Si l'on peut au moins accorder une chose aux comiques troupiers de D3 Publisher, c'est bien d'enrichir le paysage vidéoludique de titres cherchant des territoires vierges. Aujourd'hui, les voici donc complètement emballés pour un soft placé sous le signe de la photographie "de mode". Mais pourquoi l'avoir appelé Paparazzi, en sachant qu'il n'y a aucune personne à poursuivre, ni à espionner ? N'est-ce pas justement demeurer simple photographe que d'être invité dans des présentations durant lesquelles l'organisation même des prises de vues est un tantinet codifiée ? Quitte à nommer un jeu en espérant surfer sur cette appellation, autant en montrer toutes les faces et ne pas se limiter à une très maigre part. Mais bon, c'est D3...
Dès le début, ce jeu fait peur, vraiment peur. En effet, il est particulièrement rare de jouer un pervers qui s'assume sans avoir été prévenu un peu avant. Croyez-moi, le choc est rude. Alors que l'on s'imagine le héros comme un jeune adepte de photographie innocent, simplement passionné par son métier, voilà que ce dernier se met soudainement à parler. Et là, un monde s'écroule ! Finis les Bisounours qui habitent dans les nuages et les Minipouss derrière le lave-linge ! On rentre ici dans les limites malsaines de l'être humain. Effectivement, et vous vous en doutez, la seule raison pour laquelle notre ami désire voir sa belle idole est... comment dire... un peu voyeuriste. Evidemment, il y a la photo, mais elle joue ici plus un rôle de prétexte qu'autre chose. Mais attention, c'est que le bougre est difficile. Dès le départ vous devrez choisir entre trois égéries, portant respectivement les doux noms de Riho, Lena et Nano, incarnant parfaitement le fantasme de la femme sensuelle dans certains mangas. A savoir, pour ceux qui ne feuillettent pas vraiment de bandes dessinées japonaises, une taille de guêpe et une poitrine énorme. Si l'on résume le problème, le joueur choisit donc une jeune fille qu'il va devoir immortaliser dans des poses très suggestives et plus ou moins habillée durant cinq sessions. Du coup, n'est-ce pas lui qui se transforme en pauvre voyeur sans s'en rendre compte ? Que peut-on donc trouver comme excuse pour commercialiser un jeu ouvertement fétichiste ? Et bien justement le côté "photographie" qui est en soi une vraie nouveauté. Heureusement toutefois que l'on se détache un peu du piteux Dead Or Alive Xtreme Beach Volleyball nettement plus entreprenant. C'est déjà ça de pris.
En même temps, on pourrait se dire que le titre de Tecmo était, lui au moins, un vrai jeu. En effet, détenteur d'un gameplay assez limité et d'un principe pas franchement folichon, Paparazzi semble à peine émerger de la brume matinale. Un peu flou, pas vraiment éclairé, et surtout loin d'être dense, il semble se contenter de la présence de ces femmes de pixels pour convaincre. Dans votre course effrénée vers le coeur de votre bien-aimée un peu irréelle, il vous incombera de passer par plusieurs séances de prises de vue, nécessaires à vous faire connaître. Plus vous acquérerez de notoriété d'ailleurs, et plus la jeune demoiselle en question vous remarquera. Attention donc, à bien cadrer vos photographies et à respecter les consignes. Données avant chaque session, ces dernières vous obligeront à prendre chaque modèle sous un angle précis accompagné d'un détail important. Par exemple, il vous sera demandé, à un moment donné, de photographier Riho de face, sous un palmier. Sachant que vous n'avez que 5 minutes par présentation et une pellicule de 25 poses, vous devrez être aiguisé et prendre un maximum d'images corroborant vos instructions. En effet, si vous n'obtenez pas le score demandé à la fin d'un niveau, correspondant au nombre de prises réunissant les bonnes caractéristiques, il ne vous restera plus qu'à le refaire gaiement. Et ce, même si le mannequin trouve ce que vous avez fait génial. Un paradoxe qui énerve très vite, tant le CPU est difficile dans sa sélection de bons et mauvais clichés. Un peu trop de lumière et c'est raté (sachant que l'on peut jauger de la luminosité), un pied hors du cadre et c'est fini, tandis qu'une grosse ombre détruisant littéralement une photo ne gêne personne. Une preuve d'illogisme qui tend à choquer de plus en plus au fil des "missions" provoquant un arrêt brutal du jeu au bout de quelques longues minutes.
D'autant qu'il n'y a rien d'autre à faire en ce bas monde. Pas de discussion interactive avec les élues de votre testostérone, pas de petit passage nous sortant un peu du carcan plat et mou de la photo vue par D3. Heureusement durant les phases de prises de vue, vous aurez à exécuter quelques petits mini-jeux dans l'espoir d'attirer l'attention de votre égérie. D'une part, cela vous rapportera plus de points si cette dernière vous fixe durant son immortalisation, et d'autre part, vous aurez le droit unique de jouer aux pires sub-games de l'histoire vidéoludique. Composés d'ersatz simplifiés à outrance de Parappa, du principe de Track'n Field ou encore d'actions basiques, ceux-ci ne sont même pas drôles tirant carrément vers le risible. Sachant bien qu'une fois ces actes peu fameux réalisés, vous pourrez alors prendre des poses lascives pour accrocher longuement la jeune fille en face de vous. A des kilomètres de la moindre once d'intérêt, ce système ne fait que conforter dans le premier avis que l'on se fait sur le titre. Pour résumer, voici donc un soft, certes original dans le fond, mais tellement plat, vide et sans âme qu'il en devient une sorte de spectre de la PS2. C'est bien beau de mettre en place un vieux pervers et des femmes-objets, mais encore faut-il l'assumer et le justifier. Et là, ben, ce n'est pas vraiment le cas. Le premier jeu qui vous ne donne pas envie d'en découvrir d'autres du même genre. Chapeau !
- Graphismes7/20
Que dire ! Les modèles 3D s'avèrent tout juste dignes des prémices de la PS2, et les jolies demoiselles font les frais d'une animation relativement raide et peu crédible. D'autant que l'on observe un sévère problème au niveau de la poitrine. En effet il arrive souvent qu'un sein bouge tout seul de manière étrange alors même que le corps de la jeune fille reste immobile. Magie noire, satanisme, possession ou bug ?
- Jouabilité8/20
Non que le jeu ne soit pas maniable en lui-même, mais la vacuité du gameplay laisse pantois. Effectivement, on trouve quelques petites idées sympathiques, voire une, mais le tout est noyé dans un flot d'inconséquences. Heureusement que les mini-jeux médiocres relèvent très faiblement le niveau d'ennui, sans quoi Paparazzi serait devenu le nouveau Derrick des débuts d'après-midi.
- Durée de vie5/20
Avec seulement cinq sessions et quelques maigres costumes à débloquer, Paparazzi fait peine à voir. Répétitif, soporifique et sans vie, il ne pourra vous garder éveillé que quelques dizaines de minutes, guère plus. Sauf si vous partagez le côté voyeur du héros. Mais ça, c'est une autre histoire.
- Bande son3/20
Enervante au possible, la bande sonore répète toujours un même thème en boucle, n'y apportant que de maigres variations à de rares moments. Un monument à la gloire du mouvement perpétuel. Voilà ce que l'on pourrait dire de la bande-son de Paparazzi.
- Scénario/
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Alors que la gamme 505 Gamestreet, et surtout D3, commençaient à remonter un peu la pente, les voici qui se jettent pratiquement d'eux-mêmes dans une vallée pleine de ronces, d'orties et de loutres vampires. Une volonté d'auto-destruction choquante mais courageuse. Un peu comme les gens qui arrivent derniers d'une course mais qui ont quand même une médaille parce que voilà. Au final, n'achetez pas ce jeu, même pour rire. Surtout pour rire...