Visiblement, cette fin d'année est en quelque sorte la période d'éclosion des oeufs de Dynasty Warriors. En effet, après la venue au monde passablement chaotique de la version Hyper, voici que son petit frère goûte aux joies de l'air libre. Baptisé sobrement Advance, celui-ci montre des envies de grandeur bien moins présentes, se cantonnant à dévoiler sa guerre dans une petite GBA. Est-ce pour autant que l'intensité n'est plus au goût du jour ou que la folie furieuse se cache honteusement ? Tout ce que l'on peut dire, c'est que la surprise n'est pas forcément toujours la meilleure attaque.
Comme vous devez déjà le savoir, la série des Dynasty Warriors nous conte les guerres intestines qui ont émaillé la tentative de contrôle de la Chine par Trois Royaumes, Le Wu, le Shu et le Wei. Abritant chacune des héros aux noms résonnant encore dans les esprits, ces provinces plongées dans dans un flot de trahisons, d'alliances et de complots, font partie de l'une des étapes les plus importantes de la construction de l'Empire du Milieu. C'est donc aux commandes de Liu Bei, de Cao Cao ou encore de Zhao Yun que vous allez parcourir les diverses contrées vous séparant d'une victoire finale changeant radicalement d'aspect en fonction du camp choisi. Correspondant au mode Musou, pouvant s'apparenter au scénario principal, cet objectif n'est pas l'unique possibilité que vous aurez à vous mettre sous la dent. Effectivement, il vous est possible d'exercer vos talents de guerrier dans deux autres domaines, à savoir le mode Défi, regroupant trois disciplines (Contre-La-Montre, Endurance et Loterie) et le mode Libre, vous permettant de refaire la majorité des missions du scénario général. Loin de satisfaire les amateurs de quêtes secondaires, ce duo d'épreuves supplémentaires s'avère assez dispensable. Tant dans l'intérêt que dans l'originalité, ces dernières accusent de sérieuses lacunes et se posent comme de simples gadgets sans âme. C'est donc logiquement que l'on se tourne vers la pierre angulaire du soft, à savoir le mode Musou, seul garant d'une profondeur certaine. Laissant augurer d'une bonne surprise, ce dernier se présente comme un titre tactique, dans lequel il vous faut déplacer vos unités sur une carte. Si l'on passe tout d'abord à une sorte de dérivé de Fire Emblem, on se ravise bien vite.
En effet, au bout de quelques minutes de jeu, et devant ce parti pris étonnant, on ne peut s'empêcher d'esquisser une moue dubitative. En l'état, Dynasty Warriors Advance semble prendre un malin plaisir à essayer de sortir des sentiers battus par ses grands frères, tout en conservant la force qui a fait de la série ce qu'elle est aujourd'hui. On se trouve donc devant un mélange particulier entre action débridée et stratégie plutôt sommaire. Plus précisément, vous disposez d'un héros, changeant selon le groupe de départ, que vous devez diriger sur un plan du champ de bataille. Une action qui a pour seul et unique but de vous amener à prendre divers points tactiques, comme des portes ou des bâtiments, afin de laisser passer vos alliés. C'est d'ailleurs ici que s'arrête la notion de réflexion. Rien d'autre ne vous sera proposé stratégiquement parlant, ni possibilités de pièges, ni même utilisation du relief ou d'un environnement particulier. En fait, on a davantage l'impression de participer à un jeu de l'oie assez rude plutôt qu'à une bataille à grande échelle. D'autant que le rythme général se trouve haché jusqu'à un point difficilement imaginable. Non que les softs tactiques soient particulièrement dynamiques, mais la plupart conservent une fluidité que l'on a pas du tout ici. Le problème réside surtout dans la gestion des déplacements et des évènements. Ainsi une fois votre tour passé, il vous faut d'une part attendre celui des ennemis et d'autre part celui de vos alliés. Un concept qui reste logique dans le fond, mais qui se perd très vite dans l'inconnu. Effectivement, chaque action dure une bonne vingtaine de secondes, même dans le cas où aucun mouvement n'est effectué. Il est du coup très énervant de devoir attendre son droit de jouer bêtement, alors que personne ne bouge. D'autre part, vous ne pouvez avancer la majeure partie du temps que d'une case à la fois, rendant la progression laborieuse, voire insupportable.
Mettre plus de vingt minutes à atteindre la moitié du chemin vous séparant du boss en se coltinant le côté soporifique général est une vraie démonstration de self-control. Fort heureusement, vous rentrerez souvent en contact avec des opposants féroces bien décidés à vous renvoyer hors des limites territoriales. On se dit alors naïvement que l'on va enfin pouvoir s'échapper de cette phase de déplacement aussi excitante qu'un dimanche devant un rosbif. Malheureusement, c'est définitivement peine perdue. Certes on retrouve un tant soit peu la rage des opus sur consoles de salon, vous plaçant face à des dizaines et des dizaines d'ennemis dans une optique de massacre généralisé, mais c'est pour mieux subir une amère déception. A première vue, tout concourt pourtant à laisser espérer des sensations intenses. Une jauge de Musou vous permettant de déclencher des super attaques une fois remplie, et surtout un ingénieux système d'améliorations de caractéristiques immédiates semblent accompagner intelligemment les phases de combat pur. Reposant sur le nombre d'ennemis défaits, ce dernier vous donne accès à une augmentation de certaines spécificités suivant l'icône illuminée durant votre duel. A vous donc de gérer au mieux vos développements de force, de vitesse, d'acuité, et bien d'autres domaines variant avec le héros utilisé. Cependant, ces légères aides physiques disparaîtront immédiatement s'il vous arrive de subir un enchaînement de coups un peu trop long, ou une flèche bien placée. Une idée intéressante, qui, néanmoins, sombre rapidement à cause du gameplay de base.
Axé sur le mitraillage en règle des boutons A et B, le système de combat confine au simpliste, n'évoluant jamais et permettant deux ou trois enchaînements différents. Une limitation basique qui va de paire avec l'I.A ridicule des adversaires, rendant les rixes inintéressantes et plates. Sans compter que les boss, tout aussi idiots, dévoilent une difficulté exaspérante, simplement due à leur force et leur résistance hors du commun. C'est donc avec dépit que l'on sort du titre de Koei, passablement abasourdi par le manque d'envergure du soft. Limité techniquement, même si les sprites se révèlent assez jolis, restreignant le fun en n'affichant que 7 soldats à la fois durant les passages de combat, et surtout clairement déséquilibré, Dynasty Warriors Advance a du mal à se relever de ces écueils. Pourtant, par le biais de son système d'améliorations éphémères, du côté tout de même défoulant des pugilats, ainsi que de la collection d'armes disponibles, il tend à montrer un côté bien plus plaisant. Est-ce suffisant pour prétendre à la conquête de la GBA en bonne et due forme ? Personne ne le croira. Les champs de batailles sont tristes et les amoureux de la Chine Antique le sont aussi.
- Graphismes10/20
Proposant des sprites assez détaillés tout en étant suffisamment imposants pour leur donner une véritable présence, ainsi que des environnements relativement convaincants, Dynasty Warriors Advance ne profite tout de même pas vraiment des possibilités de la GBA. Il suffit de jeter un oeil sur Sword Of Mana pour s'en rendre amèrement compte. De plus l'animation demeure le gros point faible du soft, faisant passer les divers héros et ennemis pour des sortes de personnages Lego paresseux.
- Jouabilité9/20
Non que les commandes soient difficiles à appréhender, mais c'est surtout le gameplay qui est ici en cause. Affichant quelques bonnes idées et augurant des heures de jeu passionnées, il chavire d'un seul coup face aux phases de déplacement sur la carte totalement soporifiques et surtout à la vision des passages de combats très limités et cruellement fades.
- Durée de vie14/20
De ce côté-là, vous n'avez rien à craindre. Disposant de trois scenarii comportant chacun six missions, le titre de Koei vous conviera à une bonne vingtaine d'heures de jeu. En effet, sachant qu'il faut au bas mot une heure trente pour boucler la première carte, cela vous laisse une idée de la suite. De plus vous disposez de deux modes supplémentaires, pas forcément passionnants, mais qui ont le mérite d'être présents.
- Bande son9/20
Suivant les traces de la série, la bande sonore se compose de morceaux ouvertement rock, passant d'ailleurs plutôt bien techniquement parlant. Maintenant, certaines compositions se répètent bien trop souvent durant les affrontements, aboutissant à une lassitude auditive de premier ordre. On note tout de même un petit effort concernant les voix digitalisées lors de la mort d'un officier ennemi.
- Scénario/
-
Loin d'être aussi immersif que ses illustres ancêtres, cette version portable de la série Dynasty Warriors comportait pourtant de bonnes idées, tentant même de réinjecter du sang neuf dans la saga. Malheureusement, trop limitée, soporifique et accusant de trop nombreuses tares ce Dynasty Warriors Advance se perd dans des difficultés de finition évidentes, qui nuisent à sa cohérence. La période des Trois Royaumes ne vous dit pas merci.