Série d'animation qui sévit depuis 2002 sur Cartoon Network, Kids Next Door ravit les plus jeunes avec ses histoires de gosses de 10 ans luttant contre l'oppression des adultes, à grand renfort d'humour un peu "scato infantile". Sans grande surprise son adaptation ludique sombre au plus profond des méandres boueux de l'exploitation de licences à destination des jeunes joueurs.
Cinq jeunes héros en lutte contre l'oppression adulte et ses devoirs, ses assiettes de légumes et ses cours de piano, c'est en gros le pitch de Kids Next Door, sobrement nommé KDN. Il faut donc vous attendre à rencontrer de curieux personnages dans le jeu tiré de la série, le genre de super-vilains dont les ambitions sont de réduire à néant les stocks de sucreries pour les remplacer par des sucettes aux épinards. Sans parler du grand maître de la morve au nez qui a tendance à recouvrir les murs de l'élément naturel qu'il sait dompter avec tant de talent. En dépit de la présence de 5 personnages aux aptitudes spécifiques que l'on incarne de manière successive, KDN n'a pas grand-chose à offrir en matière de gameplay. Ce dernier se résumant à de la plate-forme mal embouchée, ponctuée de combats. Les différences entre les personnages sont parfaitement anecdotiques et n'apportent donc strictement rien au jeu qui se base essentiellement sur une progression simpliste dépourvue de la moindre originalité. Ce qui serait un moindre mal si, en plus, la bête n'était pas dotée d'une maniabilité à se fracasser la tête sur les murs.
Point immédiatement rédhibitoire dans un jeu de plates-formes : la caméra foireuse. Ici, les développeurs ont visiblement tout fait pour développer une caméra conçue pour vous empêcher de jouer. Je ne vois guère d'autres explications. L'angle de vue est systématiquement mauvais, vous privant d'une bonne appréhension des sauts. On peut heureusement la déplacer, lentement, laborieusement, mais on peut le faire. L'ennui, c'est qu'aussitôt après que vous ayez enfin pu obtenir un angle convenable, cette saleté se replace d'un coup dans sa position initiale ! On appelle ça le syndrome "rahhh rogntudju de caméra !!" C'est un cas d'école. Mais cette gestion absurde du champ de vision est loin d'être le seul défaut de conception du jeu qui souffre également de contrôles asthmatiques et irritants. Les mouvements sont lents et diaboliquement imprécis, ce qui complique encore des situations périlleuses engendrées par une gestion des collisions bien trop approximative. Lorsque vous faites le total de tout ça, vous obtenez un jeu de plates-formes qui cumulent les pires défauts du genre, et se révèle donc pratiquement injouable. La moindre séquence de sauts devient cauchemardesque et sera souvent répétée à de multiples reprises.
Pauvre dans son gameplay, KDN l'est tout autant dans sa réalisation qui confond naïveté esthétique et pauvreté graphique. Mais par dessus, c'est sans aucun doute le laxisme de la bande-son qui est lamentable. Un jeu destiné à un jeune public aurait pu profiter de doublages en V.F. dans la mesure où je ne suis pas convaincu que les joueurs de 10 ans maîtrisent à la perfection la langue de Benny Hill. Au moins la version PS2 a-t-elle la décence de proposer des sous-titres en français lors des cinématiques. Un luxe que la déclinaison GameCube se refuse, les sous-titres étant en anglais. Ah oui, bravo, respect. Pour un titre à licence où l'univers compte pour beaucoup, c'est un joli coup. De toutes façons, offrir un soft aussi crispant à une tête blonde serait vil et cruel, pour elle comme pour vous.
- Graphismes11/20
C'est rondouillard et coloré, mais surtout baveux et grossier.
- Jouabilité6/20
Tout pour plaire, une caméra indigente, des contrôles lents et imprécis ainsi qu'une gestion des collisions approximative. Un vrai bonheur.
- Durée de vie5/20
On n'a qu'une envie une fois qu'on a commencé : s'arrêter. Vite.
- Bande son14/20
Musicalement assez moyen, Kids Next Door profite d'un doublage en V.O. assez convaincant, mais considérant le public cible, une V.F. s'imposait.
- Scénario/
Kids Next Door risque de décevoir les fans de la série, engrangeant comme autant de trophées les pires défauts d'un jeu de plates-formes, peu maniable et pourvu d'une caméra certainement conçue pour rendre le jeu impraticable. C'est un concept après tout.