La série des Kaidô Battle existe depuis plusieurs années au Japon et a déjà conquis un bon nombre de joueurs au pays du Soleil levant. Un tel succès a poussé les développeurs de chez Genki à adapter le titre en Europe pour la première fois, sous la coupe de Konami. Dès les premiers contacts avec le jeu, on sent déjà que le jeu n'aura pas le même impact chez nous que chez nos amis nippons.
A l'origine de Tokyo Xtreme Racer (1er opus arrivé sur DreamCast puis adapté sur PS2 et bientôt sur d'autres supports), Genki continue de développer des jeux de courses reprenant exclusivement l'univers des cités japonaises où les routes sont étroites et la conduite se pratique tout en glisse. Cette fois, le vieux continent n'est pas délaissé par la franchise des Kaido et c'est avec une certaine curiosité que l'on découvre ce titre qui se revendique comme une simulation basée sur l'art du drift au milieu de tracés sinueux au possible. Même si on n'est pas dans un jeu de rallye, l'essentiel réside bel et bien dans notre capacité à braquer et contre-braquer aux moments opportuns, pour embrasser les meilleures trajectoires et ne faire qu'un avec les courbes proposées par des circuits où il est n'est pas aisé de doubler. Le plus compliqué n'est donc pas de faire partir sa voiture en travers mais bien de parvenir à ne pas se manger les rails de sécurité. Pourtant, si l'on veut gagner dans Kaido Racer, il faut prendre un maximum de risques et c'est en cela que réside la principale difficulté du jeu car on n'est pas forcément récompensé de sa conduite aventureuse.
Après une cinématique parfaitement représentative de l'univers de Kaido Racer (des bolides qui passent leur temps à glisser et à glisser encore et toujours sans savoir s'ils gagnent vraiment du temps en faisant ça...), on arrive dans les menus du jeu pour se rendre compte du contenu qui nous est proposé. Outre la laideur de ceux-ci, on s'aperçoit rapidement que rien n'est à sa place et qu'il va falloir batailler ferme pour trouver ce que l'on cherche exactement dans des onglets dont le nom ne représente absolument pas ce qui se cache derrière. Le mode Conquête est donc ce qui pourrait être rapproché des traditionnels modes Carrière et les Challenges ne sont rien d'autre que des contre-la-montre les plus basiques possibles dans laquelle une hiérarchie est établie après chaque validation d'un chrono. Au niveau des véhicules, près de 150 voitures issues de 16 marques différentes répondent à l'appel, une bonne moitié étant japonaises. On se demande d'ailleurs si nos amis nippons sont bien à la page puisqu'en se rendant chez Renault, on remarque que les 2 seuls véhicules disponibles sont une R21 2.0L Turbo (voiture sortie en 1987) et une Clio Williams (1993). Au début, 3 circuits sont proposés : Hakone, Haruna et Akagi, tous similaires ne présentant pas de réelles différences si ce n'est dans les rares décors ornant les pistes.
La variété n'est donc pas le point fort de ce jeu qui ne propose en résumé que 2 types de défis : les chronos et le drift. Le mode Conquête reprend quant à lui les bases (j'ai bien dis les bases, et seulement les bases) d'un Gran Turismo. On se doit donc d'acheter une voiture avec de faibles moyens financiers et de remporter des courses pour acheter des pièces afin d'en faire une bête de course. Pour cela, notre progression se divise en 2 périodes distinctes qui se succèdent à tour de rôle : le jour et la nuit. Le jour, on prend part à des challenges solos où l'objectif est de convaincre de potentiels sponsors de nous allouées certaines sommes afin de se constituer un petit capital. Toutes les courses ne sont pas accessibles avec un seul véhicule puisqu'elles sont classées selon la marque de la voiture, leur type de moteur ou leur poids. On dispose d'un certain nombre d'essais pour terminer dans les temps et remporter le gain qui correspond à notre performance. C'est la nuit que tout se joue véritablement puisque c'est à ce moment-là que l'on doit défier d'autres pilotes et si possible gagner la mise de départ qui peut atteindre des sommes astronomiques en fonction de la réputation de l'adversaire et de la caisse qu'il conduit. On se rend alors directement sur des parkings pour trouver des opposants à sa taille. On y trouve de tout : des pilotes chevronnés avec de l'expérience, des fans ou des équipes de 3 pilotes qu'il faut affronter un à un.
Un aspect communautaire a été inclus dans le jeu et on reçoit des mails des autres pilotes qui peuvent nous donner des informations sur eux ou sur leur façon de conduire. Cela aurait pu être très sympathique mais le tout est vraiment mal organisé, l'impression bordélique reprenant le dessus puisqu'on ne sait pas quel mail répond à quel mail ni où trouver la personne qui nous écrit, ce qui relègue cet onglet au rang des indésirables. De plus, la plupart du temps les propos tenus dans ces pseudo informations sont dénués de tout intérêt et complètement décales avec les courses auxquelles on doit prendre part. Bref, on a du mal à comprendre le pourquoi de tous ces rajouts. Toujours en ce qui concerne les menus et leur ergonomie misérable, notez que l'on peut faire sa propre bande-son en créant des morceaux grâce à un éditeur spécialement prévu à cet effet. Il faut alors débloquer les sons et bruitages un par un avant de se plonger dans la peau d'un compositeur. C'est sympa mais on aurait préféré qu'une fonction directement liée au titre soit rajoutée, puisque, rappelons-le, Kaido Racer est censé être un jeu de courses...
Malheureusement, les sensations de conduites ne parviennent pas à rattraper le tout puisque l'on s'ennuie à mourir durant des courses quasiment toutes identiques et vraiment pénibles à gérer. Difficile en effet de parvenir à faire glisser une voiture dont le rapport poids/puissance se situe en au dessus de 5 et qui est habituée à freiner en ligne. Certes, avec quelques achats et des modifications, on peut parvenir à un meilleur résultat mais sans aucun plaisir de jeu, bien loin de ce que l'on constate dans Ridge Racer qui est pourtant tout sauf une simulation. Pourtant le fait de pouvoir perdre de l'argent sur des courses rend le challenge d'autant plus intéressant puisqu'il faut s'entraîner et être prêt à relever le défi avant de s'aventurer sur la piste. Le concept n'est pas ridicule mais tout est mal ficelé et on perd patience très rapidement, même si l'on s'acharne de longues heures, la passion n'est pas là puisque le pilotage n'est absolument pas intuitif. En résumé, on s'ennuie, on s'agace et on ne s'amuse à aucun instant, et ce, encore moins avec le mode 2 joueurs en écran splitté.
- Graphismes7/20
Textures grossières, arrière-plans d'une qualité médiocre et effets de lumières quasiment absents, tel est le bilan graphique de Kaido Racer. Pourtant, les voitures ne sont pas mal modélisées et si toute l'ambiance avait subi le même traitement, le cocktail aurait pu s'avérer vraiment séduisant. De plus, les menus sont sincèrement tout sauf attirants, ce qui n'incite pas à passer des heures à jouer au titre de Genki.
- Jouabilité7/20
On passe son temps à tenter de réussir ses dérapages sans heurter les rails, faute de quoi on perd les points dernièrement acquis. Le problème est qu'on se lasse très rapidement de répéter sans arrêt la même chose avec des véhicules qui n'ont manifestement rien en commun avec l'art du drift.
- Durée de vie8/20
3 modes de jeu bien faibles en contenu et un éditeur sonore complètement inutile ne suffisent pas à retenir notre attention plus de quelques heures, hormis pour les courageux qui auraient assez de temps à perdre pour tenter de voir le bout du mode carrière.
- Bande son7/20
Les musiques technos ne collent vraiment pas du tout à l'univers des courses de rues, même au Japon, et sont quasiment insupportables à la longue. Les effets sonores des menus sont eux aussi d'une rare médiocrité. Pour ce qui est des moteurs, RAS ou presque, rien de mauvais mais rien de bien personnel et saisissant non plus.
- Scénario/
Le concept est bon. En fait, c'est la seule chose qui soit digne d'intérêt dans Kaido Racer mais il part vite en fumée puisque la réalisation ne suit pas, pas plus que le gameplay et le contenu. La série est peut-être star sur le sol nippon mais quelque chose me dit qu'il sera bien difficile pour elle de trouver autant de fans en Europe, face à de multiples jeux de courses qui ont déjà fait leurs preuves depuis bien longtemps.