Semblant tenter le concours du titre le plus long face à Narnia, l'armoire volante, le lion aveugle et je ne sais plus trop quoi, ce nouveau volet des Indestructibles parvient toutefois à se démarquer dans un domaine loin de cette compétition étrange. En effet, il fait partie de ces softs possédant un courage sans borne, bravant les lois de la qualité, pour revenir, années après années, narguer les pauvres jeux sans licence qui n'ont pas sa chance. On aurait légitimement pu se dire qu'après la performance médiocre de son prédécesseur, cet opus inédit allait prendre des précautions, surprendre le joueur au tournant, enlever son masque, donner une extension digne du film d'animation d'origine. Qu'en est-il vraiment ? Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous le révéler dans le chapeau non plus !
Basée sur une aventure qui ne connaîtra jamais la joie de prendre place sur grand écran, cette version GBA des Indestructibles suit la trace de ses grandes soeurs sur consoles, en confrontant Mr Indestructible et Frozone au terrifiant Démolisseur. Et c'est tout pour la trame scénaristique. Un propos très léger, n'atteignant même pas la compléxité d'un épisode de Walker Texas Ranger, mais qui a au moins le mérite de ne pas nous détourner du but global du soft, à savoir le matraquage d'ennemis. Partis à la poursuite du super-vilain de circonstance, nos deux super-héros également de circonstance, vont traverser des terrains accidentés et dangereux, au travers de trois destinations principales se ressemblant de façon troublante. Comprenant chacune d'entre elles trois sections, elles se déclinent en une grotte classique, une grotte de glace, une grotte mécanisée et, ô miracle, un niveau unique enfin original mais dont on ne situe pas bien la localisation. Ce qui nous fait en tout 11 stages "différents", aboutissant à une piètre durée de vie du fait de la rapidité avec laquelle ces derniers se clôturent. Néanmoins, et alors que l'on pourrait croire que cette approche favorise les jeunes joueurs particulièrement clients de cette licence de Disney, on remarque bien vite un déséquilibre au niveau de la difficulté globale. Si les premiers pas se font sans trop de problèmes, on ressent rapidement comme une sorte de malaise face à un nombre d'opposants important. Dénués de protection, et ne pouvant annuler une frappe de l'adversaire même s'ils sont parvenus à déclencher leur coup en avance, vos héros en collants chamarrés passent leur temps à subir les assauts incessants de groupes belliqueux. Rendant le corps-à-corps catastrophique, du fait de cette impossibilité d'enchaîner des attaques sans se faire toucher au moins une fois, le gameplay subit alors les foudres d'une mauvaise utilisation. Autant l'idée de mettre en jeu deux personnages principaux interchangeables à volonté est une trouvaille intéressante, autant celle d'en dédier un aux actions à distances et un autre au combat rapproché souffre de la construction même du soft.
En effet, handicapé par une trop grande sensibilité face aux robots en tout genre s'en prenant maladroitement à vous, vous ne pourrez que privilégier Frozone, pouvant lancer des blocs de glace et paralyser ses assaillants, voire les étourdir dans le cas des plus résistants. A ce moment, vous pouvez soit recourir à Mr Indestructible pour terminer votre tâche, soit continuer avec le pseudo Surfeur D'Argent qui fournira un travail aussi bon, et qui plus est en sécurité. De fait, on ne prend aucun plaisir à décimer des adversaires identiques semblant sortir d'une guerre des clones dont personne n'aurait entendu parler. Vous retirant pratiquement l'ensemble de votre barre de vie en trois coups seulement, ils s'avèrent les principaux écueils à une immersion complète dans le titre. Car, malgré ce manque de clairvoyance dans le déroulement global du jeu, Les Indestructibles : La Terrible Attaque du Démolisseur dispose d'atouts non négligeables. En première ligne, sa réalisation graphique étonne, tant au niveau de la finesse des détails qu'au niveau de l'animation, donnant l'impression d'assister à un épisode d'une série animée tant l'écran fourmille de vie. Suit alors l'obligation de changer de personnages au gré des "énigmes" et des obstacles, un peu à la manière de Lost Vikings, en toutefois bien plus simplifié. A vous donc de favoriser l'entraide des deux sauveurs sur le retour et de répondre au célèbre duo interrupteur/porte afin de parvenir sans heurt à terminer des stages longs et insipides à souhait.
Effectivement, et cela malgré l'existence des bonnes résolutions citées ci-dessus, Les Indestructibles ne parvient pas à tirer partie de la moindre bribe d'idée digne d'intérêt. Au lieu de cela, le titre se contente de se décanter en une compilation de niveaux au level-design désespérément pauvre, peinant cruellement à intégrer la fonction de coopération sans tomber dans une redondance pesante. Le problème c'est qu'il n'y arrive que rarement, laissant au joueur la joie d'arpenter un soft qui ne cesse de lui faire comprendre qu'il s'est fait berner. D'autant que le schéma ludique ne varie pas d'un iota, n'incluant nullement une évolution des intervenants, soumis aux mêmes lacunes tout au long de l'aventure sans aucun espoir de se sortir de ce piège macabre. On pourra toujours arguer que le titre est destiné aux enfants, qu'ils ne feront pas attention à la construction de ce dernier. Mais ce serait mettre de côté la maniabilité hasardeuse, surtout au niveau de la gestion des collisions, la difficulté totalement instable et surtout le côté répétitif à outrance, qui seront éminemment ressentis par des joueurs même très jeunes. On se trouve donc une nouvelle fois dans le cas d'une exploitation de licence bâclée, n'atteignant même pas la hauteur du précédent épisode reposant au moins sur des variations de ton, des décors variés, et un certain respect de l'oeuvre. Pour une histoire parallèle laissant espérer une certaine inventivité narrative, on ne peut qu'être que déçu par la vacuité de cette dernière et surtout par les limitations du soft en lui-même. Dommage, car il y avait de l'idée comme dirait l'autre.
- Graphismes14/20
Reprenant le traitement du premier épisode, ce second opus se montre tout aussi agréable graphiquement, donnant réellement l'impression d'assister à un épisode d'une série animée. Toutefois, et bien que la finesse générale ne soit pas en cause, il est regrettable de ne pas admirer des environnements plus variés, se retrouvant toujours sur la thématique de la grotte plus ou moins aménagée. On avance donc sans réelle passion simplement bercé par la qualité de l'animation.
- Jouabilité9/20
Bien qu'un peu plus évoluée que dans l'opus précédent, la jouabilité n'est toujours pas le point fort du titre de THQ. Arborant la bonne idée d'une collaboration entre les deux héros, elle se perd dans une mauvaise gestion de ses possibilités, à cause surtout d'un level-design soporifique et trop simpliste. De fait, et même s'il est agréable d'expérimenter les pouvoirs spéciaux des comiques en collants, on se lasse vite de leur manque de variété.
- Durée de vie7/20
Encore plus court que son prédécesseur, Les Indestructibles : La Terrible Attaque du Démolisseur pourra se terminer en moins de cinq heures pour les plus jeunes d'entre vous sans vous offrir de bonus particuliers, ni de raisons particulières de vous replonger dans l'aventure. De plus, le côté répétitif omniprésent vous décidera souvent à abandonner un niveau avant sa conclusion.
- Bande son7/20
Il est stupéfiant de constater que le jeu ne fonctionne que sur deux ou trois morceaux on ne peut plus redondants et vraiment énervants à la longue. De plus, les effets sonores s'avèrent bien trop en retrait, arrivant à être quasiment ignorés tant ils ne rendent pas hommage aux monstrueuses claques que lance Mr Indestructible. Enfin, le manque de toute ambiance au sein des décors finit de briser la chaîne de l'immersion.
- Scénario/
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Encore un peu moins bien que son illustre prédécesseur, ce nouveau volet des Indestructibles termine son entreprise de décrédibilisation de la licence à grands renforts de lacunes communes à nombre de jeux destinés à un jeune public. Doté d'un level-design catastrophique, d'une redondance flagrante ainsi que d'une difficulté déséquilibrée, le titre de THQ ne sauve (relativement) sa chemise que grâce à sa réalisation graphique et à ses rares bonnes idées. Dites bonjour aux Insupportables.