En cette période d'après fêtes de fin d'année, nombreux sont ceux qui ont aperçu récemment un bon vieux poulet, farci ou simplement cuit au four. Soit il était calme dans son statut de volaille cuite, ce qui est normal, soit il parlait de la crise pétrolière en fin de repas, ce qui l'est déjà moins. Outre le fait que l'alcool puisse être le responsable de ce comportement, qui pourrait croire qu'une vulgaire poule parvienne à montrer ne serait-ce qu'un signe d'intelligence ? Si vous pensez cela c'est que vous n'avez pas vu Chicken Little. Comme quoi, même les animaux les plus débiles ont au fond d'eux quelque chose qui fait mal. Notre petit héros ne le sait d'ailleurs que trop.
Assumant avec peine son statut de loser attitré, affublé des grosses lunettes visiblement de circonstance, Chicken Little (c'est son nom) poursuit son destin en étant également l'intello de service. Comme ce dernier sent bien qu'il a tout gagné, il décide de vivre de ses passions et s'enfonce de plus en plus dans des délires entre amis. Jusqu'au jour où il rencontre véritablement des êtres venus d'ailleurs. Bien entendu, le voici propulsé dans une aventure au-delà de ses espérances dans laquelle il va se dévoiler et devenir un héros. Une certitude qui permet de présenter le jeu tiré du film lui-même tiré des cerveaux en ébullition de chez Disney. Car dans cette expédition de pixels et de sprites vous allez être confronté à de multiples dangers, essayant plus ou moins brillamment de les dépasser, en accord avec la trame du long métrage, du moins ce qu'il en reste. En effet, pour les personnes qui ne l'ont pas vu, et n'en ont pas vraiment entendu parler, le déroulement du soft reste chaotique et sans aucun indice quant à l'enchaînement d'évènements incompréhensibles. Même les petits spectateurs avides de cette production Disney devront sans doute s'accrocher pour mettre de côté l'absence manifeste de liant à tout cet amas de bouts d'histoire rongés. Le jeu vidéo emporte l'esprit lorsqu'il possède une histoire forte ou un gameplay accrocheur. Quand ce dernier vient à manquer, il est plus que vital d'exposer une narration sans place laissée au hasard. Malheureusement, ce n'est pas le cas ici.
Surfant comme nombre d'adaptations destinées aux enfants sur l'éternel mélange entre plate-forme et action, le titre de Buena Vista ne cherche pas vraiment l'innovation et se contente de réutiliser de bons poncifs qui ont fait école. Mais quand cela est fait correctement, il n'y a pas de raison de s'en offusquer. De fait notre brave poulet, s'il se contente de sauter et d'ouvrir des mécanismes grâce à des leviers, le fait bien et se permet même d'apporter une petite touche personnelle à cette aventure. En effet, ce dernier dissimule un lourd secret, celui de posséder la capacité de se transformer en une sorte de héros intergalactique du nom de Commandant Ace. Sous cette forme, le poussin le plus "roots" du cinéma d'animation acquiert une force surhumaine et peut briser grilles, portes et rochers en un tour de main. Une aide très spécifique qui amène durant un très court laps de temps à varier le gameplay et à casser le rythme un peu morne du soft. Effectivement, et quand bien même le level-design s'avère convaincant, la linéarité des missions force le respect tant elle arrive parfois à rendre la progression soporifique. Certes, les jeunes enfants ne ressentiront peut-être pas l'étendue de cet aspect, mais les quatre ou cinq phases quasi identiques composant la majeure partie des douze niveaux du jeu, lassent aisément. A côté de ce triste état des lieux, on constate une jouabilité sans faille, autorisant le joueur à tenter les sauts les plus lointains et les attaques les plus folles sans retenue aucune. Le plaisir de jeu se diffuse alors par ce biais-là, réussissant à donner un intérêt réel à Chicken Little, bien loin des adaptations honteuses fleurissant ces derniers temps. De plus, de par la présence d'une difficulté suffisamment bien dosée pour offrir un challenge accessible aux jeunes joueurs, sans les prendre pour des incapables, le soft peut-être classé dans la catégorie "honnête" sans a priori.
Pour finir, il est plus qu'intéressant de bénéficier de plusieurs personnages jouables, permettant de varier l'approche des situations rencontrées. Outre Chicken et Ace (qui a d'ailleurs des niveaux entiers lui étant consacrés), vous retrouverez Fish, le poisson rouge sauvé par un casque de plongeur. Une équipe peu charismatique donc, mais qui laisse en liberté une variété que bien d'autres adaptations lui envient. Dans cette optique de travail rondement mené, on déniche en sus deux modes de jeu à la présence assez sympathique, à savoir une compétition de ballon-prisonnier et une course de voitures. Autant la première demeure agréable à joueur et détentrice d'une maniabilité étonnante, autant la seconde se montre relativement faible, tant au niveau de la construction que des sensations. Un bel essai mais qui n'aboutit qu'à moitié. Coloré, joyeux et respectueux de sa licence, le titre de Buena Vista peut se targuer de faire remonter la pente aux jeux tirés de films, s'embourbant sans cesse. Il conviendra aisément aux jeunes joueurs qui se laisseront porter par les différents gameplays et par l'ambiance. Néanmoins, et comme d'habitude, la précipitation semble avoir été de mise, notamment dans la lassitude éreintante et le manque de variété des environnements au sein d'un même niveau. Du coup, et même si la surprise s'avère présente, elle n'est pas suffisante pour faire de Chicken Little un vrai bon jeu.
- Graphismes12/20
Relativement fin, Chicken Little arbore des environnements chamarrés et enfantins très agréables, soulignés par une animation de bonne tenue. Malgré tout, on peut regretter les environnements peu variés du soft et surtout la limite entre premier plan et arrière-plan qui est certaines fois problématique lorsque l'on doit chercher pendant de longues minutes un chemin à emprunter.
- Jouabilité11/20
Doté d'une maniabilité sans faille et de la présence salvatrice de trois manières de jouer, le titre de Buena Vista Games s'avère bien au-dessus des récentes adaptations vidéoludiques de longs métrages animés. Pourtant, on ne peut passer outre le fait que les phases avec Ace demeurent répétitives, et que le rythme de jeu frôle la paralysie. C'est peut-être le côté Derrick de Chicken Little via ses grosses lunettes.
- Durée de vie10/20
Se finissant en cinq heures tranquillement, Chicken Little propose tout de même des mini-jeux qui pourront sauver la mise aux aventuriers n'ayant plus rien à se mettre sous la dent. Pourtant, l'impossibilité de s'y adonner à plusieurs brise un peu ce qui aurait pu être un sérieux atout. Dommage.
- Bande son7/20
Ressemblant aux glorieuses bandes sonores ayant officié sur Nes, celle de Chicken Little s'avère particulièrement maussade et manque de pêche. On ne se sent pas vraiment pris dans une aventure enfantine chaleureuse. De plus, tournant rapidement en boucle, la musique énerve rapidement et pousse à couper tout bonnement le son.
- Scénario/
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S'il est certain que Chicken Little ne restera pas dans les annales de la GBA, il s'avère toutefois nettement supérieur aux classiques adaptations bâclées de films d'animation. Maniable, assez joli, offrant plusieurs personnages et quelques mini-jeux, il tente de résister à la terrible malédiction de la licence. Cependant à cause de son déroulement soporifique, de son manque d'idées et de ses carences en construction, le titre de Buena Vista se perd dans les strates tout juste supérieures de la portable de Nintendo. Le poulet, c'est meilleur avec des oignons.