Comme trop de shoot'em up avant lui, Nanostray n'a pas vraiment d'histoire. Certes, un vaisseau à l'armement conséquent est envoyé au devant de vagues d'ennemis, mais pourquoi ? Est-il la dernière chance de l'Empire terrien contre la menace des Thiguilian de Rothra du Centaure ? Est-il l'éclaireur de la flotte de défense de la l'Alliance des Planètes Coalisées ? Ou alors est-il un simple père de famille désireux d'aller chercher une baguette dans un coin peu fréquentable de la galaxie ? Personne ne peut répondre à cette question, sauf peut-être les développeurs. Et encore... De toute façon personne n'a besoin d'une justification pour aller maraver de l'alien.
Premier shoot'em up à voir le jour sur la console portable de Nintendo, Nanostray semble être l'incarnation d'un pas franchi par la console. En effet, quelle machine n'a pas eu son shoot mythique, son Radiant Silvergun, son Gradius 5, son R-Type ou encore son Ikaruga ? C'est donc avec un large sourire que la DS se plonge dans le coeur saignant et brut du jeu vidéo et que nous la suivons dans son expression de joie. Effectivement, dès l'arrivée dans le feu de l'action, on ne peut qu'admirer le travail graphique réalisé d'une part d'un point de vue technique et d'autre part par le biais des influences artistiques. Utilisant un moteur 3D permettant une modélisation complète du vaisseau, le titre se sert également de cet apport technologique dans la construction des décors. Aplanis dans un soucis de respect des codes du shoot vertical, ces derniers n'affichent donc pas vraiment leurs trois dimensions. Néanmoins, cela confère aux environnements une touche particulière, entre le réalisme des textures et une sorte de froideur peut-être involontaire mais qui dessert finement l'atmosphère globale. Qui plus est, soutenu par un niveau de détail dépassant sans mal des titres en 3D davantage médiatisés, Nanostray crée véritablement un effet de surprise plastique rassurant sur les possibilités de la console. Plus encore que cela, il met en place un univers cohérent et relativement inventif entraînant dans des zones inondées dénuées de toute vie à la Blue Submarine N°6 (excellent animé du studio Gonzo pour information), dans des combats spatiaux au creux d'un champ d'astéroides, ou encore au coeur d'une planète verdoyante surmontée d'un long tunnel de verre et de métal. Un ensemble de zones parfois magiques, parfois désespérées, mais toujours dépaysantes, dans une variété qui ne trouve ses limites que dans le faible nombre de niveaux disponibles.
En effet, la huitaine de planètes représente une part bien peu importante de l'aventure spatiale que laissait entrevoir le titre de Shin'en, provoquant du même coup la venue d'une durée de vie très écourtée, approchant l'heure pour les habitués. Toutefois, en marge de l'aventure principale et au gré de votre progression, vous pourrez tenter votre chance dans le mode Défi, vous confrontant à des missions déjà effectuées agrémentées de limitations spécifiques. Vous devrez par exemple obtenir un certains nombre de points à la fin de votre entreprise de destruction, terminer un stage avec une seule vie, et effectuer de nombreuses autres tâches de cet acabit jusqu'à en perdre la raison. En effet, la difficulté de ces épreuves est autrement plus acérée que celle présente durant l'ensemble du soft et vous demandera une concentration intense dans le fol espoir de les réussir sans heurt. Pour ce faire, il vous faut bien évidemment maîtriser sur le bout des doigts votre frêle vaisseau sans nom, que nous appellerons "le vaisseau" pour plus de commodité. Et c'est à ce moment que la guerre contre les cruels et baveux aliens bascule quelque peu. Mais avant de plonger du côté obscur, faisons un tour heureux de la galaxie en paix. Particulièrement accessible, le gameplay de Nanostray laisse échapper une efficacité intense et éminemment précise. Souple et répondant à la moindre de vos injonctions, votre monture aux propulseurs ioniques se meut avec une aisance déconcertante entre les salves de missiles et de lasers. D'autant qu'une jouabilité sans faille se révèle vitale dans ce type de shoot'em up mettant un point d'honneur à vous placer dans une exiguïté stressante composée de dizaines ennemis agressifs et de très nombreux projectiles sur un centimètre carré. Souvent effrayant, parfois ébouriffant dans des accès de fureur, le titre de Majesco s'axe sur un système de choix d'armes intéressant dans le principe mais limité dans son fonctionnement.
Vous offrant un panel de quatre tirs différents, Nanostray semble tenter une approche spécifique, liant chaque manière de combattre à une situation particulière. Que ce soit la Pulsation, le Tir de Côté, la Tête Chercheuse ou encore l'Eclair, chacun vous permettra d'arriver à vos fins, mais le fait de les manier avec soin vous donnera accès à un plaisir de jeu bien plus important. De plus, désireux de se donner un cachet ouvertement spectaculaire, le soft vous donne la possibilité de déclencher des attaques puissantes, déclinaisons des "lasers" de base reléguant à une vague poussière n'importe quel aéronef ennemi. Mais pour se faire, vous devrez impérativement surveiller que votre jauge "d'arme puissante" possède un minimum de charge. Nécessitant d'être rempli à l'aide de pastilles bleues obtenues après la destruction rapide d'une vague d'ennemi, action nommée également "wave", votre compteur faiblira à chaque fois que vous utiliserez un assaut spécial jusqu'à se vider totalement. Il est de ce fait impératif de conserver un oeil attentif sur cet aspect. Et c'est bien ce souci de l'observation qui s'avère être la principale frustration du jeu. Apparemment, et pour une raison encore inconnue, Shin'en s'est senti obligé d'implémenter une fonction tactile dans sa production spatiale. Une idée qui aurait pu se révéler utile, mais qui au final complique grandement le gameplay, du fait de la disposition de l'interface de choix des armes. Placée sur l'écran tactile de la DS, cette dernière nécessite obligatoirement une pression dans le but de s'équiper de tel ou tel tir. Du coup, le temps que vous baissiez les yeux et effectuiez votre sélection, une, voire deux longues secondes s'écoulent.
Un temps nettement trop important dans un titre où le moindre dixième de seconde reste propice à une attaque surprise. D'autant que l'un des boutons de la console reste libre, ne demandant qu'à servir afin de pallier à ce défaut majeur. Dans le même registre, l'obligation de vérifier sa jauge de puissance dans une volonté d'économie et de "stratégie" demande de quitter la zone de combat du regard. Il est également très gênant de ne remarquer aucune évolution du mode de tir durant les missions. Aucun power-up ne vient vous récompenser d'une joute acrobatique héroïque et vous demeurez tout au long des diverses épreuves aux commandes de votre quatuor de lasers au fond assez basique. Manque alors cette espèce de montée en puissance commune au genre, poussant à poursuivre dans l'espoir d'acquérir toujours plus de capacités. Ici, une certaine lassitude pointe au bout de quatre ou cinq niveaux et ne peut se retirer malgré l'originalité du système. On se borne donc souvent à conserver une seule arme, de préférence la première, et à avancer bon an mal an jusqu'à l'un des huit boss, tous magnifiquement designés et réalisés par ailleurs. Représentant un challenge plus qu'imposant, ces derniers seront les seuls à vous forcer à utiliser vos bombes et surtout à prendre grand soin de conserver au minimum trois vies à leur approche. C'est donc à leur image qu'est Nanostray. Magnifique, assez original, retords et intense, il épuise l'ensemble de la vie qui le compose par des petites erreurs dommageables mises bout à bout. N'est pas Gradius qui veut. Mais on s'en rapproche.
- Graphismes15/20
Faisant partie des plus beaux jeux de la machine, Nanostray manie avec une certaine maestria une 3D lui conférant un rendu très spécial, favorisant l'apparition de textures détaillées et d'un côté métallique très intéressant. De plus, le vaisseau principal s'avère réalisé avec soin, détenteur d'un design ressemblant un peu (trop ?) à R-Type. Les divers effets restent particulièrement impressionnants et participent à l'immersion immédiate que l'on ressent dès le démarrage. Pour finir l'habillage se révèle assez classieux.
- Jouabilité14/20
Malgré une prise en main intuitive et des idées de gameplay dignes du plus grand intérêt, le titre de Majesco ne parvient pas vraiment à convaincre définitivement à cause de quelques maladresses. A ce propos, le placement de l'interface du choix des armes et de la jauge de puissance nuit grandement à la visibilité et à la concentration nécessaires à l'accomplissement des missions. De même, le manque d'évolution des tirs et le peu de vaisseaux disponibles (un seul) peuvent laisser le joueur de côté.
- Durée de vie11/20
Le mode aventure se terminant très rapidement, vous serez forcé de jeter votre dévolu sur les 22 défis débloquables au fur et à mesure de vos péritpéties. Parfois monstrueusement difficiles, ces derniers nécessiteront quelques heures d'acharnement, augmentant la durée de vie assez artificiellement. Heureusement, un mode deux joueurs assez amusant à court terme reste disponible afin d'avoir une bonne raison de retourner dans le monde de Nanostray.
- Bande son12/20
Globalement assez réussies, les compositions du soft de Shin'en restent bien dans l'ambiance du soft et oscillent entre des rythmes électro entraînants et des passages plutôt orientés "ambiant". Rien de comparable avec la majesté de la B-O de Gradius 5, mais un environnement sonore suffisamment convaincant pour donner l'envie d'avancer. Les effets sont quant à eux un peu en retrait, même si les explosions conservent pas mal de force.
- Scénario/
-
Nous faisant l'honneur d'introduire le shoot'em up sur DS, Nanostray exécute une entrée en demi-teinte. Bénéficiant d'une réalisation globale de grande qualité et d'un gameplay très intéressant sur certains points, il se révèle de plus très agréable à parcourir. Malgré tout, la mauvaise exploitation de l'écran tactile de la console aboutissant à un placement d'interface pas du tout pratique, ainsi que la limitation dans l'évolution générale, empêchent le titre de Shin'en de briller au firmament de la galaxie. En tout cas le passage du studio responsable de Iridion 2 sur DS semble prometteur pour la suite.