Comme chaque année, voulant nous faire croire qu'il n'a pas assez d'argent pour clore son budget, Nintendo sort son célèbre Mario Party. Sorte de concours de beauté de Toads, cette production connue de tous, qu'ils soient petits ou grands, jeunes ou vieux, fous ou sains d'esprit, se présente à nous dans son nouvel apparat. Enfin plutôt devrais-je dire dans son costume rapiécé des bouts de tissus arrachés la veille. Néanmoins, ce côté patchwork a aussi son charme d'un Noël sur l'autre...
Construite comme une espèce de jeu de l'oie ultime, la série des Mario Party incarne depuis de nombreuses années l'archétype du jeu multi entraînant et fascinant. Reposant sur des dizaines et des dizaines de mini-jeux, les différents titres de la série ont toujours su surprendre par leur inventivité et leur exhaustivité repoussées d'années en années. Néanmoins, à quoi pouvait-on s'attendre après l'apparition de la gestion du son via un micro offert avec l'opus numéro 6 ? Et bien honnêtement à pas grand-chose de plus. Cela tombe bien, c'est le cas. Attention, ne voyez pas là une attaque gratuite mais bien une constatation évidente. A force de pousser l'imagination dans ses derniers retranchements on finit forcément par se retrouver pris dans une spirale infernale aboutissant à un retour sur ses acquis. C'est un peu ce qui arrive à ce Mario Party 7 qui, sous couvert de changements certains, tend à réitérer ses bienfaits, mais également ses erreurs. D'un côté, on peut se réjouir de l'amélioration sensible de l'"enrobage" du soft, bien plus classieux quant à sa présentation, et des effets graphiques ajoutés lors des mini-jeux, mais de l'autre on regrette amèrement le manque de modes originaux et inédits, ainsi que d'un remaniement des règles. Ce dernier est d'ailleurs particulièrement frustrant, tant les parties solos se voient handicapées par un détail basique mais étouffant. En effet, il est bien peu aisé de rester de marbre devant l'impossibilité de passer les tours de son ou de ses adversaires, tirant en longueur et purement inintéressants. D'autre part, pourquoi ne pas permettre d'incarner les ennemis durant les mini-jeux exclusifs à son antagoniste afin d'éviter de ne pouvoir agir qu'après un tour soporifique et sans challenge ? Des écueils qui apparaissent depuis les premières versions de la saga et qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin impunément. Mario aurait-il quelques problèmes quant à la finition ?
Toutefois, et comme lors de chaque apparition de Mario Party, les foules se rassemblent autour de l'artefact dans le but d'en goûter le nectar. Conforme à ses habitudes, et malgré les points extrêmement pesants évoqués ci-dessus, le titre de Nintendo fédère et rassure quant à la joie et la fourberie humaine. Donnant sa quintessence à plusieurs, le jeu se montre sous un jour nouveau, laissant échapper une sorte de parfum enivrant. Chaque personne s'approchant de celui-ci devient soit totalement hilare, soit totalement aigrie. Des réactions radicalement différentes pour un soft qui prend un malin plaisir à les déclencher. Reposant principalement sur la quête d'étoiles, ce dernier ouvre donc la porte à des vols qualifiés, à des arrangements entre adversaires ou encore à des pièges habilement tendus. Néanmoins le plus prenant ne se situe pas sur le plateau en lui-même, mais au creux des sub-games délirants dont est gorgé ce Mario Party. Se déclenchant à la fin de chaque tour où lors d'évènements spéciaux, ces phases de divertissements dynamiques et très simples à jouer permettent à chacun de laisser parler ses sentiments et de tout faire pour déstabiliser ses concurrents. Une vraie compétition apparaît alors rapidement, amenant son lot de montées d'adrénaline. C'est ça la force du titre de Big N. A ce propos, on note bien évidemment la venue de concepts inédits en remplaçant habilement d'autres un peu en retraits dans les opus précédents. En revanche, et à l'image des anciennes limitations, il vous incombera de débloquer les divers mini-jeux seul comme un chien dans le mode solo, en jurant que l'on ne vous y reprendra plus. Un vrai boulet à la cheville qui oblige une brave âme à se dévouer en prévision de parties bien plus amusantes.
De plus, vous pourrez engranger de l'argent à chacune de vos victoires dans le mode Solo Cruise afin d'acheter des choses plus ou moins importantes, allant des musiques et des voix originales du jeu en passant par des boîtes de cookies Maskass, jusqu'au t-shirt Kung-Fu Koopa. Le culte de l'inutile dans toute sa splendeur donc, mais le collectionneur avisé y trouvera un bonheur que seules les statuettes de Super Smash Bros Melee avaient pu lui procurer. Pour finir, l'arrivée de nouveaux items pénalisant vos compagnons sur le plateau de jeu réussit un tant soit peu à renouveler les impressions en pleine partie, jouant sur la perversité de certains handicaps. Il est en tout cas toujours agréable de regarder son opposant du coin de l'oeil après un assaut bien gratuit afin d'admirer un début d'énervement contenu. Au final, légèrement redondant et inintéressant en solo mais pétri de bonnes idées, ce Mario Party 7 trouvera sans nul doute une place dans nos Gamecube lors de sa sortie dans quelques petits mois. Apportant le minimum syndical pour charmer à une autre reprise, il devient désormais le plus grand vecteur de Toad du paysage vidéoludique. Un prix qui suffirait presque à lui seul à en justifier l'achat. Toadette forever !