Miss Rayne doit à son statut d'être mi-vampire mi-humaine toutes sortes d'avantages. Ainsi elle ne souffre pas des affres du temps et des rides et n'a pas besoin de dormir. Bon c'est sûr, elle est un peu obligée de se nourrir salement et d'être constamment affublée de deux énormes couteaux Ginsu 2000 scotchés aux bras, mais que voulez-vous, on n'a rien sans rien en ce triste monde.
Finies les tristes années noires de la Seconde Guerre mondiale, cette année, Rayne rejoint le monde moderne dans sa lutte contre les viles créatures de la nuit que sont ses proches cousins les vampires. La plantureuse chasseuse toute de cuir vêtue repart donc au combat dans un beat'em all toujours aussi sanglant, voire même encore plus. Sur le fond, les connaisseurs du premier volet retrouveront rapidement leurs marques en manipulant Rayne qui se nourrit toujours de manière aussi lascive à même la jugulaire de ses adversaires, avant de leur planter ses deux joncs d'acier dans l'abdomen. On doit cependant noter l'apparition de deux nouveaux accessoires de mode dans la panoplie de la donzelle, en commençant par son harpon grâce auquel elle peut désormais se saisir d'un ennemi et le projeter, de préférence sur un élément pointu du décor. Des actions contextuelles nombreuses et sympathiques avec lesquelles on sera souvent amené à jouer, en balançant des vampires dans une benne à ordures pour la faire exploser ou dans un feu de cheminée, par exemple. Amusant. On notera d'ailleurs que l'interaction avec les décors concerne également les déplacements de Rayne qui est aujourd'hui capable de se balancer façon Prince Of Persia et même de glisser sur des rails (oui, comme Tony Hawk).
Autre ajout cosmétique, une arme à feu, ou plutôt à sang puisque les pistolets dragons utilisent l'hémoglobine en guise de munitions et qu'il faudra donc les nourrir au même titre que Rayne. Des armes assez contraignantes puisqu'ayant le cruel défaut de s'alimenter aux veines de leur propriétaire lorsqu'elles sont à sec. Et leur utilité finalement très relative en combat en fait un ajout assez dispensable, en dehors de quelques situations précises où leur usage sera obligatoire.
Penchons-nous donc sur ce qui fait le coeur du jeu : la baston. Adoptant une esthétique des combats assez stylée, Blood Rayne 2 offre des combos plutôt percutants et des mises à mort lors des morsures particulièrement sanglantes, allant jusqu'à trancher en deux dans le sens de la hauteur la victime clairement pas consentante. Malheureusement, ces combos pour jolis qu'ils soient ne sont pas tellement nombreux - une douzaine - et on en fait assez rapidement le tour. Un problème qui renvoie directement à celui du premier opus, à savoir que Blood Rayne 2 se montre d'abord séduisant avant de s'installer dans une confortable redondance aux accents un peu trop lassants. On parvient néanmoins à se satisfaire de ces attaques bien rendues et aux effets dévastateurs, prouvant que Rayne sait entretenir ses lames qui ne craignent ni les légumes, ni les clous rouillés et certainement pas les os.
Afin de compléter ses possibilités d'action, notre aguicheuse démembreuse dispose de pouvoirs pas très normaux, dits paranormaux dans le jargon des médiums. Des pouvoirs bien sûr limités par une jauge de Rage que l'on remplit notamment par le biais des mises à mort pendant que l'on se nourrit. Le mode Rage lui permet ainsi d'utiliser de nouvelles attaques plus puissantes que les attaques simples, pendant que la Célérité fera office de bullet time arrangé. Enfin, la curieusement nommée vision dilatée donnera à Rayne la possibilité de voir ses ennemis à distance ou de repérer les chemins à emprunter. Pratique quand votre objectif se cache dans un level design pas toujours très limpide. Profitons en effet de la transition pour signaler que les phases de plates-formes acrobatiques sont parfois un peu confuses.
Comme je le disais, Blood Rayne 2 a vraiment de quoi séduire mais s'essouffle malheureusement un peu vite. En premier lieu, certains lui reprocheront un manque de variété dans les combats trop limités. Mais c'est sans doute essentiellement son niveau de difficulté qui lui fait défaut. Du côté de l'exploration, malgré une ou deux zones peu claires, le joueur est trop assisté par des cut scens qui lui montrent d'emblée ce qu'il a à faire, ainsi que par la fameuse vision dilatée qui donne de suite la réponse. Quant aux combats, il est rare qu'ils posent de réels problèmes. Même contre une horde d'ennemis, Rayne est trop bien équipée pour survivre, le mode Rage mettant sérieusement à mal ses adversaires. Seuls quelques boss parviendront à opposer une véritable résistance. Et une attaque comme le Ghost Feed qui permet d'envoyer son âme se nourrir pendant qu'on se bat ne donne guère de chances supplémentaires aux vilains. Un problème qui ne fait que renforcer la petite sensation de lassitude déjà évoquée. Pour autant, on ne condamnera pas le jeu qui a de quoi attirer les amateurs peu exigeants en quête d'un titre assez gore et passablement divertissant.
Petit point sur la réalisation qui varie selon les supports avec une Xbox qui accueille la version le plus présentable du jeu, offrant des graphismes plus fins et colorés pendant que la version PS2 souffre d'une définition moins précise et d'un brin d'aliasing. La déclinaison PC quant à elle fait un peu trop penser à un portage Xbox pour convaincre pleinement. Quoi qu'il en soit, on regrette la présence de bugs de collision sur tous les supports et de clipping.
- Graphismes14/20
Plus colorés et offrant un rendu plus détaillé, la version Xbox est un cran au-dessus de sa cousine PS2, rien d'étonnant dans tout ça. Globalement, le titre affiche une animation correcte, qui ne souffre que de rares saccades mais de quelques bugs de collision toujours déplaisants.
- Jouabilité14/20
Simple à prendre en main, le titre offre une bonne dose de baston sanguinolente et défoulante mais par manque de variété dans ses combos et par sa trop grande facilité, il laisse s'installer une vilaine répétitivité qui gâche l'expérience. Notez que sur PC, un pad est vivement recommandé.
- Durée de vie12/20
Linéaire et assez facile, Blood Rayne 2 occupe tout juste une petite dizaine d'heures. Une petite moyenne dans le genre.
- Bande son13/20
Pas vraiment le point fort du jeu qui ne contient que des thèmes assez anecdotiques et des effets un peu trop exagérés. Le doublage très stylé arbore un aspect kitsch plutôt amusant.
- Scénario/
Au final Blood Rayne s'en sort mieux que son aîné sans pour autant nous arriver exempt de défauts. Un peu trop radin sur les combos et l'originalité, il compense par quelques actions contextuelles divertissantes. Sa réalisation mi- figue mi-raisin n'empêchera pas les amateurs de la première heure de trouver là un petit jeu agréable.