Stubbs, à ne surtout pas confondre avec Stoub notre bien-aimé webmaster, n'est pas content. En même temps on le comprend, il sent mauvais, il porte des fringues à la fois trouées et de mauvais goût, personne ne veut lui parler parce qu'il a une haleine de chacal et en plus il a perdu les trois quarts de son quotient intellectuel. Pas étonnant qu'il ait décidé de se fabriquer toute une armée d'amis à son image putride.
Un jour de 1933, un VRP comme les autres passait par la petite ville de Punchbowl. Ce fut son dernier voyage de commerce puisque c'est ici qu'il fut assassiné et enterré dans un terrain vague. Près de 30 ans après ces tristes événements, la ville, sous le joug bienveillant d'un millionnaire playboy et aidée d'un ex-scientifique nazi, s'est parée de tous les atours et attraits de la modernité, voire un peu plus. Entourrés de robots opérant toutes les corvées, les habitants ne craignent ni le crime ni le chômage. Un bonheur dégoulinant qui ne durera pas, Stubbs est de retour et a bien l'intention de se venger. Stubbs The Zombie, c'est un assemblage adroit d'un nombre incalculable de clichés, qu'ils soient relatifs à l'Amérique des années 60 ou au cinéma d'horreur.
Le titre est avant tout une vaste blague à prendre au 6ème degré et qui plonge à coeur perdu dans un design évoquant ce que la science-fiction des années 50 a pu pondre de pire. Il suffit pour s'en convaincre de voir la touche des robots ou même des véhicules volants utilisés au quotidien dans cette ville pourrie par la niaiserie de ses citoyens. Chaque cinématique sera l'occasion d'une nouvelle référence, d'un gag stupide, d'une réplique débile. Evidemment, en matière d'humour, il n'est pas toujours facile de mettre tout le monde d'accord, surtout que Stubbs ne fait pas systématiquement dans la finesse. Mais la cocasserie souvent imprévue de certaines situations atteint généralement son but. Si l'on est amateur de parodie, nul doute que les doublages et dialogues ont des chances de toucher notre sensibilité comique. On ira même jusqu'à dire que la scène du robot pervers ou l'introduction du mini-jeu musical avec le chef de la police sont particulièrement bien senties.
Bien sûr il serait sans doute temps que je vous éclaircisse sur le contenu du jeu, hein, avouez que ça vous ferait plaisir. Stubbs n'a que deux objectifs dans la vie, enfin dans la mort, enfin bref. Le premier est de se venger, le second est de faire du monde une culture de zombie. Du coup, le jeu ne consiste qu'en une seule et unique chose : tuer et transmettre la zombie attitude à tout le monde. En bon zombie qui se respecte, Stubbs peut bien évidemment sucer le cerveau des humains, ce qui a l'énorme avantage de lui permettre de remplir sa jauge de vie et surtout d'alimenter ses capacités spéciales. La première d'entre elles est directement liée à cette activité nourricière puisqu'il s'agit d'une conséquence directe de la digestion de cervelle : Stubbs peut flatuler et étourdir les humains qu'il sera donc plus facile de consommer. Notre ami VRP pourra ensuite apprendre à lancer sa main et à l'accrocher sur un quidam afin de prendre le contrôle de son corps, et bien souvent donc, de l'arme qu'il a en main, qu'il s'agisse d'un fusil ou d'une arme blanche. Enfin, Stubbs a la possibilité de lancer ses entrailles qui feront office de grenades, ou même de faire rouler sa tête comme une boule de bowling explosive.
Et le voilà bien armé pour partir à la conquête du monde, suçant cerveau sur cerveau, progressant de sa démarche lente et peu assurée. A chaque victime, vous êtes suivi d'un nouveau zombie, qui fera de son côté d'autres victimes, jusqu'à ce que les niveaux soient remplis de vos congénères. Un atout précieux lorsqu'on se trouve face à une grande quantité d'ennemis et il ne faudra donc pas oublier de régulièrement rappeler cette armée de façon à ce qu'elle vous suive docilement. En fait, on se croirait devant une sorte de Pikmin macabre, avec un capitaine Olimar un peu crado. L'ennui, c'est qu'un Zombie, ne nous le cachons pas, c'est étonnamment bête. Aussi ne vous étonnez pas si sur votre bande de 50 zombies, 36 restent coincés derrière dès que vous passez un couloir. Aucune importance de toute façon, vous en ferez d'autres.
Il y a clairement une certaine jouissance dans le fait d'errer sans aucun but à travers les niveaux du jeu tout en massacrant à tour de bras des humains complètement affolés qui s'enfuient en agitant les bras. C'est drôle. Mais c'est aussi vachement répétitif et ce ne sont pas quelques brefs passages en véhicules qui suffiront à apporter une quelconque diversité. On ne fait en vérité quasiment rien dans Stubbs The Zombie à part marcher lentement et manger du cerveau et le jeu tient debout principalement parce qu'il est drôle, ce qui ne suffit pas à faire oublier les longueurs qu'il peut parfois présenter, d'autant plus qu'on ne nous donne même pas d'objectif, ce qui laisse extrêmement perplexe soit dit en passant.
Alors on se dit qu'il ne faudrait pas frôler l'overdose et que jouer pendant 10 heures comme ça, pourrait nous porter sur le système, ce qui ne risque pas d'arriver puisque le jeu a une durée de vie parfaitement adaptée à son gameplay très limité. A peine 6 heures de jeu seront largement suffisantes pour voir la fin du titre. Gasp c'est court, très court. Alors certes on aurait difficilement pu jouer plus, mais à choisir, on aurait sans doute préféré un jeu plus riche et plus long qu'un jeu court et pauvre, tenant essentiellement sur son côté parodique et gentiment débile.
- Graphismes14/20
Ne cherchez pas une débauche d'effets, le niveau technique est assez bas, mais le design est réussi, inspiré des années 50 et 60, ainsi que du cinéma de l'époque. Un filtre graphique est présent en permanence et "salit" l'image de lignes transversales et d'artefacts afin de lui conférer un certain cachet.
- Jouabilité12/20
La démarche très lente de Stubbs peut être très frustrante mais on s'y fait. Le gameplay est très simpliste, un peu trop même et si le jeu n'avait pas une dimension comique, on le descendrait sans hésiter. On notera une imprécision des commandes parfois irritante.
- Durée de vie6/20
6 heures au maximum pour terminer le jeu, c'est terriblement court. Un mode coop essaie de corriger le tir, sans grand succès.
- Bande son15/20
Les râles des zombies n'ont rien à envier aux film de genre, les doublages (en anglais) sont caricaturaux à souhait sans devenir lourds, du joli travail. Dommage que les musiques soient un peu en retrait, les sons jazzy étaient pourtant fort entraînants.
- Scénario/
A prendre comme un petit OVNI lugubre d'humour noir, Stubbs The Zombie est à acheter en connaissance de cause, très court et offrant un gameplay des plus limités, il vaut pour son ambiance amusante et ses séquences drolatiques. Pour amateur de films d'horreur, des années 60 et de la parodie, en occasion de préférence. Les autres peuvent passer leur chemin.