Il en faut peu pour faire un jeu. La grenouille rendue célèbre par les étranges sonorités sortant de sa bouche est devenue la star d'un jeu de course destiné aux supports PC et PS2. Autant le dire de suite, le bilan est pitoyable. Une fois de plus, n'oublions pas qu'un jeu ne se pond pas en quelques mois, juste pour reprendre un phénomène de mode tout droit sorti du net et converti en "musiques" à peine audibles...
"The annoying thing", nom de la grenouille bleue munie de ses lunettes d'aviateurs aurait pu être celui du jeu Crazy Frog Racer. En effet, ce qui est censé être un jeu de courses amusant n'est autre qu'une vulgaire production remplie de bugs et de graphismes médiocres, réalisée à la va-vite, histoire de ne pas être trop détachée du phénomène Crazy Frog, diffusé sur toutes les ondes en manque de morceaux dignes de ce nom. Si les animations des différents clips déjà réalisés pouvaient être agréables à regarder, il n'en est rien pour les décors du jeu, ne se résumant qu'à un piètre circuit où l'on choisit les portions à parcourir en guise de tracés. En grande panne d'inspiration, les développeurs de chez Neko Entertainment proposent un contenu bien faible aux environnements extrêmement banals et dénués de toute personnalité, accompagné d'un gameplay vraiment ridicule au point qu'on a l'impression qu'aucun bêta test n'a été effectué pour déceler les innombrables défauts de manipulation qu'on peut relever ici.
15 euros sur PC, 20 sur PS2, voici la fortune qu'il vous faudra dépenser pour vous procurer ce qui vous occupera une heure à tout casser. Dans le souci de vous informer au mieux, passons tout de même en revue les quelques modes de jeu disponibles. On a donc le choix entre championnat, course simple, contre-la-montre et poursuite en solo, pour des courses toutes plus semblables et ennuyeuses les unes que les autres. Le mode 2 joueurs n'apporte strictement rien, d'autant qu'on est obligés de jouer avec un écran splitté verticalement, ce qui n'est pas des plus pratiques, au contraire. Dans un menu très rapidement parcouru de fond en comble, on hésite longuement entre les 8 personnages disponibles tant ceux-ci manquent de charisme et ne nous inspirent absolument aucune sympathie. On se réfère donc à leurs caractéristiques classées selon quatre critères : la vitesse, l'accélération, la tenue de route et le poids. Je vous rassure, quel que soit le pilote que vous sélectionnez, vous ne verrez quasiment aucune différence à son comportement sur la piste puisqu'ici, on ne joue pas avec les forces de son poulain mais avec les faiblesses de l'IA. Après avoir choisi le niveau de difficulté (facile, moyen ou difficile), on arrive à l'écran de sélection des circuits, et là, on se rend compte qu'un seul lieu est proposé. En effet, ce qu'on appelle ici "circuit" n'est rien d'autre que les différentes portions du tracé. Quelle originalité !
Outre ces errances non négligeables, le jeu possède un gameplay des plus chaotiques qui soit. Par exemple, il arrive parfois qu'on ne voit le tracé qu'au dernier moment lorsqu'on arrive au sommet d'une côte, il faut donc soit ralentir (et donc se faire dépasser par tout le monde) pour rester sur la piste, soit continuer à accélérer mais risquer de ne pas parvenir à garder le cap et dans ce cas, sombrer dans le vide total bordant le circuit. En plus de cela, on ne peut à aucun moment regarder derrière nous pour anticiper une attaque ennemie puisque ces derniers sont particulièrement bien équipés. Comme eux, on dispose de 7 types d'armes différentes. Certaines nous permettent de pondre des bombes, d'autres de lancer des missiles ou encore de booster notre allure pour atteindre des vitesses atteignant les 500 km/h sans qu'on ait la moindre montée d'adrénaline. D'autres items à récolter sur la piste réparent notre bolide (prenez un véhicule classique et enlevez lui les roues, vous avez une monture de Crazy Frog Racer) afin qu'il n'explose pas en pleine course et mette fin de manière précoce à notre participation à celle-ci. Si l'on ajoute à cela les nombreux bugs (parfois, on reste coincé sur une portion complètement détachée de la piste après avoir effectué le saut de l'ange) et une bande-son plus que limite, Crazy Frog Racer restera dans nos mémoires comme un titre bâclé, incapable d'amuser ou de distraire une seule seconde.
- Graphismes5/20
Le design des 8 personnages jouables d'entrée est vraiment limite et peu inspiré, d'autant que deux d'entre eux sont quasiment identiques. L'unique circuit est un exemple de morosité, manquant cruellement de détails et ne proposant absolument aucune interactivité avec les décors. Le plus incroyable, c'est qu'on note quand même des ralentissements en mode 2 joueurs !
- Jouabilité4/20
Il est quasiment impossible de combiner vitesse et précision, on ne voit arriver les virages qu'au dernier moment et aucune indication nous permet de savoir dans quelle direction aller. En plus de cela, il faut faire avec des bordures parfois présentes et parfois non mais toujours invisibles, ce qui rend la tâche plus que compliquée. Ne parlons pas du mode 2 joueurs qui est une véritable catastrophe du genre.
- Durée de vie5/20
Un seul et unique circuit divisé en plusieurs tronçons, 4 modes de jeu quasiment identiques, pas de défis, juste 2 personnages à débloquer, voici le contenu ultra maigre d'un jeu qui aurait pu se rattraper un peu grâce à sa durée de vie mais ce ne sera pas le cas.
- Bande son3/20
Les musiques ornant les courses sont à la limite du supportable, ce qui n'étonnera pas grand monde. Le pire est certainement la navigation des menus où chaque pression sur une touche est accompagnée du gémissement de la grenouille. Gémissement qu'on retrouve d'ailleurs au niveau des personnages qui ne supportent pas d'être effleurés par les concurrents.
- Scénario/
J'ai l'immense honneur d'annoncer que Crazy Frog Racer est le gagnant du titre honorifique de première daube de l'année. Bien qu'on ne soit qu'au début 2006, il sera difficile de faire bien pire que cette production Neko Entertainment qui restera dans les annales pour son manque d'originalité. C'est laid, ennuyeux, injouable et beaucoup trop cher pour ce que c'est.