Les jeux d'action offrant une liberté aussi grande que GTA ne sont pas nombreux. S'il y a quelque temps, je vous aurais conseillé The Getaway, le désastreux Black Monday me fait craindre le pire pour le troisième épisode sur PS3. En 2003, True Crime, fut une bonne alternative au blockbuster de Rockstar. Bien qu'il n'ait pas convaincu tout le monde, je dois avouer pour ma part qu'il s'est imposé comme un indispensable. J'attendais donc impatiemment ce New York City qui se devait de pousser la série vers les sommets de la réussite. Après plusieurs heures en compagnie de Marcus Reed, voici les conclusions de mon enquête compilées en quelques lignes.
Commençons par le début de la fin. True Crime : New York City est plus profond, plus beau et plus intéressant que son aïeul. Pourtant, si la somme de travail accomplie par les développeurs de Luxoflux est impressionnante, on ne peut que blâmer un manque de finition dont les conséquences sont une multitude de bugs. Le résultat global n'arrive donc pas à se hisser au niveau du premier True Crime malgré toutes les nouveautés apportées. C'est dans ces moments-là qu'on se rend compte à quel point les bêta tests sont cruciaux dans la réussite d'un projet afin de supprimer tous les détails qui, pris séparément ne sont pas bien graves, mais qui associés les uns aux autres empêchent le joueur de s'éclater pleinement. Frustrant, surtout quand on se rend compte qu'avec un temps de développement un peu plus long, New York City aurait pu être qualifié de véritable petit bijou. Je pense d'ailleurs que le mot n'est pas trop fort car ce second épisode fait preuve d'une ambition bien plus grande que son prédécesseur.
Sans bouleverser les règles du jeu, nous sommes invités une fois de plus à incarner un flic, du nom de Marcus Reed. Fils de The King, un gros bonnet qui gère ses affaires depuis la prison locale (vive les clichés), il va très vite comprendre qu'il convient de contourner la loi pour réussir à tout prix ou avoir bonne conscience en faisant son devoir. Ceci m'amène au système de bon flic/mauvais flic issu du premier True Crime. Dorénavant, le tout est mieux pensé puisque beaucoup d'éléments découleront de vos décisions. La plus importante est sans conteste l'argent que vous allez pouvoir vous faire. Ainsi, après une arrestation musclée, vous découvrirez le plus souvent des preuves. A ce stade, vous aurez le choix de les garder pour les revendre au mont-de-piété le plus proche ou de les amener au commissariat afin de gagner des points de carrière. Plus vous en amasserez (en évitant de relâcher un suspect, de tuer gratuitement...) et plus vite vous monterez en grade. Et comme à chaque promotion, votre salaire de flic augmentera, pesez le Pour et le Contre avant de faire du marché noir. Cependant, notez qu'en choisissant cette voie, vous pourrez par exemple acheter des armes différentes de celles que vous trouverez au poste central. Par contre, n'oubliez pas que si vous effectuez trop de mauvaises actions (en écrasant des piétons, en tabassant des innocents), vous deviendrez pour un temps l'ennemi public numéro 1. De plus, si vos collègues arrivent à vous alpaguer, vous serez rétrogradé et retournerez à la circulation avec l'obligation de résoudre quelques petites affaires pour retrouver les bonnes grâces de vos supérieurs.
Autre nouveauté de taille, la liberté d'action. Autant dire qu'elle n'a plus rien à voir avec celle offerte dans True Crime. Ainsi, le nombre de boutiques "visitables" a littéralement explosé, ce qui va vous permettre de changer de coiffure, d'acheter des fringues, des véhicules, des armes, des musiques ou encore de faire réparer ou tuner une voiture que vous aurez au préalable achetée. Autant dire que c'est assez sympathique de pouvoir rentrer dans une quantité phénoménale de bâtiments ou de se rendre dans des hôtels de passe, sandwicheries ou autres pharmacies pour regagner de la santé. Bien entendu, rien n'est gratuit et vous devrez débourser des deniers pour acquérir ce qui vous fait envie. Avant que j'oublie, faites attention à l'alternance jour/nuit qui influera sur l'ouverture desdits commerces. Un autre point incroyable veut que vous puissiez fouiller tous les habitants de la ville pour tenter de récupérer de la drogue ou toute autre chose. Bien utile pour se remplir les poches. Les dojos font aussi leur retour mais vous pourrez seulement y acheter plusieurs styles de combats (karaté, wu shu, boxe thaïe, taekwondo...). Comment expliquer l'absence de l'entraînement ? Tout simplement par le fait que les combats sont moins évolués qu'auparavant. On peut changer de style à tout moment, se procurer des techniques mais malgré cela les affrontements se résument à alterner des parades avec des coups normaux ou puissants et des choppes. On peut également frapper son ennemi à terre ou lui asséner un coup violent (en tapotant rapidement sur une touche lorsqu'une jauge apparaît à l'écran) mais c'est bien moins dynamique et convaincant que dans True Crime premier du nom.
Cependant, on peut utiliser pas mal d'armes blanches ou toutes sortes d'objets pour écourter les combats. En sus, vous pourrez aussi mettre à profit votre environnement en empalant vos adversaires, en les brûlant, et bien plus encore. Mentionnons aussi les interrogatoires qui sont une sorte de mini-jeu durant lequel vous devrez forcer un suspect à se mettre à table. Malheureusement, c'est très limité, trop simple et ça ne sert pas à grand-chose. La gestion des armes à feu, quant à elle, n'a subi aucune modification. Le verrouillage automatique évite bien des problèmes (mais facilite grandement le jeu) et vous pourrez acheter plusieurs améliorations pour plonger au ralenti ou accentuer le zoom en utilisant le tir de précision. Lors de celui-ci, la vue se rapprochera de votre personnage et vos tirs seront plus efficaces. Pour terminer sur les mouvements disponibles, citons le tir collé à un mur, les sommations d'usage (en brandissant un flingue ou votre insigne) ou les attaques discrètes. Concernant ces dernières, il est dommage de s'apercevoir qu'elles ne servent pratiquement jamais. Nous avons bien quelques missions d'infiltration mais vous n'êtes même pas obligé de privilégier l'approche silencieuse pour les réussir. Remarquez, vu que vous pouvez tuer un pauvre type sans vous soucier de son pote qui est à 1m50 de lui, on comprend mieux pourquoi les phases de furtivité sont plus ou moins passées à la trappe.
En ce qui concerne la construction à proprement parler, le changement est aussi à l'ordre du jour. Oubliez les différentes routes scénaristiques en fonction de la réussite ou non de vos missions. True Crime : New York City est plus linéaire et bien que son intrigue principale se boucle en une dizaine d'heures, on a droit à bien plus de missions qu'auparavant. Ceci se caractérise par 4 grosses affaires (constituant le scénario principal) et trois types de challenges annexes. Le premier vous conviera à participer à des combats clandestins, le deuxième à des courses illégales et le dernier à remplir des missions scénarisées en allant voir votre paternel. Le but premier de ces défis est de gonfler la durée de vie mais ils vous permettront aussi d'amasser de l'argent. D'ailleurs une fois terminé le titre à 100%, vous pourrez débloquer un jeu bonus. En parallèle, vous pourrez aussi résoudre une myriade de petites missions pour que règne l'ordre dans toutes les zones de votre ville. Autant dire que vous avez du boulot.
On peut aussi saluer le bond graphique depuis le précédent True Crime. La modélisation de New York est sidérante, les changements climatiques sont à l'honneur, l'aspect des routes emprunte (un peu trop) à NFSU, pas mal de fringues sont disponibles, les explosions sont classieuses et bien qu'on trouve moins de véhicules différents que dans GTA, on peut enfin conduire des deux roues. Il y a malgré tout un revers à la médaille. De fait, les bugs graphiques sont nombreux (avec quantités d'images subliminales lors des cinématiques), les problèmes de collision fréquents et la version Xbox dispose d'un frame rate très bas, sans parler du clipping qui est encore plus présent sur PS2 ! Mais les défauts ne s'arrêtent pas là. On a aussi droit à des missions qui se bloquent (à cause d'une caméra qui ne se met pas en place, des réactions idiotes de la console...), des caméras qui s'incrustent dans le décor, des déplacements extrêmement lents lors des missions ou une piètre localisation avec des dialogues qui n'ont pas droit à leurs sous-titres. En plus de ces bugs, on note aussi des petits défauts comme le fait de ne pouvoir repérer les coiffeurs et boutiques de vêtements sur la carte du métro, l'obligation d'acheter chaque amélioration de conduite (demi-tour rapide, turbo, deux roues), la répétitivité des missions de base ou la trop grande facilité de l'aventure principale.
Difficile de juger un jeu qu'on apprécie mais qui comporte autant de soucis, dont certains étaient absents du premier volet. En définitive, si vous avez aimé True Crime, vous vous pourlécherez les babines devant New York City. Malheureusement nonobstant la quantité d'améliorations liées aux possibilités de jeu ou au graphisme, un monceau de problèmes sclérose quelque peu le plaisir qu'on ressent en parcourant les rues virtuelles de la Big Apple. C'est d'autant plus énervant qu'on peut se dire que tous ces soucis auraient facilement pu être réglés avec un ou deux mois de développement supplémentaire. Pourtant, je ne me ferai pas l'avocat du diable, en fustigeant inutilement le jeu de Luxoflux. En l'état, leur production comporte suffisamment de points positifs pour contenter le chaland. On peut donc déjà commencer à rêver à un éventuel True Crime 3 qui prendrait le meilleur des deux premiers épisodes, tout en se laissant un temps suffisant de gestation afin que la chenille se transforme en un majestueux papillon.
- Graphismes15/20
Les rues ensoleillées de Los Angeles laissent leur place aux couloirs sombres et pluvieux d'un New York parfaitement reconstitué. Beaucoup plus beau que le premier True Crime, New York City profite d'une alternance jour/nuit, de conditions climatiques changeantes, de nombreux effets visuels (dont certains inédits comme les gouttes de pluie sur la route) et d'une bonne modélisation de personnages. Le revers de le médaille : pas mal de ralentissements, des bugs graphiques et de l'aliasing.
- Jouabilité11/20
Le rapport bon flic/mauvais flic est plus important et vous permettra d'acheter des voitures, des armes, etc. En sus, on peut visiter des centaines de bâtiments, conduire des motos, prendre le métro ou disposer de plusieurs styles de combats pour varier les rixes qui restent cependant trop statiques. Dommage que l'IA des adversaires soit inexistante, qu'on ait droit à des problèmes de toute sorte (caméras qui s'incrustent dans le décor, lenteur du personnage, frame rate un peu limite) et que les phases de conduite privilégient les crashs à outrance pour mettre en avant une physique douteuse.
- Durée de vie13/20
L'aventure principale comprend 4 grosses affaires mais pourquoi avoir revu la difficulté à la baisse ? Pour information, il m'a fallu environ 9 heures pour boucler l'aventure principale. Le système de scenarii parallèles n'est plus d'actualité mais en contrepartie, vous aurez droit à plusieurs missions annexes scénarisées ainsi qu'à des combats clandestins et des courses de voitures. Rajoutez un paquet de défis supplémentaires (plutôt répétitifs) à remplir pour sécuriser toutes les zones de New York et vous obtiendrez une durée de vie plus que correcte.
- Bande son16/20
Christophen Walken, Laurence Fishburne, Mickey Rourke, Traci Lords ou encore James Hong pour le casting vocal. Plutôt sympa non ? Sachant que les acteurs sont totalement dans le trip, nous avons droit à un excellent doublage secondé par une bande-son monstrueuse où se mêlent hip-hop, soul, funk, classique, rock, hard, punk.
- Scénario12/20
Le pitch de départ verra la mort de votre "père adoptif" ainsi que la recherche d'une taupe dans votre service. Nous sommes encore loin du scénario d'un Narc ou de Les Affranchis mais les différentes affaires apportent un éclectisme en terme d'ambiances. Même si l'histoire est un peu décousue et que les cinématiques sont peu nombreuses, leur montage est stylé et on se laisse prendre par l'intrigue peu originale mais bien maîtrisée.
New York City est plus beau et plus profond que True Crime, les nouveautés sont légion mais de très nombreux bugs et autres soucis techniques (absents de l'épisode précédent) nous empêchent de nous éclater pleinement. De plus, le clipping de la version Xbox est plus marqué que sur PS2, et les temps de chargements sont longuets. Malgré tout, le titre de Luxoflux témoigne de l'énorme travail réalisé par les développeurs et on croisera les doigts pour avoir droit à un troisième opus qui gommerait toutes les imperfections de cet épisode tout en se voulant aussi ambitieux.