Attendu comme un messie à la forte poitrine, Dead or Alive 4 arrive enfin dans nos froides contrées auréolé de sa sulfureuse réputation. Tenant pour certains de simple prétexte à un défilé de jeunes filles aux atouts démesurés, le titre de Tecmo est toujours resté un peu en retrait des mastodontes que sont Tekken, Soul Calibur ou encore Virtua Fighter. Pourtant, ce petit être fragile n'est pas dénué de points positifs, loin s'en faut. Catapulté directement au rang de jeu culte avant même sa sortie, parviendra t-il à se muscler suffisamment les épaules pour supporter ce poids vidéoludique ? La réponse en mots et en images.
Que ceux qui en doutaient se rassurent, Kasumi ne les a pas abandonnés lâchement à un sort peu enviable, confrontés à une réalité bien moins exotique. Vecteur d'un véritable phénomène de société, la jolie japonaise de DOA 4 est en quelque sorte le chef de file du renouveau de la série qui l'a vu naître. Car, à défaut de proposer une véritable révolution ludique, le soft prend le pari d'innover au sein même de ce qui fait sa force, à savoir son gameplay atypique. Pour les non-initiés, la saga de Tecmo a toujours réussi à se démarquer par une approche des combats assez spéciale, misant son dynamisme sur des contres fulgurants et un système de combo ne laissant aucune part à une concentration défaillante. On retrouve donc ici cette particularité poussée dans ses derniers retranchements, visiblement fière d'inaugurer la nouvelle génération. En effet, le premier aspect qui surprend lors des rixes demeure ce rythme furieux et intransigeant que l'on ne peut apercevoir normalement que dans le monde des jeux de baston 2D. Après des épisodes 2 et 3 assez poussifs malgré des enchaînements détonants, Dead Or Alive 4 sort de sa somnolence relative pour secouer le joueur et lui crier haut et fort que la contemplation passe désormais en second plan. C'est donc étonné par ce changement de direction mordant que l'on pénètre plus profondément dans les méandres du soft afin d'en découvrir les subtilités. Un voyage particulièrement enrichissant, notamment en ce qui concerne les modifications habilement dissimulées du système de contre. Intuitif et éminemment accessible dans les opus précédents, ce dernier conserve sa facilité d'appréhension tout en devenant toutefois bien plus "sauvage". Répondant de façon stricte et hautement rigide à un timing ultra précis, les contres s'avèrent désormais peu aisés à sortir, vous demandant une attention de tous les instants et une réponse quasi immédiate à la moindre esquisse d'assaut. De fait, et même si pour le coup les chorégraphies se révèlent moins hachées, on peine sérieusement à aboutir à un fonctionnement totalement cohérent à l'aide des contres. Devenant de ce fait plus austère, voire plus technique, le jeu de Tecmo perd un tantinet son aspect ouvertement festif pour un côté spectaculaire et hargneux.
Pourtant, et mis à part cette évolution des contres à la portée discutable, le titre suit religieusement la ligne de conduite de ses fameux aînés. Certes plus nerveux et superbement impulsif, il n'en reste pas moins critiquable au niveau de la gestion des combinaisons de coups, sorte de fatalité s'abattant sur le joueur innocent. Pour résumer la situation, s'il vous arrive de subir un enchaînement de 7 ou 8 frappes, il vous sera pratiquement impossible de vous en extirper avant d'en voir le bout et de mordre le sol sans conviction. Une habitude assez dérangeante qui pousse à maudire une I.A extrêmement agressive dès le niveau de difficulté normal, ne vous offrant que peu d'alternative de combat. Il est sincèrement dommage de ne pas disposer de breaks offrant une dimension supplémentaire et permettant surtout de briser une frustration naissante au gré des affrontements. Cependant, on suit ce chemin pavé de pugilats avec grand plaisir, progressant avec envie de duel en duel, avide de cette sensation d'adrénaline ébouriffante. Mais est-ce suffisant pour faire d'un jeu de combat une référence ? Il semble bien que non. En effet et même si ce plaisir s'incruste en nous, il s'évanouit relativement vite devant les défauts énoncés ci-dessus et laisse une impression mitigée. Nous sommes évidemment devant une évolution salvatrice de la série, mais on attend encore les véritables nouveautés qui lui permettront de passer un palier. Heureusement, on se console lestement avec la galerie d'attaques singulièrement impressionnante associée à chaque personnage, offrant une variété dans les mouvements et une "plastique" combative fascinantes.
Un adjectif qui pourrait d'ailleurs s'appliquer avec justesse à la qualité graphique du jeu, allant même jusqu'à être bluffante au creux de certains environnements. Profitant avec joie des capacités de la Xbox 360, Dead Or Alive 4 nous offre une véritable ouverture technologique faisant prendre conscience de l'arrivée de la nouvelle génération vidéoludique, de la même manière que l'ont fait Kameo ou encore Project Ghotam Racing 3. Si on remarque encore quelques enchevêtrements de polygones lors de certaines prises et quelques textures de moyenne qualité dans un nombre réduit de tableaux, l'ensemble du soft mérite le respect tant il offre une adéquation entre le photo-réalisme des décors, la représentation des matières textiles, et surtout l'animation. Rarement des combattants ont bougé de manière si fluide, sublimés par une décomposition des mouvements purement stupéfiante. Un étonnement qui ne fait que s'étendre avec la vision de niveaux prenant place au sein d'une vallée arrosée d'une cascade merveilleuse ou encore dans un Kyoto baigné de pétales de fleurs de cerisiers blancs. Un émerveillement réel qui a toutefois tendance à côtoyer des visages peu expressifs et quelques destinations bien moins convaincantes, comme énoncé plus haut. Néanmoins on se laisse prendre sans mal à ce voyage onirique et l'on parcourt le soft le sourire aux lèvres en espérant découvrir des terres encore inconnues. En effet, cet opus conserve le passionnant système des aires de combat à plusieurs niveaux, vous autorisant à passer de l'une à l'autre de différentes manières. Il vous arrivera donc de projeter votre ennemi ou d'être vous-même projeté à travers une vitre vous conduisant à atterrir violemment dans une salle annexe auparavant invisible. Jouant dans la cour de l'aspect clairement spectaculaire véhiculé par DOA 4, ce fonctionnement amène également une dynamique exceptionnelle et une lecture cinématographique non négligeable.
Pourvu une nouvelle fois d'un système d'enregistrement de vos performances physiques, le soft de Tecmo vous donne l'occasion de revoir vos plus beaux affrontements afin d'entretenir un côté narcissique difficilement dissimulable. Vous pouvez vous complaire de ralentis, d'arrêts sur image, de gros plans et d'autres pirouettes de montage qu'il vous incombe de prendre en main. Un moyen sûr de revoir ses erreurs ou de simplement admirer les chorégraphies et les postures. A côté de cela, les vieux modes font de la résistance un peu trop active, semblant ignorer le désir de changement des joueurs. On retrouve du coup les célèbres Time Trial, Survival et Story, heureusement accompagnés d'un mode online assez riche et intéressant malgré sa carence d'originalité. Si le classicisme est définitivement au rendez-vous, vous parviendrez tout de même à trouver dans Dead Or Alive 4 de quoi vous occuper quelques journées si tant est que vous cherchiez à dénicher des costumes inédits et surtout à maîtriser ne serait-ce qu'un personnage, ce qui est déjà une lourde tâche. Au final donc, et malgré une réalisation de haute volée, un gameplay tourbillonnant et prenant profondément, DOA 4 souffre de son manque d'évolution notable et de ses quelques lacunes héritées de ses ancêtres. Variant les plaisirs, offrant enfin des décors à l'interactivité éminemment poussée, ce dernier aurait pu facilement créer une vague de contentement. Mais ce n'est malheureusement pas le cas, se plaçant "seulement" dans la classe des très bons jeux. C'est Kasumi qui ne va pas être contente.
- Graphismes17/20
Parfois magnifique, parfois sublime, et de rares fois un peu décevant, Dead Or Alive 4 est purement et simplement le plus beau jeu de combat sur console cette année. Bien moins recherché au niveau du design que Soul Calibur 3 par exemple, le titre de Tecmo puise sa force dans son photo-réalisme et la gestion fascinante des sources lumineuses. De plus, les modèles humains s'avèrent de grande qualité, contrastant avec les visages assez peu expressifs.
- Jouabilité15/20
Furieux et intense, le gameplay de Dead Or Alive 4 marque un réel changement avec celui de ses prédécesseurs au niveau de la vitesse de jeu et surtout du système de contre. Ce dernier devient d'ailleurs bien moins agréable à utiliser, sacrifiant le goût du plaisir immédiat à celui de la technicité ultra précise. Un changement déstabilisant, laissant une impression mitigée. Mis à part cela, les très nombreux coups sortent avec grande facilité et laissent le champ libre à des combos très (trop) destructeurs.
- Durée de vie14/20
Assez limité dans ses modes de jeu, DOA 4 possède néanmoins quelques petites subtilités poussant à s'accrocher à lui passionnément. Tout d'abord, si vous désirez débloquer l'ensemble des personnages et des costumes disponibles vous pouvez aisément réserver quelques après-midi "studieuses". Encore davantage d'ailleurs si votre objectif est de maîtriser l'ensemble des combattants. Ensuite, la présence d'un mode online vous laissera expérimenter vos techniques face au monde entier.
- Bande son15/20
Très agréable et pêchue, la bande sonore de DOA 4 pousse au combat sans jamais se révéler étourdissante ou redondante. Possédant une variété de styles assez imposante, celle-ci se prête volontiers à une écoute seule, sans que cela lui porte atteinte. Le doublage est quant à lui de bonne qualité, même si certaines voix ne collent pas vraiment aux personnages, et que les petits cris plaintifs des demoiselles finissent par devenir clairement dérangeants.
- Scénario/
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Arrivant avec un habit déjà cousu par le bouche à oreille et les attentes du public, DOA 4 semblait être une sorte de révolution du jeu de combat, prêt à écraser toute concurrence. Si ce constat s'avère correct d'un point de vue plastique, il n'en reste pas moins que quelques lacunes font leur apparition, empêchant le titre de se hisser dans les sommets de ce genre très disputé. Magnifique, puissant, rythmé, furieux, mais également assez statique dans son évolution, le titre de Tecmo ne parvient pas à surprendre malgré sa bonne volonté. Un très bon jeu qui aurait peut-être mérité plus d'attention. Un petit mot pour finir, pensez bien à régler votre console sur le mode 60 Hz avant de commencer à jouer.