour qu'on puisse décemment le comparer à un de ses concurrents, mais il est le seul à cibler exclusivement le jeune public. Cela dit, ça n'est pas non plus une excuse pour ne pas soigner le confort de jeu, surtout quand on impose autant de restrictions dans l'utilisation de l'interface. En guise d'exemple, les déplacements ne sont pas possibles à la souris mais uniquement avec les touches du clavier, et on ne peut pas non plus faire défiler la carte ou effectuer des rotations avec la souris. Il faut donc déplacer son personnage à chaque fois qu'on veut faire quelque chose dans un lieu précis, et en dehors du zoom, la souris ne permet que de valider les actions choisies. Le soft néglige ainsi les règles les plus basiques du jeu de gestion, s'affligeant dès le départ d'un manque d'ergonomie évident.
En se concentrant uniquement sur l'aspect ludique du titre, on se rend compte que les développeurs n'ont pas cherché à enrober l'approche sérieuse et rebutante de celui-ci en y intégrant le moindre soupçon de narration. Un choix d'autant plus contestable que les plus jeunes auront du mal à s'investir dans leur nouvelle tâche de vétérinaire si on ne leur fournit pas la motivation qui va avec. Résultat, sitôt la blouse enfilée, il faut se mettre au boulot et attendre qu'un patient franchisse la porte pour commencer la consultation. Une étape qui revient toujours à faire la même chose : examiner l'animal pour afficher le diagnostic et appliquer le traitement indiqué avant d'empocher une somme assez rondelette. Là où le jeu déçoit considérablement, c'est qu'il est impossible d'interagir directement avec les animaux, à moins que ces derniers ne restent en pension à la clinique. D'autant que, même lorsqu'ils sont victimes des pires symptômes, ils paraissent toujours frais comme des gardons. Le fait de pouvoir entrer en contact physique avec l'animal par l'intermédiaire des différents instruments médicaux aurait pourtant certainement séduit les enfants, ceux-là même qui n'hésitent pas à passer du temps sur un Alexandra Ledermann pour caresser leurs poulains virtuels et faire le ménage dans les box. Au lieu de ça, il suffit de cliquer sur le bon traitement dans la liste pour que l'opération soit réussie, en indiquant parfois une zone précise sur l'animal. On est loin d'éprouver les mêmes sensations trépidantes que dans Trauma Center. Un choix délibéré de la part de l'équipe de développement, par crainte de choquer les plus jeunes.
Le problème, c'est que les possibilités offertes au niveau gestion ne sont pas non plus très convaincantes. Le domaine peut accueillir un maximum de 7 bâtiments différents : le cabinet, la salle de thérapie, le bâtiment des petits animaux, la maison des chats, le chenil, l'écurie et la maison des patients. Il faut préciser que la plupart de ces lieux ne servent quasiment à rien tant qu'on n'a pas pris la peine de les développer moyennant une certaine somme d'argent. Il faut alors attendre le lendemain pour voir le bâtiment enfin construit et pouvoir l'utiliser. Une étape obligatoire pour faire avancer le jeu et débloquer de nouveaux objectifs. Notez qu'il est impossible d'accélérer l'écoulement du temps à moins de passer directement au jour suivant en allant dormir. De temps à autre, vous pourrez être amené à quitter le domaine pour aller faire des courses en ville afin de faire provision de médicaments dans la pharmacie. Il est également possible d'emprunter de l'argent à la banque et de s'offrir une formation à l'académie pour apprendre à soigner davantage d'animaux différents. Un peu plus loin dans le jeu, vous pourrez vous acheter un cheval pour faire des randonnées à l'extérieur, mais on s'éloigne un peu du monde médical.
Jusque-là, Ma Clinique Vétérinaire aurait presque pu s'en sortir sans trop de dommages si seulement le jeu ne souffrait pas d'autant de problèmes techniques. Car en plus de se forcer à traiter toujours les mêmes patients pour débloquer au compte-gouttes de nouvelles options, le joueur doit passer outre un certain nombre de bugs plutôt gênants. La fonction de sauvegarde ne fonctionne qu'une fois sur trois, et la plupart du temps, soit la partie ne peut pas être rechargée et le jeu plante, soit vous vous retrouvez avec des incohérences par rapport à ce que vous aviez fait. Il arrive parfois qu'on achète un bâtiment et qu'il soit toujours à vendre le lendemain, la somme dépensée pour son acquisition étant définitivement perdue. Dans ces conditions, on se retrouve dans l'obligation de multiplier à l'excès les fichiers de sauvegarde pour arriver à faire avancer le jeu normalement, ce qui incite rapidement à baisser les bras. De toute façon, le peu de possibilités offert dans le soft ne justifie pas qu'on lui consacre du temps, et il est peu probable que celui-ci parvienne à susciter de nouvelles vocations.
- Graphismes5/20
Une réalisation graphique vraiment très pauvre qui ne fait pas du tout plaisir à voir. On ne peut même pas tourner ou déplacer latéralement la caméra avec la souris et les animations sont pitoyables. De plus, ce sont toujours les mêmes patients qui reviennent.
- Jouabilité5/20
Dommage que les déplacements s'effectuent uniquement au clavier, car la souris semblait beaucoup plus appropriée pour un jeu de ce type. Côté gestion, le soft manque cruellement de possibilités, et les phases d'examens cliniques sont aussi inintéressantes que le développement des différents bâtiments.
- Durée de vie7/20
En supposant que vous ne lâcherez pas le jeu au bout de deux heures, il ne vous faudra de toute façon pas très longtemps pour mettre en place toutes les installations liées à l'extension de votre clinique. Le pire, c'est que toutes les étapes sont prévues d'avance et ne laissent aucune liberté possible.
- Bande son6/20
Peut-on vraiment parler de musiques quand celles-ci se résument à quatre malheureuses notes qui tournent en boucle façon disque rayé ? On note tout de même la présence de quelques répliques en français.
- Scénario/
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Partant d'une bonne intention, Ma Clinique Vétérinaire aura hélas beaucoup de mal à faire mouche auprès des plus jeunes. En voulant rendre trop accessible un soft ne comportant que de la gestion, les développeurs ont réduit à l'extrême les possibilités de jeu sans prendre la peine d'affiner l'aspect technique et de corriger les nombreux bugs. Résultat, on n'apprend pas grand-chose et on s'amuse encore moins, ce qui ne donne guère envie d'aller jusqu'au bout.