Dead To Rights est une série malchanceuse. Poussée par Namco qui espère se faire quelques yens supplémentaires en la présentant comme un mix entre Max Payne et... Max Payne, la saga n'a jamais eu les moyens de ses ambitions, sûrement à cause d'une absence de popularité digne de ce nom. Malgré tout, après un second épisode en dents de scie, voici un nouveau volet à destination de la PSP. Comme de coutume, on y retrouve messire Jack accompagné de son toutou Shadow, toujours prompt à redresser les babines pour croquer un malfrat bien dodu.
Avant de débuter ce test, une petite précision s'impose. Bien que Dead To Rights Reckoning soit exclusif à la PSP, il ne faut surtout pas voir en ce jeu un épisode original qui s'émancipe suffisamment pour faire oublier les deux premiers opus sortis sur consoles. Pour clarifier la situation, on dira que le jeu reprend 90% des décors de Dead To Rights II (sans même un petit remerciement à WideScreen Games, sympa...) tout en s'appuyant sur un scénario inédit et bourré de poncifs, la marque de fabrique de ce jeu d'action. Ainsi, l'aventure commence alors que Jack Slate (flic intègre au service de la ville de Grant City) vient de recevoir une lettre anonyme l'invitant à se rendre dans un bar lugubre. S'il ne répond pas à cette mystérieuse requête, une jeune fille perdra la vie. Voilà, voilà, voilà, et si on parlait du jeu ? Oui, je crois que c'est une bonne idée. Comme annoncé plus haut, Dead To Rights est un jeu d'action dans la droite lignée de Max Payne. On avance, on tire (le plus souvent au ralenti), on avance à nouveau et on assiste à quelques scènes cinématiques qui essaient tant bien que mal de relayer des bribes de scénario. Malheureusement, le jeu n'a pas vraiment la classe du hit de Remedy et si on a bien droit à quelques ajouts de gameplay, ce n'est pas vraiment suffisant pour se poser comme une alternative valable aux frasques désoeuvrées de Max. Est-ce à dire que Dead To Rights Reckoning n'a aucun intérêt ? Oui et non.
Si on y réfléchit, on aura tendance à être un peu plus indulgent avec cet épisode qui marque les débuts de la série sur consoles portables. Pourtant, après une dizaine de missions, on a tendance à soupirer et ce avec la meilleure volonté du monde. Ceci est dû au fait qu'on a droit à un jeu qui se veut la réplique quasi exacte de Dead To Rights II, problèmes compris. De fait, ce n'est pas nécessairement le découpage en chapitres qui énerve mais bel et bien les problèmes de gameplay qui sclérosent grandement le plaisir du joueur. Le plus embêtant d'entre-eux est sans doute le système de lock qui est complètement à revoir. Ainsi, il arrive souvent qu'on soit face à un ennemi qu'on désire verrouiller (en appuyant sur la touche R) sans pouvoir le faire. Pour être plus précis, il est fréquent que dans ces cas-là, Jack se retourne et cible un objet (bidon, voiture...) situé à 20 mètres de nous. On aura donc tôt fait de se tourner à nouveau et d'appuyer à nouveau sur la touche adéquate pour viser l'ennemi. Si le tout peut être embêtant lorsqu'on est face à un seul adversaire, c'est extrêmement prise de tête quand cinq ou six ennemis nous entourent. La seule solution dans ces cas-là sera d'utiliser le mode Bullet Time pour arroser tout ce qui bouge dans un effet de ralenti à faire décharger Joel Silver. N'oublions pas non plus notre canidé préféré, Shadow, qui pourra attaquer (et ramener des armes à son maître) si on lui en donne l'ordre. Enfin, la dernière possibilité qui nous est donnée consiste à désarmer un malfrat pour le mettre à mort ou lui piquer sa pétoire.
Hormis ce souci de lock, la jouabilité reste assez bonne dans l'ensemble. On aurait aimé quelques armes supplémentaires (le jeu en comptant seulement 8 parmi lesquelles un pistolet mitrailleur, un fusil d'assaut, un revolver ou un fusil à canon scié) mais Shadow apporte une certaine originalité, même s'il faudra attendre un petit moment avant de "réutiliser" votre compagnon à quatre pattes. Dommage en revanche que l'IA des ennemis soit aussi mauvaise. En effet, on a bien du mal à ne pas sourire devant ces chenapans ne bougeant pas d'un iota, ne nous tirant pas dessus ou au contraire nous chargeant comme des malades sans éviter nos tirs. Malgré tout, les plongeons sphériques au ralenti sont bien rendus et permettent de toucher davantage d'ennemis, tout en vous octroyant des points supplémentaires qui ne servent qu'à gonfler votre score. Dans tout ça, le mode Histoire se termine un peu trop rapidement mais on remerciera tout de même les développeurs qui ont revu la difficulté à la baisse depuis Dead To Rights II. En outre, si vous jouez en Normal ou Difficile, vous pourrez débloquer des bonus (arènes, costumes, personnages) à chaque fin de mission qui vous serviront dans les modes Multijoueurs. Ceux-ci proposent deux challenges (Match à mort et Dernier Debout) qui peuvent se jouer de 1 à 4. Voilà à peu près tout ce qu'il y a à dire sur ce titre qui n'apporte quasiment rien à la saga. Hormis la réalisation technique qui est de bonne facture, le scénario lénifiant, la repompe des décors de Dead To Rights II et les soucis de caméra, d'IA et de lock nous font dire que cette franchise n'est pas prête à s'imposer sur un support où on attend d'ores et déjà un certain Syphon Filter.
- Graphismes12/20
Le moteur 3D de Dead To Rights : Reckoning permet au jeu de tourner correctement même si on regrette que les développeurs n'aient fait que reprendre tous les décors (assez moyens) de Dead To Rights II. Les mouvements de Jack sont peu nombreux mais il est toujours très classe d'effectuer un plongeon pour monter sur une simple caisse. En revanche, l'effet de ralenti est bien rendu et si notre héros est un peu raide sans ses déplacements (avec un petit côté Playmobil), le rendu graphique est dans l'ensemble agréable.
- Jouabilité11/20
On tue un bad guy, on récupère son arme, on n'oublie pas de prendre des gilets pare-balles et des trousses de soin, on envoie Shadow mordiller l'adversaire et enfin on saute au ralenti histoire de montrer qu'on peut être classe en toutes circonstances. Dommage que l'IA des ennemis soit proche du néant, que le lock ait d'énormes problèmes et qu'on ait parfois droit à quelques soucis de caméra bien gênants.
- Durée de vie11/20
Terminer le mode Histoire se révèle beaucoup plus simple sur PSP que sur consoles de salon. Malheureusement le potentiel de refaisabilité est nul et ce ne sont pas les deux défis Multijoueurs qui viendront gonfler la longévité du titre.
- Bande son9/20
Aucune voix, des bruitages qui manquent de pêche et des musiques aux sonorités bien trop neutres. La bande-son de Dead To Rights ne semble pas avoir été le souci principal des développeurs.
- Scénario/
Dead To Rights Reckoning n'est pas un mauvais bougre mais son manque de finition saute aux yeux. Reprendre le travail réalisé pour Dead To Rights II passe encore mais pourquoi ne pas avoir fait évoluer le matériau de base en l'expurgeant de ses bugs ? En fait, Rebellion n'a fait que singer le titre de WideScreen Games sans essayer de gommer les problèmes de caméra, de lock et d'IA. En résulte un jeu qui se laisse parcourir mais qu'on aura bien du mal à conseiller.