Contrairement à ce qu'on pourrait penser en voyant le jeu tourner, Gene Troopers ne raconte pas l'histoire de soldats honteux mais celle d'une sombre histoire de modifications génétiques. Ah, il y a aussi un artefact un peu louche et des extraterrestres tous maigres et violets. C'est à peu près tout ce qu'on peut dire d'un scénario tellement mal mis en valeur qu'on ne comprend strictement rien à ce qui se passe. Les actions et les niveaux s'enchaînent dans une trame lacunaire, sans que quelques prétextes viennent justifier ce qui arrive. Il reste cela dit une chose à laquelle s'accrocher, les modifications génétiques qui permettent à notre héros de prélever des brins d'ADN, grâce auxquels il améliorera ses propres capacités. Santé accrue, capacité de régénération ou vision nocturne font donc partie des petites joyeusetés de ce soldat OGM. Ca, et le fait de pouvoir utiliser un gant anti-gravité, toujours utile lorsqu'on souhaite déplacer des caisses pour résoudre une énigme ou se croire dans Jedi Knight en faisant voler les ennemis.

Mon dieu que ce jeu pique les yeux. Je ne sais pas vraiment par quoi commencer. Probablement par ce qui fait le fond du jeu, son manque total d'intérêt. Nanti d'une architecture de niveaux à faire peur, enchaînant les couloirs labyrinthiques sur des plaines en ligne droite, Gene Troopers vous oppose des ennemis d'une rare bêtise à qui il arrive fréquemment de s'entretuer lorsqu'ils tentent de faire usage d'une grenade. Comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation, cette stupidité outrageante est compensée par une agressivité extrême et une précision au tir qui fait douter de la bonne foi des développeurs. Même les portes semblent jouer contre vous quand on voit le temps qu'il leur faut pour s'ouvrir. Au début, on en arrive à penser qu'elles sont toutes verrouillées.

On ne trouve résolument rien à sauver dans un gameplay qui a 10 ans de retard et qui doit en plus se coltiner une réalisation si mauvaise que j'en suis encore à me demander si le jeu n'est pas une parodie que je n'aurais pas saisie. Le premier choc sera visuel avec un design général assez douteux. Couleurs vives, bariolées et pas franchement assorties sont le lot permanent d'un titre dont les personnages n'ont absolument aucune allure. Et ne parlons pas de certaines armes dont on a du mal à penser qu'elles pourraient effrayer qui que se soit. Quant aux véhicules, le premier engin motorisé que l'on croise garantit une véritable crise de rire tant il ressemble à un gros engin télécommandé un peu kitch (notez d'ailleurs qu'il a des antennes, je me demande vraiment si ce n'est pas une parodie là).

Mais la palme du ridicule revient sans conteste au doublage qui compte parmi les pires qu'il m'ait été donné d'entendre, susceptible de créer des fous rires irrépressibles. Les personnages s'exprimant en français sont doublés n'importe comment par des acteurs visiblement très mal dirigés. Impossible malheureusement de retranscrire le résultat, mais, pour le ton désinvolte, imaginez une conversation autour d'un paquet de lessive entre un alien et un humain venant de se réveiller dans une cuve après avoir perdu sa fille et été génétiquement transformé. Sans compter que même le montage est foireux, ce qui nous vaut des changements d'intonations et de mixage entre deux phrases. Hilarant, mais peut-être pas autant que les ennemis qui m'ont poussé à mettre le jeu en pause, faute de pouvoir maîtriser les rires. Vous voyez comment s'exprime le diable de Tasmanie ? Et ben voilà, vous y êtes. En gros, dés que que vous tombez sur un alien de couleur violet/rose, vous avez droit à du "wouala, bouda fougna, gna prrrttt". Et je suis très sérieux là. Pendant un court moment, la chose est suffisamment intrigante pour nous forcer à jouer, mais vu que les autres ennemis arrêtent de le faire et sont moins drôles, fatalement, on laisse tomber et on retourne jouer à autre chose.