Pourquoi tenter de cacher les inspirations d'un jeu, voire bien plus, en modifiant son titre ? Eh oui, monsieur Konami, vous vous êtes bien fait avoir. Car on l'a reconnu Phantom Crash sous votre grand manteau. Alors c'est bien la peine de jeter aux yeux du monde vidéoludique un S.L.A.I. mystérieux si c'est pour perdre son effet de surprise en moins de 5 minutes ! Maintenant, et encore une fois, pourquoi changer cet ancien et honnête titre Xbox d'appellation ? Peut-être pour lui donner un cachet plus actuel, plus "assemblage de lettres formant un sigle qui claque", genre F.E.A.R ou S.T.A.L.K.E.R. Toutefois, il semblerait que cette pirouette serve plus à évoquer les changements opérés dans le soft. Là, on se comprend. En route pour la mecha attitude.
En 2071, les êtres humains, ne sachant plus que faire de leur imagination débordante, conçoivent une sorte de monde virtuel, extension moderne de notre internet obsolète. Abritant des cités entières où déambulent des avatars plutôt cubiques, cet univers binaire est également le théâtre d'un championnat très particulier, sous l'égide d'une fédération de niveau international. Point de football ou de tennis dans cette compétition titanesque mais des unités robotisées se livrant des combats violents et éminemment destructeurs. Nommés SV, ces méchas au design partagé entre des inspirations à la Ghost In The Shell et les modèles de Mech Commander, se voient confiés à des joueurs avides de sensations. Devant impérativement obtenir l'accord écrit de la fédération pour espérer entrer dans la "ligue", ces derniers auront également l'obligation de passer une épreuve d'admission afin de tester leur compétitivité. C'est donc par ce biais, que vous, jeune pilote impétueux et inexpérimenté, allez faire vos débuts dans des terres hostiles et réglementées. Mais avant de vous lancer à corps perdu dans des batailles titanesques il vous incombera de passer par la case customisation, destination plus que conseillée si vous désirez vous construire une carrière potable. Véritable clé de voûte du mode histoire, la modification de votre mech répond à des critères précis et il vous faudra les respecter à la lettre, sans quoi votre désillusion sera rapide et fatale. Tout d'abord, et après vous être offert une machine d'occasion au choix bipède, quadrupède, ou encore disposée sur des roues, vous devrez y appliquer des armes et un équipement défensif suffisamment convaincants pour faire face à la fureur inaltérable de vos opposants. Evidemment, commençant avec peu de moyens, il vous sera indispensable de trouver des combines et de faire des choix cruciaux impliquant une diminution de la résistance vis-à-vis de l'attaque et inversement. Toutefois, ce n'est que le début de vos pérégrinations.
Dans la foulée, vous devrez aussi vous rendre chez un marchant de puces électroniques, afin d'acquérir une sorte d'I.A de soutien qui vous fournira des augmentations de certaines caractéristiques et un agrandissement horizontal ou latéral de votre champ de visée. Chacune, arborant une illustration animalière en rapport avec ses compétences profondes (chat pour la vivacité, lapin pour la vitesse, etc), vous offrira des améliorations particulières qui évolueront au fil de vos affrontements. Plus prosaïquement, chaque processeur dispose de statistiques incluant la résistance aux coups, le degré de précision apportée, la réactivité, et bien d'autres choses encore qui s'avèrent essentielles à la conception d'un engin équilibré et probant. Celles-ci, au gré de vos victoires, gagneront des points d'expérience et monteront de niveau à l'image de ce que l'on retrouve dans un RPG pure souche. Une idée intéressante, qui contraint parallèlement à s'occuper attentivement de la santé de ses compagnons de route extrêmement fragiles. En effet, lors de vos combats, les dégâts qui vous sont occasionnés s'appliquent autant à votre corps principal qu'à vos armes et malheureusement à votre puce. Il faut donc battre en retraite dès que l'on estime la situation inextricable, sans quoi la sanction est immédiate. La perte de ce petit morceau d'I.A est en fait une réelle catastrophe, dans le sens où sa réparation coûte relativement cher, et où son remplacement est plus qu'exorbitant. Tout en sachant que si celui-ci passe sous la barre des 100 points de vie, il devient inopérant, vous obligeant à acheter une autre puce et à effectuer un transfert de données de l'ancienne à la nouvelle pour un prix clairement ignoble. Une restriction qui change quelque peu l'approche à S.L.A.I., passant d'un aspect bourrin à outrance à un un tantinet plus stratégique, basé sur l'économie de moyen et surtout le fait de connaître ses propres limites.
Une fois votre carcasse métallique complètement fonctionnelle, il ne vous restera plus qu'à finaliser vos modifications en apportant une touche personnelle grâce à l'achat d'autocollants, d'une peinture plus ou moins de bon goût, et même de morceaux musicaux accompagnant vos faits d'arme. Une exhaustivité confondante donc, qui fait quelque peu regretter un gameplay pas forcément à la hauteur de l'enrobage du soft. Durant vos promenades dans le cyber-monde bénéficiant d'une représentation originale à la Tron, vous devrez en effet vous inscrire à diverses compétitions aboutissant au final sur un classement mondial. Peu de trame scénaristique, voire pas du tout, mais une omniprésence de pugilats dynamiques et confus, bien trop confus. Aux commandes de votre mécha doté d'une maniabilité instinctive et dérivée en trois genres distincts, vous vous retrouverez dans des arènes prenant la forme de quartiers de villes célèbres telles que Tokyo ou encore Las Vegas. Et c'est dans ceux-ci que vous livrerez batailles contre un certain nombre de SV de votre niveau et de droïdes secondaires avant de subir l'assaut du "boss" du lieu, bien plus puissant que vos congénères et surtout doté d'une intelligence de jeu redoutable. Ponctués de moult explosions, effets lumineux et retournements de situations tragiques, ces combats viscéraux font montre d'un rythme extrêmement soutenu et d'un degré d'immersion non négligeable. Un bien beau voile qui cache surtout un manque de lisibilité flagrant et un aspect rapidement limité, tant au niveau des tactiques de jeu que des actions disponibles, tournant toujours autour des classiques lance-roquettes et mitrailleuses lourdes, sans alternatives crédibles. En outre, les mouvements de caméra relativement chaotiques nuisent grandement au plaisir de jeu, conduisant à une rixe de tous les instants non pas entre les SV mais entre vous et ce satané point de vue réfractaire.
De plus, on ne peut pas dire que le titre de Genki se rattrape graphiquement, tant son moteur semble daté de deux ou trois ans. Non que le jeu soit plus laid que la moyenne des titres sortant sur PS2 ces temps-ci, mais son côté terne et le dépouillement général donnent le sentiment de se retrouver devant un jeu de seconde zone, sans caractère. Pourtant, dans ses déluges de feu et de fureur, S.L.A.I. parvient à communiquer sa violence et son dynamisme de premier ordre. Il est juste regrettable que le background plastique ne suive pas, et reste clairement en retrait d'un fond prenant et bien pensé. Dans la même veine, les compositions sonores souffrent d'un déséquilibre identique, mêlant avec étrangeté des morceaux Rock, voire Blues plutôt inventifs, et des délires J-POP assez désagréables à la longue, décrédibilisant carrément parfois l'ambiance. Cependant, et malgré ces lourds reproches, le soft de Konami reste un jeu d'action sans grandes prétentions mais suffisamment correct pour vous tenir en haleine quelques après-midi. Austère et difficile d'accès, il n'en reste pas moins qu'il pourra aisément capturer ceux s'intéressant pleinement au côté customisation et n'ayant pas peur d'un challenge assez relevé. Les robots ménagers ont décidément bien évolués.
- Graphismes12/20
Restant dans la moyenne "moins" de ce qui se fait sur PS2, S.L.A.I. souffre clairement de son aspect terne ainsi que de ses textures mornes et surtout peu détaillées. Pourtant, arborant une modélisation convaincante, les mechas participent activement à un rehaussement général, par le biais de déclenchements d'explosions furieuses et puissantes. D'autre part, l'apparence du cyber-monde demeure vraiment originale.
- Jouabilité12/20
Bien que les commandes répondent de manière instinctive, le gameplay de S.L.A.I. subit les assauts de lacunes assez importantes. Peu précis, soumis à une caméra complètement folle, et surtout baignant dans une certaine confusion, le système de combat est en effet loin d'être révolutionnaire. Malgré tout, on ressent un réel plaisir lors des affrontements et la possibilité d'utiliser le mode "fantôme" reste assez jouissif. En outre, la customisation des robots est un plus loin d'être négligeable.
- Durée de vie14/20
Il vous faudra bien du courage pour arriver à la dernière marche du podium, tant la customisation de mécha coûte cher et tant la difficulté globale augmente furieusement au gré des batailles. Vous pouvez donc tabler sur une bonne douzaine d'heures, sans compter la plongée agréable dans les abîmes de la modification sauvage. De plus, le jeu en ligne, pas forcément très intéressant, mais présent, et les modes "combat rapide" ainsi qu'"affrontement", vous donneront encore un peu de grain à moudre.
- Bande son11/20
Assez déséquilibrée, la bande-son oscille entre des thèmes orientés Rock, prenants tout en collant parfaitement avec l'action, et des trips J-POP passablement énervants sur la longue malgré certaines bonnes idées au niveau des sons utilisés. Les effets sonores quant à eux, s'avèrent convaincants, malgré des explosions moins denses qu'elles devraient logiquement être. A noter tout de même l'absence d'ambiance "extérieure" déstabilisante.
- Scénario/
-
Certes loin d'être le grand jeu de mecha de cette fin d'année, S.L.A.I. suffit tout de même à offrir des heures de plaisir vidéoludique un peu idiot, mais qu'il est difficile de refuser une fois entré dans le fond du soft. Austère, complexe dans ses menus alambiqués lors de la customisation et même un peu frustrant, le titre de Konami manque sincèrement un coche qui aurait pu le propulser bien en avant. La faute en revient surtout à la caméra folle à lier, et au système de combat un peu trop limité. Mais si vous mettez ces notions de côté, vous pourriez regarder amicalement ce jeu honnête.