Abonnée aux lancements des Playstation, la série Ridge Racer fait une infidélité à Sony en choisissant pour premier terrain de glisse la Xbox 360 afin d'être une nouvelle fois pionnière en matière de jeu de courses nouvelle génération. On attendait donc beaucoup de ce nouvel opus, devant à la fois s'appuyer sur les grosses capacités techniques de la console de Microsoft tout en proposant un gameplay toujours plus fun et accessible. Mission accomplie ?
Si l'on devait apparenter ce sixième volet de la série au plat d'un copieux repas, ce serait certainement au dessert. En effet, les fans de Ridge Racer retrouveront dans ce titre tout le plaisir qu'ils ont ressenti dans chacun des opus précédents, à savoir une impression de vitesse incroyable, notamment lorsque l'on maîtrise son bolide, et le sentiment d'être impossible à arrêter après avoir enchaîné une succession de virages à quatre-vingt dix degrés à plus de 250 km/h. Ici, toute notion relative au pilotage classique est mise de côté, laissant la place à l'instinct qu'est celui d'un habitué du drift, ayant toujours ou presque une solution de secours pour se tirer d'un mauvais pas ou pour corriger une trajectoire paraissant pourtant impossible à rattraper. Justement, dans Ridge Racer 6, rien n'est impossible. Le délire des dérapages est poussé à son paroxysme, agrémenté d'une utilisation de la nitro particulièrement stratégique et indispensable afin de décrocher la première place face à treize concurrents avides de victoires. C'est aussi l'un des rares jeux où l'on passe plus de temps en travers, face aux rails de sécurité qu'au centre de la piste, dans le sens du tracé. C'est pour ça, aussi, que Ridge Racer est unique.
En prenant connaissance des modes de jeu qui nous sont proposés, on se rend compte que tout reste très collé à l'univers Ridge Racer et qu'aucune surprise notable n'est au rendez-vous. Ainsi, en plus du mode Explorateur (successeur du World Tour), on retrouve des courses simples, des contre-la-montre et des modes multi, aussi bien Online qu'Offline. Cela paraît peu novateur mais on remarque vite que l'étendue des possibilités disponibles en multi et les 111 courses du mode Explorateur nous tiendront en haleine un paquet d'heures. Il est tout de même dommage qu'on ne dispose pas d'un plus grand nombre de circuits (une quinzaine) et que les éternels "Reverse" soient toujours au goût du jour, rendant le tout légèrement répétitif et gonflant artificiellement la longévité du jeu. On se venge donc sur la centaine de courses à remporter (oui, hein, finir troisième ne suffit plus !) représentées par des icônes de forme hexagonale et toutes reliées entre elles de sorte à créer différentes zones plus ou moins grandes donnant accès à de nouvelles voitures. Il est donc aisé de voir où en est notre progression d'autant que chaque course a son numéro et qu'il est possible de les enchaîner dans le désordre si l'on peine quelque peu à voir le bout de l'une d'entre elles. La navigation est agréable et pertinente, tout comme l'ensemble des menus, très ergonomes et plutôt faciles à parcourir.
Ridge Racer 6, ce n'est pas que le gratin de la série, c'est aussi quelques nouveautés qui font la différence même si elles ne sont pas nombreuses. Ainsi, lorsque les bonbonnes de nitro se remplissent, il nous est possible de choisir de les utiliser une par une ou bien d'en sélectionner deux ou trois à la fois afin de prolonger la durée et l'importance de l'accélération, affichant au passage des flammes de différentes couleurs et un effet de flou pour le moins saisissant, ce qui rajoute un peu de folie à des décors plutôt basiques et pas franchement transcendants pour de la Xbox 360. Le drift est un style de pilotage à lui tout seul mais il existe dans Ridge Racer 6 différentes façons de l'aborder de sorte à ce que chaque joueur puisse démontrer ses talents en fonction de la manière qu'il a de contrôler son véhicule. En effet, en plus d'être classées selon cinq catégories de plus en plus puissantes, les voitures n'ont pas toutes la même propension à glisser. A vous de choisir entre quatre types de dérapage : faible, standard, dynamique et spécial. Cela a le mérite de nous laisser quelques alternatives en fonction du circuit et de sa difficulté. Difficulté qui est d'ailleurs plutôt faible pendant les premières courses, mais qui a tendance à grimper rapidement, d'autant que l'I.A. profite allègrement de la moindre de nos erreurs de conduite pour filer vers la plus haute marche du podium.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le pilotage cache quelques subtilités derrière son apparente facilité. Bien que la voiture continue inlassablement à tourner autour d'un axe, elle requiert davantage notre attention qu'auparavent lorsqu'il s'agit de reprendre sa place au centre de la piste. Ainsi, il est désormais nécessaire de contre-braquer au moment opportun, sous peine de ne pouvoir éviter les rails de sécurité et d'avoir un mal fou à repartir sans constater l'effet plutôt pénible de rebondissement du bolide contre le mur si l'on ne relâche pas assez tôt l'accélérateur. De plus, prendre des risques est largement récompensé puisque réaliser de jolis dérapages pendant l'utilisation de la nitro permet de remplir assez rapidement chacune des trois bonbonnes, l'essentiel étant de parvenir à garder le cap sous la pression des adversaires. Enfin, sachez qu'il est toujours possible d'effectuer un départ en trombe en maintenant le régime du moteur entre 6 000 et 8 000 tours (en fonction de la puissance de la bête) et en accélérant au moment du départ, ce qui fait gagner quelques hectomètres sur nos concurrents, qui, bizarrement, utilisent de la nitro dès les premiers instants de la course alors qu'ils n'ont eu aucune occasion de remplir leurs bonbonnes. On passe donc son temps à tenter de trouver le bon compromis entre vitesse et maîtrise du dérapage, ce qui peut tantôt découler sur un plaisir véritablement énorme, tantôt sur un arrachage de cheveux car un certain nombre de circuits demande un timing impeccable et une connaissance poussée du tracé. En conclusion, un fan du genre adorera, un sceptique le restera mais tous deux seront d'accord pour y trouver un pilotage instinctif et finalement simple et subtil à la fois.
- Graphismes14/20
Le titre de Namco n'est pas une perle graphique puisque sa réalisation, bien que ne souffrant à aucun moment de l'aliasing, reste plutôt quelconque, sans avancer un nombre considérable de détails. Les textures sont cependant soignées mais il aurait fallu que ce soit le cas de tout ce qui entoure les pistes, les arrière-plans étant assez banals, mis à part le ciel, particulièrement réaliste.
- Jouabilité16/20
Les premiers tours de roues pourront en surprendre plus d'un puisqu'on a l'impression de ne rien maîtriser et de devoir faire avec une savonnette, ne demandant qu'une chose, déraper à chaque fois que l'opportunité se présentera. Mais, après quelques minutes de pratique, on prend vite conscience que le gameplay est vraiment bien pensé, subtil et très instinctif.
- Durée de vie16/20
111 courses en mode Explorateur, une quinzaine de circuits et plus de 130 voitures, il y a de quoi faire avec ce nouvel opus d'autant que les modes multi apportent pas mal au contenu. En revanche, il est possible que certains y trouvent un aspect répétitif légèrement dérangeant, c'est en fonction des goûts.
- Bande son16/20
Outre la voix anglaise du speaker qui s'extasie devant vos prouesses, les courses sont accompagnées de musiques techno parfaitement bien dans l'ambiance du jeu et de quelques sonorités de moteurs assez discrètes mais convaincantes.
- Scénario/
Alors qu'il sera l'épisode de la confirmation pour les fans de la série, ce dernier volet ne déchaînera pas les passions chez des joueurs moins assidus, malgré le plaisir que l'on retire à user et abuser de l'art du drift. Graphiquement en deçà de ce que l'on espérait, il reste tout de même un très bon jeu d'arcade, divertissant et proposant un pilotage aussi subtil qu'accessible.