Certains auraient voulu voir en lui un premier jeu potable édité par Konami sur PC, d'autres un concurrent sérieux à S.W.A.T. ou Rainbow Six. Espoirs déçus par un jeu complètement bâtard qui ne sait visiblement pas ce qu'il veut être, si ce n'est une sorte de jeu tactique hystérique visionné en avance rapide.
Développé par Kuju, The Regiment a pour principale originalité de se pencher sur les occupations contre-terroristes du SAS, le fameux groupe d'intervention d'élite britannique. Côté pitch, l'annonce est claire, The Regiment se veut jeu d'action/tactique, réaliste et tout ça, il suffit pour s'en convaincre de passer par les niveaux didacticiels qui vous enseignent le B.A.-BA, nettoyer une pièce, neutraliser les terroristes, menotter ceux qui sont au sol et tout le toutim. En somme, une bonne partie de ce qu'on vous demande de faire dans S.W.A.T. Sur le terrain on retrouve donc les objectifs classiques consistant à neutraliser les menaces et à sécuriser les otages. L'arme à la main et les équipiers aux ordres via une interface déjà maintes fois éprouvée.
A une grosse différence près : ici on ne vous laisse pas le temps de faire dans le détail et si dans le jeu d'Irrational abattre l'ennemi si ce n'est pas nécessaire vous vaut un blâme, dans celui de Kuju, on remplace les menottes par une ultime balle histoire d'être tranquille et de gagner du temps avant de foncer droit devant pour terminer le niveau le plus vite possible, condition indispensable à sa réussite. Pire, on ne cherche même plus à prendre le temps de regarder s'ils sont en vie ou pas, on tire direct pour être sûr, ça va plus vite. Car pour accéder au niveau suivant, c'est presque un sans-faute qu'il faut réaliser. Perdez un homme et c'est fini, laissez filer le chronomètre, idem. Par contre, tuer tout le monde sans sommation, ça, on s'en fout. Le résultat est totalement bancal puisqu'on laisse tomber toute forme de tactique ou de règles d'engagement pour courir comme un dératé et dégommer tout ce qui traîne. En pratique, vous n'avez donc pas d'autres choix que de faire et refaire chaque niveau à de multiples reprises, apprenant par coeur l'emplacement des terroristes pour les liquider. La tactique laisse la place à une action qui doit être un automatisme bête et méchant. On ne s'y trompera pas, d'ailleurs, en constatant l'absence de gadgets de détection permettant de planifier ses actes. A ce niveau, ce n'est pas un jeu typé old school, c'est carrément du dressage. Je vous laisse imaginer la tête du malheureux qui constate au bout de son huitième essai qu'il n'a toujours pas réussi à boucler sa mission parce qu'il a mis trop de temps ou qu'un de ses crétins d'équipier s'est laissé tuer comme un bleu.
Ah ben oui, n'espérez pas être suivi par des cadors. En perdre un ou deux dans un couloir ne sera pas rare, de même que constater leur désobéissance chronique. A titre d'exemple je n'aurai jamais réussi à faire exécuter l'ordre Porte/Assaut/Grenade. Ce n'est pas qu'ils s'arrêtaient à l'assaut, non, non, ils ouvraient juste la porte et ils attendaient. Bon, alors on se contente de leur demander d'ouvrir et d'attaquer, et puis finalement on ne leur demande plus rien parce qu'on a trop peur qu'ils se fassent mal et qu'on soit obligé de tout recommencer. Finalement, le grand rush dans lequel on répète mécaniquement les tirs qu'on a appris à force d'essais, c'est quasiment seul qu'on le fera.
Par contre il y a une chose qu'ils savent faire nos camarades du SAS, c'est pousser des cris ridicules qui collent, ceci dit, parfaitement à l'atmosphère ultra speed du jeu. Tout le monde court partout en criant nerveusement dans une V.F. étrange. Leur mot favori, c'est go, et ils en balancent à la chaîne, "go, go, go, nettoyé, go, go, go, go, go". C'est ce qu'on doit entendre environ 80 pour cent du temps. De quoi confirmer, à ceux qui en doutaient, qu'ici on fait du S.W.A.T. façon industrielle. Globalement l'ambiance sonore est assez risible, puisqu'en dehors de l'hystérie survitaminée de vos petits copains, les bâtiments dans lesquels vous oeuvrerez sont emplis de hurlements et de gémissements divers qui ne sont pas crédibles deux secondes.
Et ce que Regiment rate en solo, il ne le rattrape pas en multi, évoquant un clone assez médiocre de Counter-Strike, sans pouvoir prétendre le concurrencer une seule minute. Alors à moins d'avoir envie de se lancer dans un FPS auquel on pourrait faire jouer un chimpanzé sous réserve d'avoir quelques talents de dresseur, on peut passer son chemin sans crainte de manquer quelque chose.
- Graphismes11/20
Si certains environnements profitent d'un design soigné, cela ne nous fera pas oublier les nombreux bugs qui transforment les personnages en passe-murailles ainsi qu'un rendu trop grossier.
- Jouabilité7/20
On ne sait pas trop ce qu'est The Regiment, une sorte de jeu d'arcade très nerveux mais qui voudrait aussi être un jeu tactique. Quoi qu'il en soit tout ça ne colle vraiment pas et apprendre les niveaux par coeur pour les traverser ensuite à la vitesse de l'éclair n'est au final pas plus amusant que subtil, juste stupide.
- Durée de vie14/20
En apparence, on pourrait croire que le jeu se boucle rapidement, en vérité, vu le nombre d'essais infructueux nécessaires à l'accomplissement d'une mission, on en a pour son argent, en quelques sortes.
- Bande son8/20
Une bande-son à mourir de rire tant elle sombre dans le ridicule mais qui finit vite par agacer au plus haut point.
- Scénario/
J'aimerais tout de même comprendre ce qu'a voulu faire Kuju ici. Attendre du joueur qu'il pratique l'art de la tactique sans nous en laisser la possibilité, voilà une idée bien saugrenue. Le résultat final n'a aucun sens et pas plus d'intérêt. Ce n'est donc pas aujourd'hui que Konami nous livrera un titre décent sur PC.