Après une période très morose, les jeux d'aventure semblent, depuis quelques années déjà, refaire surface. Ankh fait partie de cette nouvelle génération de titres point & click qui, à l'image d'un Runaway ou d'un Westerner, parvient à plaire aux joueurs que nous sommes en utilisant un ingrédient principal : l'humour.
Les plus connaisseurs d'entre vous remarqueront dès les premières minutes de jeu des similitudes entre Ankh et les vieux titres de LucasArts. Sur le plan humoristique tout d'abord, le jeu utilise les mêmes ficelles. Personnages hauts en couleurs, dialogues parfois décalés, situations loufoques... Tout est pensé pour remonter le moral du joueur en le faisant rire. Sur le plan graphique aussi, le jeu fait penser à des titres comme Escape From Monkey Island. Déjà de par le fait qu'il soit tout en 3D, mais aussi parce que cette dernière est loin d'utiliser les dernières technologies. Bon d'accord, elle peut paraître grossière si on la compare d'un point de vue strictement technique aux productions actuelles, mais sur le plan artistique, elle parvient à imposer son style qui est proche de BD comme Iznogoud. Le design est chaleureux, les couleurs sont vives et le petit effet de "flou" donne une profondeur à l'image très agréable. Bref, Ankh dispose d'une véritable personnalité esthétique dont peu de jeux peuvent se targuer.
Un des points les plus importants pour tout jeu d'aventure qui se respecte, c'est évidemment le scénario. Celui de Ankh joue à fond la carte de la dérision. Dès le début, on voit qu'on a affaire à un titre qui ne se prend pas au sérieux. Tout se déroule à l'époque de l'Egypte antique. Le joueur contrôle Assil, fils de l'architecte en chef du pharaon. Aimant par-dessus tout visiter les pyramides créées par son père, notre ami va organiser une petite fête dans l'une d'entre elles. Très vite, plusieurs urnes sacrées sont brisées ce qui va avoir pour conséquence de réveiller la momie maîtresse des lieux. Celles-ci va condamner Assil à une malédiction mortelle mais elle va aussi lui donner involontairement une étrange amulette. Il va donc falloir tenter d'en savoir plus sur cet artefact mais aussi mettre fin à la malédiction qui pèse sur les épaules de notre jeune héros. Dit comme cela, ça à l'air très sérieux, mais en fait, les situations auxquelles vous serez confronté prêtent à sourire. Ainsi, lors de vos pérégrinations, vous tomberez sur un magasin duty free improvisé au bord du Nil, ou encore sur une machine ayant pour fonction de laver automatiquement les chameaux (à l'image de ce que l'on fait aujourd'hui pour les voitures). Bref, on nage en plein délire.
Pour ce qui est du gameplay, là aussi on renoue avec les bons vieux principes du point and click. Oubliez les raccourcis claviers, oubliez les touches de plus en plus nombreuses des manettes et prenez en main votre souris car c'est d'elle que vous aurez besoin. Bon attention, car l'explication va aller très vite : le clic gauche sert à se déplacer et à observer l'environnement tandis que le clic droit sert à agir et à ramasser des éléments du décor. Et... c'est tout ! Ah si, il y a aussi la touche Tab qui ouvre votre journal. Hélas, et c'est l'un des petits défauts du jeu, celui-ci est assez succinct et n'indique que par une phrase très courte chaque objectif. On aurait aimé quelque chose de plus complet car en l'espèce, il est parfois difficile de se rappeler exactement le pourquoi du comment de ce qu'il nous faut faire et de ce que l'on a déjà fait. La difficulté principale du titre réside pourtant ailleurs. A l'image des jeux du genre, c'est la récolte et l'utilisation correcte des items qui peut poser problème. Déjà, il faut trouver les objets et ce n'est pas facile car ils sont parfois bien planqués dans le décor. La cause de blocage la plus courante surviendra donc parce que vous avez loupé un objet important. On est donc parfois contraint de balayer l'écran avec le curseur en espérant tomber sur l'item souhaité. C'est assez frustrant.
Ankh sait aussi faire preuve de bonnes idées. Ainsi, à un moment de l'aventure, vous aurez la possibilité de contrôler Thara, la fille de l'ambassadeur d'Arabie. Vous pourrez même switcher entre les deux personnages ce qui vous sera très utile pour franchir certains passages où la coopération entre les deux personnages est exigée. Sympa ! En outre, vous pouvez pousser un ouf de soulagement concernant la progression qui est toujours logique (enfin, si tant est que l'on puisse parler de "logique" pour un jeu dans lequel les momies utilisent des calculatrices et où l'on peut trouver des lampes à huiles de 40 Watts dans le commerce). Les combinaisons d'objets que vous aurez à effectuer dans votre inventaire n'ont rien d'impossibles et peuvent être aisément trouvées avec un minimum de réflexion. Et c'est là que survient un autre défaut : la fin arrive assez vite. A moins que vous ne bloquiez sur un objet que vous n'arrivez pas à trouver, vous avancerez aisément dans Ankh et vous arriverez au terme de l'aventure au bout de quelques heures. Rien de choquant cependant, puisque beaucoup de jeux du genre n'ont pas une durée de vie plus longue. Mais que voulez-vous, quand on aime, on voudrait toujours que ça dure plus longtemps. De toutes façons, comme Ankh est proposé à un prix très attractif, il n'y a pas à hésiter si vous aimez le genre.
- Graphismes15/20
Voilà un jeu qui prouve qu'il est inutile de mettre des millions de polygones, des effets de lumières partout et du pixel shading à outrance pour obtenir de jolis graphismes. Ceux de Ankh sont très plaisants grâce à leur look cartoon très prononcé. En plus, le design a vraiment du charme.
- Jouabilité15/20
Bon, on ne va pas dire que Ankh fait dans l'originalité. La jouabilité est simple mais néanmoins efficace. On peut remarquer quelques petits défauts tel qu'un journal un peu succinct et des objets trop bien planqués dans le décor, mais le gameplay ne connais aucune grosse lacune.
- Durée de vie13/20
Ankh n'est pas très long et il est dommage qu'il n'y ait pas plusieurs fins différentes pour motiver le joueur à refaire plusieurs fois l'aventure.
- Bande son16/20
Une bande-son fort convaincante. La musique est bonne et le doublage français très soigné grâce à la quinzaine de comédiens qui ont prêté leurs voix aux personnages hauts en couleurs du jeu. C'est par exemple Emmanuel Curtil (la voix française de Jim Carrey et Ben Stiller) qui double Assil et Barbara Delsol (Jessica Alba) qui incarne Thara.
- Scénario16/20
C'est agréable d'avoir affaire à un jeu qui ne se prend pas au sérieux : l'humour est omniprésent. Du gros premier degré, aux anachronismes, en passant par les références cinématographiques, historiques ou ludiques, tout le monde y trouvera son compte.
Pour un titre que l'on n'attendait pas, Ankh s'en sort très bien. Drôle, bien réalisé, au doublage français efficace, le jeu plaira certainement à un large public. Certes, on peut toujours y reprocher quelques petites broutilles et surtout sa durée de vie trop courte, mais force est de reconnaître qu'on passe un très bon moment en compagnie du jeune Assil.