Premier Crash à arriver sur PSP, Crash Tag Team Racing reprend à la lettre le contenu du dernier épisode sorti sur consoles. Mélangeant des phases de plates-formes à des courses de karts, le titre se veut dans la droite lignée de Crash Nitro Kart tout en se voulant beaucoup plus ambitieux. Bien que le résultat nous ait relativement séduit sur PS2, Xbox et GameCube, on peut dire que la mouture PSP est d'un tout autre niveau, engoncée qu'elle est entre une réalisation technique de qualité et d'énormes problèmes qui brident le plaisir de la découverte.
Plus, encore plus, toujours plus. Voici comment on pourrait résumer Crash Tag Team Racing qui fait le jeu de nombreux challenges, défis et autres défis plus ou moins variés. La première constatation qu'on peut donc faire après avoir parcouru pendant quelques heures le bébé de Radical est qu'il ne suffit pas de privilégier à tout prix la quantité si une multitude de problèmes empêchent l'épanouissement du produit. Pourtant l'idée de départ de ce titre est excellente, mais jugez plutôt. Ainsi, si on laisse de côté le scénario qui n'est là que pour servir d'excuse à la cinématique d'intro, on se retrouve dans un titre qui n'est rien d'autre qu'un melting-pot des précédents Crash. Tout d'abord, plantons le décor. Vous vous retrouverez dans un parc d'attractions et allez devoir récupérer des gemmes d'énergie pour le compte d'Ebenezer Von Clutch. Si de prime abord, la mission semble simple, il n'en est rien. De fait, vous allez devoir vous rendre dans les cinq zones à thèmes afin d'y dénicher les précieux items. Pour le reste, vous devrez participer à des courses par le biais desquelles vous pourrez obtenir des cristaux qui vous serviront à activer des mécanismes et à atteindre l'endroit renfermant la gemme de pouvoir. Une fois le bijou en votre possession, il vous faudra revenir au centre du parc (d'où toutes les zones sont accessibles) pour pouvoir ouvrir une autre zone, et ainsi de suite. Voici la méthode décrite de façon succincte. Pour ceux et celles que ça intéresse la visite continue.
Comme je le disais, plus haut, Crash Tag Team Racing prône le mélange des genres, histoire de toucher un plus large public. Cet aspect des choses se caractérise par de multiples possibilités. Par exemple, pour débloquer toutes les courses propres à chaque zone, il conviendra avant tout d'atteindre une porte (propre à chaque tracé) à partir de laquelle vous pourrez courir. Chaque zone étant assez vaste, et qui plus est étalée sur plusieurs niveaux, ce sera le prétexte idéal pour renouer avec les premiers Crash Bandicoot au travers de phases de plates-formes de plus en plus complexes. En effet, bien que nous n'ayons qu'à composer avec des ponts brinquebalants, quelques ennemis et autres sauts millimétrés au tout départ, on retrouvera très rapidement des passages bien corsés, comme ceux inévitables où notre marsupial préféré devra échapper à d'énormes boulets. Le problème est que la caméra a tendance à s'emballer, masquant notre personnage ou nous empêchant tout simplement d'évaluer les distances. Le pari est donc à moitié réussi puisque s'il nous permet de gambader dans des endroits immenses, plutôt jolis et à la distance d'affichage impressionnante, on se lasse vite de devoir recommencer 10 fois le même saut à cause d'une maniabilité un peu trop sensible.
Néanmoins, si vous désirez tout débloquer, il faudra vous armer de patience pour remplir les 74 missions obtenues auprès des 8 pilotes disponibles. Celles-ci vous permettront entre autres de débloquer de nouveaux véhicules ou personnages. En parallèle, le jeu regorge de bonus en tout genre. On a droit à des mini-jeux qui, sans être révolutionnaires, sont tout de même plus intéressants que ceux entraperçus dans Medievil Resurrection. Inutile de crier au génie cependant puisque sorti d'un tir au pigeon, d'un mitraillage de singes kamikazes ou d'une partie de bowling, nous n'avons pas grand chose d'autre à nous mettre sous la dent. Après, ne faisons pas les difficiles car en plus des 8 mini-jeux, on a aussi droit à plusieurs costumes à acheter (grâce à des pièces qui pullulent dans les niveaux) ou des galeries à débloquer. D'ailleurs, parmi les cinématiques à découvrir, on retiendra surtout le Die-O-Rama qui recense toutes les morts de Crash que vous aurez vues durant l'aventure. Ici aussi, on sent le clin d'oeil appuyé aux premiers épisodes où la mort de notre héros était mise en scène de façon(s) humoristique(s). Une autre astuce, qui vous incitera à fouiller de fond en comble chaque zone, vient du fait que vous pourrez activer des mécanismes qui ouvriront des passages secrets de certains tracés. Le but de la manoeuvre sera ensuite de courir sur le circuit pour ramasser des cristaux nouvellement accessibles.
En parlant de courses, comment ne pas être déçu par l'orientation de ce titre qui est étrangement la même que celle du récent Jak X. En bref, on oublie la sensation de vitesse et on privilégie l'action avec des explosions à tout va. En fait, on peut comprendre ceci par le fait qu'il est désormais possible de fusionner deux véhicules. Grâce à cette technique, vous gagnerez en puissance et pourrez éliminer les adversaires les plus gênants. Cette idée est intéressante à bien des égards (possibilité de conduire ou de tirer, nouveaux véhicules...) mais pose le problème de l'absence de véritable notion de pilotage. Dommage d'autant que les développeurs auraient pu utiliser cette option uniquement durant les défis Arène et garder le gameplay de Crash Nitro Kart, ou plutôt de Crash Team Racing, pour les courses avec un grand C. Au lieu de cela, on ne ressent pas grand-chose en pilotant les karts, le coup des dérapages ne sert à rien et on a bien du mal à être convaincu par cette approche un rien brutale. Pourtant, ici aussi, on a l'embarras du choix entre les modes Course, Anneaux de vitesse, Tonnerre Mécanique (où il faut détruire le plus de voitures possible), Tir ou Crashinator. On peut même dénicher d'autres épreuves à l'image du mode Acrobatie où il faudra effectuer le plus de figures en circuit fermé pour tenter de remporter des coupes. Mais non, rien n'y fait, la sauce ne prend pas et on a du mal à rentrer dans cet univers bariolé.
Ceci dit, le fait de ne pas accrocher provient également des innombrables problèmes de cette version PSP. Outre les soucis de caméra évoqués plus haut, on peut citer quelques bugs bloquant certains mini-jeux (comme la boule de bowling qui reste coincée sous la piste !) ou des temps de chargement les plus longs jamais vus sur la console. Pour précision, les loadings sont omniprésents (entre chaque zone, quand on commence une course, quand on la termine, quand on veut choisir un autre type de défi, etc.) et durent en moyenne plus d'une minute. Il m'est même arrivé d'avoir droit à un temps de chargement de 2 minutes 30, ce qui a de quoi faire criser le plus zen des joueurs. Pour palier à cette attente, Radical n'a rien trouvé de mieux que de nous laisser le choix de produire des rots ou des pets en appuyant sur les touches Rond ou Croix. Sidérant de mauvais goût et totalement irrespectueux du personnage d'origine qui n'a jamais eu besoin de recourir à l'humour potache pour rallier les foules. Si vous êtes toujours là, sachez que le Multijoueur n'a pas été oublié (avec les trois défis que sont la Course, Arène et Acrobaties) et que la compatibilité PS2/PSP vous accordera cinq nouvelles caisses ainsi que deux nouvelles arènes de combat. Malheureusement, ce n'est pas suffisant pour rattraper les tares évoquées plus haut, ce qui laisse le pauvre Crash sur la touche jusqu'à une prochaine aventure.
- Graphismes15/20
Les environnements sont construits autour de plusieurs thèmes (aventure, féerique, égyptien, futuriste) et proposent de vastes étendues dans lesquelles vous pourrez évoluer à loisir. Hormis le design affreux de certains personnages ou véhicules, le jeu s'en tire bien dans l'ensemble d'autant que l'animation est de qualité et ne souffre nullement de gros ralentissements.
- Jouabilité9/20
Les courses manquent de rapidité, sont trop bourrinnes et ne requièrent aucune technique de pilotage. La possibilité de fusionner est bien vue mais accentue encore le manque de subtilité de l'ensemble. Les phases de plates-formes sont elles aussi peu convaincantes à cause de gros soucis de caméra ou de sauts capricieux et on finira par les temps de chargements omniprésents et beaucoup trop longs.
- Durée de vie15/20
Sur ce point, pas de problème. Débloquer tous les costumes, cinématiques et autres secrets vous demandera un bon bout de temps et si vous réussissez à passer outre les loadings de plus de deux minutes, vous pourrez découvrir plusieurs mini-jeux. Enfin, le Multijoueur vous permettra de jouer contre sept autres joueurs et d'amasser quelques piécettes supplémentaires pour acheter des items ou pour customiser votre véhicule.
- Bande son14/20
Le doublage français n'est pas mal du tout et si les personnages sont caricaturés à outrance, les voix le sont tout autant. Le résultat est ironique, ce qui est aussi le cas des musiques qui parodient plusieurs thèmes classiques ou directement issus de chez oncle Disney.
- Scénario8/20
Peut-on vraiment parler de scénario dans le cas présent ? Je n'en suis pas si sûr. Bref, l'histoire de départ n'est qu'un prétexte pour une course aux cristaux, la mise en scène est moyenne (surtout au niveau des cinématiques) et on se contentera de quelques références cinématographiques (Indiana Jones en tête) pour faire passer la pilule.
Bien que l'idée de combiner les genres soit attirante, on ne peut que déplorer qu'aucune des phases (courses et plates-formes) ne réussisse à convaincre pleinement. On aura beau rajouter des mini-jeux ou pas mal de bonus, ce qui ressort le plus de ce soft sont les temps de chargements indescriptibles qui parviennent à annihiler toute envie de poursuivre l'aventure ou l'humour potache, totalement irrespectueux du personnage créé par Naughty Dog. Dommage, d'autant que la réalisation technique est d'un bon niveau et qu'il y avait matière pour un titre bien meilleur.