Annoncé de longue date, Rengoku : The Tower of Purgatory se décide enfin à montrer le bout de ses pixels sur PSP. Inutile de le nier, si vous lisez ces lignes c'est que vous faites sans doute partie des joueurs qui attendaient beaucoup de ce titre, et il faut reconnaître que les premiers éléments auguraient du meilleur. A présent que le soft est entre nos mains, il va bien falloir admettre que le potentiel de Rengoku est bien inférieur à ce que l'on attendait.
A bien des égards, Rengoku rappelle inévitablement un certain P.N.03. Pour mémoire, ce jeu d'action développé par Capcom pour la GameCube avait su retenir l'attention de tout le monde avant sa sortie, pour être finalement réduit à l'état de simple curiosité avant de tomber quasiment dans l'oubli. Ce jugement est, certes, un peu réducteur, compte tenu de l'originalité du titre, et la comparaison est même beaucoup trop élogieuse pour Rengoku. Car le soft que nous propose Hudson sur PSP, par l'intermédiaire de Konami, ne comporte pour sa part que très peu d'idées dignes d'intérêt. Alors, que tous ceux qui voyaient en lui un hit en puissance se fassent une raison : Rengoku est l'exemple type du mauvais jeu.
Qu'est-ce qui a bien pu traverser l'esprit des développeurs de Rengoku en le qualifiant de "SF-RPG" ? Une appellation aussi insolite suscite fatalement la curiosité du joueur lambda qui ne pourra que hausser un sourcil pour savoir de quoi il retourne. Oui, Rengoku a quelques affinités avec la science-fiction, mais en aucun cas il ne peut prétendre appartenir aux RPG. L'aspect jeu de rôle que l'on est censé trouver au niveau de la gestion de l'arsenal du héros n'est en fait qu'un prétexte pour élargir le public visé par ce titre, qui n'est au final qu'un simple jeu d'action, et rien de plus. D'ailleurs, ça n'est pas la première fois qu'un beat'em all se risque à proposer une gestion créative de l'arsenal utilisé, et Nanobreaker en est l'exemple parfait. Pour tout vous dire, même en comparaison de ce dernier où l'on pouvait paramétrer librement ses combos, Rengoku est loin de faire bonne figure.
Le point de départ de Rengoku est de nous faire prendre le contrôle d'un androïde de combat condamné à lutter contre une armée de cyborgs dans une tour futuriste. Le titre du jeu lui-même, Rengoku signifiant simplement "purgatoire" en japonais, évoque l'éternelle souffrance, l'expiation que doivent subir ceux qui ne méritent plus de vivre. Tout ça aurait dû favoriser la mise en place d'un scénario apocalyptique, mais il s'avère que seul le postulat de départ est intéressant. On y découvre comment furent créés des androïdes de combat autonomes, capables de façonner leurs propres armes à partir d'une substance appelée "peau d'élixir". Vint le jour où il ne resta plus personne pour leur résister, et où ils perdirent tout raison d'être. Les hommes décidèrent alors de les utiliser comme bêtes de foire, les obligeant à se livrer une bataille éternelle dans une tour nommée "le Purgatoire" pour divertir les humains. Jusqu'au jour où un ego commença à se développer dans l'esprit d'un de ces androïdes, celui-là même que vous allez contrôler.
Voilà qui donne tout de suite envie de se lancer dans l'action, ne serait-ce que pour savoir comment l'intrigue de base va se développer. Mais j'aime autant vous prévenir que vous serez vite déçus de constater que le scénario stagne complètement une fois passée l'introduction. Les seuls dialogues qui viennent ponctuer la progression proviennent des boss que vous affrontez à chaque fois que vous grimpez d'un étage dans la tour, et ils n'apportent absolument rien à l'histoire de départ. A partir de là, Rengoku ne peut plus miser que sur son gameplay pour retenir l'attention du joueur, mais il échoue là aussi à nous convaincre. Présenté en vue à la troisième personne, le soft se résume à une succession de salles calquées les unes sur les autres, au point de donner une constante impression de déjà-vu. Dans chaque salle, il s'agit d'éliminer les robots ennemis avec l'arsenal dont vous disposez pour pouvoir franchir la porte suivante. Un plan, accessible à tout moment, permet de constater la petitesse des environnements, que vous traverserez rapidement malgré les difficultés liées au système de jeu.
Focalisé essentiellement sur l'action dans toute sa violence et sa brutalité, le soft ne lésine pas sur les moyens mis en oeuvre pour que le joueur fasse un véritable carnage dans les niveaux. Les armes que l'on peut trouver dans les caisses ou ramasser sur les corps des ennemis vaincus sont vraiment nombreuses, et il est possible d'en équiper plusieurs sur chacun des quatre boutons principaux. La bonne idée étant que ces boutons correspondent en réalité aux différentes parties du corps de votre héros. Son apparence physique va donc évoluer à chaque fois que vous modifierez l'emplacement et la nature de vos armes. Il devient ainsi tout à fait possible de lui greffer un sabre ou un revolver sur la tête, de brancher un lance-flammes sur un de ses bras et de remplacer son torse par une mitrailleuse lourde. Blindé de la sorte, vous êtes libre de massacrer vos opposants comme vous l'entendez, à coups de sabres et de tronçonneuses, ou au lance-flammes, à la mitraillette et au lance-grenades. Tout ça ne représente bien sûr qu'un modeste échantillon des engins fournis tout au long des huit étages de la tour, et c'est seulement en boostant les capacités de votre androïde que vous pourrez élargir votre stock d'armes utilisables. Pour cela, vous devez nécessairement trouver de la "peau d'élixir" ou sacrifier vos armes superflues pour en obtenir. La substance acquise est ensuite représentée par des points qu'il vous suffit de distribuer dans les statistiques de votre choix pour améliorer la résistance du héros. En parallèle, sa puissance de frappe se développe au fur et à mesure que vous utilisez vos armes à bon escient.
Un système plutôt bien pensé mais qui ne suffit pas à compenser les nombreuses faiblesses relatives au gameplay. Rengoku est, en effet, loin d'être un modèle d'ergonomie et de prise en main. Le fait de pouvoir locker sa cible est indispensable pour faire mouche, mais les déplacements laissent à désirer. La croix directionnelle se révèle quasiment obligatoire pour effectuer les roulades d'esquive, beaucoup plus délicates à exécuter avec le stick analogique. Par conséquent, le confort de jeu est loin d'être optimal, d'autant qu'on aurait bien aimé disposer d'un bouton de garde pour parer les tirs ennemis. L'action se résume à recourir aux armes à distance avant d'enchaîner les roulades pour s'approcher de l'adversaire dans le but de l'achever avec des armes blanches. Une technique redondante qui est également valable contre les boss lors d'affrontements totalement insipides. Autre élément pénible, l'obligation de retourner auprès d'un terminal pour pouvoir customiser son arsenal et recharger ses munitions. Un condition sine qua non pour éviter le Game Over entraînant la perte de tous les éléments douloureusement obtenus. Car Rengoku n'est pas un jeu facile, ce qui incitera beaucoup de monde à booster ses stats dès le départ en exploitant une faille que nous vous dévoilons dans les astuces dédiées au jeu, histoire que vous ne lâchiez pas le tout dès les premières minutes. Quand on y pense, le temps passé sur ce titre gagnerait de toute façon à être investi autre part, mais c'est vous qui voyez.
- Graphismes11/20
Si la réalisation est correcte, on déplore un recours systématique au "copier-coller". Tous les étages de la tour se ressemblent, et on sait déjà de quoi sera faite une salle avant de pousser la porte qui y mène.
- Jouabilité7/20
Le soft se présente globalement comme un beat'em all à la troisième personne où vous passez votre temps à répandre le chaos dans des salles qui se ressemblent toutes. Du début à la fin, on a le sentiment de combattre les mêmes adversaires, de traverser les mêmes environnements, et de tourner en rond. La gestion plus ou moins originale de l'arsenal est la seule chose intéressante à se mettre sous la dent.
- Durée de vie7/20
Si l'on met de côté la difficulté du jeu, très frustrante à moins de passer par des moyens détournés déjà évoqués, les 8 étages de la tour sont trop réduits pour offrir une bonne durée de vie. Et quand on sait le manque d'intérêt que réserve l'ascension de cette tour, où trouver la motivation pour aller jusqu'au bout ? Enfin, il faut supporter les lacunes du gameplay pour avoir envie de s'y mettre en multi.
- Bande son12/20
L'ambiance sonore s'en tire de manière tout à fait honnête et a le mérite de ne pas trop attirer l'attention sur elle.
- Scénario10/20
Rengoku avait tout pour offrir un excellent scénario de science-fiction, mais l'histoire s'arrête après l'introduction et n'évolue plus du tout par la suite. Les rencontres avec les boss sont d'ailleurs vraiment décevantes à ce niveau-là.
Impossible d'imaginer à quel point le potentiel de Rengoku est inexistant avant d'avoir le jeu en main. Le concept prometteur est ruiné par un level-design insipide et par une redondance pénible au niveau du gameplay. Le fait d'injecter des capsules pour transformer certaines parties du corps de l'androïde en armes constitue finalement la seule bonne idée de ce titre, extrêmement décevant au demeurant.