Difficile pour les éditeurs de ne pas succomber aux charmes des jeux de courses de ce nouveau genre que représente Midnight Club, largement influencé par Fast & Furious. Plus difficile en revanche de se montrer à la hauteur comme nous le prouve L.A. Rush qui, malgré ses bonnes intentions, n'arrive pas à éviter le mur en fin de course.
C'est la tendance actuelle du jeu de courses : une ville ouverte parsemée de points de départ pour des courses sauvages en plein trafic urbain, l'ensemble mâtiné d'un enrobage d'argent, de tuning et de babes. En route donc pour le milieu underground de Los Angeles en compagnie de l'une de ses têtes d'affiche qu'un concurrent a totalement spolié de ses biens mais qui entend se refaire une fortune. Voilà de quoi fournir un prétexte à vos folles virées à bord des divers véhicules que vous parviendrez à acquérir.
Les premiers contacts avec L.A. sont plutôt positifs. On constate rapidement que la conduite se veut simple et efficace, avec une physique lunaire et un pilotage qui laisse une grande place aux dérapages. Un petit temps d'adaptation sera ceci dit nécessaire pour s'habituer à une conduite extrêmement souple et on passera par quelques collisions avant d'être capable de maîtriser les caisses sous licence du jeu. On finit vite par y parvenir, ce qui nous laisse le loisir d'explorer les lieux librement ou en participant aux différentes courses qui composent la progression du mode histoire. Et il faut reconnaître que L.A. Rush marque des points avec une ville de Los Angeles de bonne taille, à laquelle ne manque aucun lieu incontournable même si leur localisation a parfois été un peu "arrangée" (le Convention Center, Santa Monica et son Pier, 3th Street, Beverly Hills, Hollywood et j'en passe). Si du point de vue géographique certaines libertés compréhensibles ont pu être prises, on peut toutefois louer le respect des divers styles urbains de chaque quartier de la mégalopole, on s'y croirait presque. De L.A., on retrouve également le freeway et de manière générale, un réseau routier encombré par un trafic bien dense dans lequel on louvoie à grande vitesse. En s'efforçant d'éviter les crashes, assez spectaculaires et dans un esprit proche de ceux de Burnout. La ville fourmille de rues, d'avenues et de ruelles qui seront autant de raccourcis pendant les courses.
C'est pour toutes ces petites choses qu'on apprécie L.A. Rush et c'est pour toutes celles qui suivent qu'on l'apprécie nettement moins. Commençons par ce qui est peut-être le défaut le moins important du jeu, le tuning et la customisation des véhicules, parfaitement anecdotiques puisque automatisés. Il suffit d'emmener une de vos voitures au garage, de payer et de la voir ressortir modifiée. Passionnant n'est-ce pas ? Mais la suite est plus problématique. Si certaines courses un peu spéciales peuvent être pratiquées, la grande majorité de votre temps sera occupé par des courses lambda bien souvent trop simples, une fois qu'on a un peu le tracé en tête. Ce qui ne signifie pas qu'il n'arrive jamais de perdre, événement malheureux qui sera le plus souvent causé par un crash impossible à éviter à quelques mètres de la ligne d'arrivée. C'est agaçant, en particulier si on précise que chaque course exige que vous acquittiez des frais de participation. Je laisse vos neurones faire une partie du travail avant de vous préciser qu'il n'est donc pas rare d'être contraint d'abandonner une étape de la progression du jeu au profit de courses plus simples permettant de regonfler votre cagnotte. Des allers et venues qui peuvent devenir bien gonflants, brisant de toute façon un rythme de victoires trop facilement obtenues.
Bien sûr, si vraiment on a envie de faire un break, on peut toujours aller se promener en ville en mode libre. Certes, mais cela ne dure qu'un temps et de toute manière, c'est cette fois l'I.A. qui viendra vous courir sur le nerf optique. Une I.A. crispante au possible qui laisse le trafic avancer à son rythme mais semble prendre plaisir dans sa façon de contrôler la police et vos opposants lors des affrontements. Concernant la police, celle-ci pourra intervenir durant les courses de façon scriptée ou bien en mode libre, mais qu'on ne s'y trompe pas, vous pouvez bien faire ce que vous voulez, le LAPD n'en n'a rien à carrer, roulez à contresens, grillez les feux rouges, peu importe, du moment que vous ne touchez rien, on vous laisse tranquille. Par contre, éraflez une aile d'un break familial et vous aurez 4 cruisers sur le dos. Les chocs étant tout de même fréquents, même le mode libre se voit plombé par cette omniprésence policière. Quant aux courses, on constate avec surprise que le premier souci des autres participants n'est pas tant de gagner que de vous empêcher de le faire. Les autres coureurs n'ont de cesse de vous rentrer dans le lard avec une violence qui leur fait perdre un temps considérable, à tel point qu'il arrive parfois que cela vous soit tout aussi profitable à vous qu'à eux. L'ennui, c'est qu'il paraît évident que les lois de la physique ne s'appliquent pas à leur voiture comme à la vôtre. Impossible en effet de réaliser ce qu'ils parviennent à vous faire subir en matière de sortie de route, votre bagnole est toujours plus légère que la leur. Le chaos de tôle froissée et d'étincelles atteint des sommets dans le n'importe quoi. Et le fait qu'on ne puisse pas vraiment leur rendre la pareille est des plus frustrants.
Du coup, les bonnes impressions laissées par le jeu dans les premiers temps s'estompent vite, cédant la place à la frustration et l'ennui, en dépit d'une réalisation graphique pourtant bien menée et d'une conduite qui aurait pu se montrer sympathique. Ajoutons en guise de conclusion que l'absence de mode online est particulièrement déplorable. Oui, je conclus comme ça si j'en ai envie.
- Graphismes16/20
La transcription de Los Angeles est étonnamment bien réussie, avec un réseau routier complexe et varié rempli d'un trafic dense. Le moteur 3D est de qualité en dehors d'une ou deux toutes petites chutes de frame-rate. Du bel ouvrage. Une seule question reste entière : pourquoi avoir ajouté un effet de route mouillée en nocturne dans une ville où il pleut 2 fois par an ?
- Jouabilité11/20
Un peu déconcertante de prime abord, la conduite est pourtant agréable et adaptée à un style très arcade. Malheureusement, la surpuissance des opposantes, leur I.A. calamiteuse, le système de progression ou le manque de variété des courses font retomber le soufflé.
- Durée de vie13/20
Une durée de vie assez moyenne qui souffre du manque de diversité et d'un mode libre finalement peu stimulant, sans parler de l'absence de courses onlines. Une fois terminé, on n'y reviendra pas.
- Bande son13/20
Les effets sonores sont tout à fait convaincants, on n'en dira pas autant des dialogues, caricature assez navrante et pénible de l'argot californien mais qui n'a pas la force de conviction d'un GTA San Andreas. Les thèmes musicaux sont peu nombreux, et il faut aimer le hip-hop, parce que c'est tout ce qu'il y a au menu.
- Scénario/
-
On ne peut faire un jeu uniquement avec une ville bien modélisée. Il est vrai que se faufiler dans la circulation peut être un véritable panard, mais encore faudrait-il que le gameplay soit équilibré au lieu d'être souvent trop facile, parfois trop retors et systématiquement alourdi par l'I.A.. Fatalement, la balance a du mal à ne pas remuer dans tous les sens.