Shrek a depuis longtemps gagné ses galons de grosse franchise verdâtre bien juteuse. Logique donc de retrouver divers jeux vidéo en parallèle des nouveaux films concoctés dans les usines de Dreamworks. Bien que les développeurs aient compris qu'ils pouvaient, qu'ils devaient, jouer sur l'aspect humoristique, ironique et parodique de cet univers, ils ont souvent tendance à privilégier la forme sur le fond. Certes, Shrek jouie d'un univers coloré qui permet une relecture de bien des genres (l'heroic fantasy, l'univers de la chevalerie, du cinéma, etc.) mais ce qu'il ne faut surtout pas perdre de vue est qu'un jeu vidéo a pour vocation première de nous divertir sans prise de tête, sans que nous soyons obligés toutes les dix secondes de pester à cause d'un gameplay mal calibré. Malheureusement, Shrek : Superslam a encore beaucoup de chemin à parcourir pour être en accord avec ce qui vient d'être dit juste avant.
Si Shrek : Superslam cherchait à découvrir ses origines, il devrait sans trop de problèmes tomber sur un arbre généalogique où le Powerstone de Capcom et le Super Smash Bros Melee pendent à des branches bien solides. En utilisant l'art de l'ellipse, on peut donc dire que le titre de Shaba Games est un jeu de baston où 4 joueurs vont pouvoir s'en donner à coeur joie en multipliant les coups spéciaux ou en utilisant tout ce qui leur tombe sous la main afin de projeter son adversaire dans des décors destructibles. Je pourrais quasiment arrêter ma présentation ici-même vu qu'il ne vous faudra qu'une poignée d'heures pour faire le tour du propriétaire. Ce dernier commence par le sempiternel entraînement où vous vous familiariserez avec la panoplie de mouvements des différents personnages. Le premier problème qui s'impose, une fois qu'on a terminé les trois leçons, est lié au peu de possibilités des combattants. Hormis la Super-attaque Slam propre à chaque personnage, vous ne disposez que de trois combos, d'une attaque aérienne, d'un coup à charger et c'est à peu près tout. Positive mon petit Logan, positive et continue ta visite. A ce propos, je signale en passant qu'une fois terminé l'entraînement, vous débloquerez quelques bonus (costumes, médailles...) visibles dans la section Trophées.
Une fois la maniabilité domptée, les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Ni une, ni deux, faisons-nous la main avec le mode Histoire constitué de 8 chapitres. En fait, chaque niveau sera prétexte à un combat dans un environnement rattaché à un thème bien précis : le château du chevalier, la garçonnière du bonhomme de pain d'épices façon gansta-rap (très drôle, soit dit en passant), un dojo perdu dans les nuages, etc. Bien que ce mode nous permette de retrouver tous les personnages des films sous couvert d'histoires racontées par Shrek pour endormir les rejetons de l'Ane, on peine à sourire devant les cinématiques peu inspirées, à l'image du doublage français un peu trop monocorde. De plus, le tout se boucle en une vingtaine de minutes, ce qui fait un peu pitié. Cependant, le principal intérêt de Shrek : Superslam vient plutôt d'un autre mode du nom de Méga Défi. A l'image d'un jeu de plateau, vous avancerez sur une carte où sont dispersés plusieurs challenges éclatés en trois types : Défis (par grappe de cinq), Tournoi (où vous affronterez plusieurs personnages au travers de rounds) et enfin Bonus qui sont en fait des mini-jeux. Bien qu'on prenne un certain plaisir à enchaîner les différentes épreuves, la frustration s'installe très rapidement à cause de divers soucis. Premièrement, on se demande à qui est destiné le jeu (au grand public, oui je sais !) vu que la plupart des défis sont d'une facilité déconcertante. Pour tout vous dire, on ne voit pas vraiment pas la différence entre l'entraînement et le mode Méga Défi, c'est dire. Ensuite, les tournois se résument à une seule chose : effectuer le plus grand nombre de Slams pour sortir victorieux. Sympathique au tout départ, ennuyeux au bout d'une heure. Ceci dit, je précise que je n'ai pu terminer ce mode qui est relativement long et j'espère donc que ceci ira en s'améliorant, même si au vu des 30 premiers défis réalisés, je n'ai noté aucune véritable évolution.
Les deux autres modes concernent le Multijoueur qui peut accueillir jusqu'à 4 participants. On y trouve la Mêlée (un simple match disponible également en Solo) et le défi Roi de la colline. Ce dernier est très simple dans son principe. Vous commencerez au pied d'une petite colline et le gagnant sera celui qui restera le plus longtemps sur le sommet du pic rocheux. Mouais, guère convaincant en terme de fun et surtout un grand n'importe-quoi lorsque vous devez vous fritter avec trois de vos amis. L'action devient vite illisible, la caméra ayant tendance à trop s'éloigner sans parler des effets spéciaux qui s'entrechoquent. Pourtant, tout n'est pas complètement raté dans Shrek : Superslam. On retrouve bien la personnalité de chaque combattant au travers de leurs mimiques ou attaques Slam et leurs animations sont fidèles à celles des long-métrages. Par exemple, le petit chaperon rouge est adorable dans sa façon de se déplacer en sautillant, Shrek n'a aucun scrupule à roter pour faire fuir ses adversaires, le chat Potté utilise son côté "kawai" pour hypnotiser... De plus, si les arènes sont beaucoup trop petites, elles respectent le design des films. A ce propos certaines interactions avec les décors sont bien trouvées. Ainsi, en se battant dans la taverne, vous pourrez empoigner votre adversaire pour le jeter à travers une vitre, votre ennemi revenant alors illico-presto dans la zone de combat pour poursuivre l'affrontement. C'est un détail mais qui a un petit côté Tex Avery fort agréable. En sus, les décors destructibles accentuent un peu plus le dynamisme des combats... mais aussi leur côté brouillon.
En fait, ce titre n'arrive pas vraiment à légitimer la grande confusion qui règne durant les combats à 4 joueurs. Oui, il y a moults effets spéciaux (et encore, uniquement durant les attaques Slam), oui c'est un joyeux bordel souvent propre à ce genre de jeu mais non, ce n'était pas inévitable. Il n'y a qu'à regarder Super Smash Bros Melee qui réussissait à combiner affrontements monstrueux et bonne visibilité. Malheureusement, en rendant ces rixes confuses, Shaba Games se met à dos les parties en Multi qui sont pourtant le coeur même de Shrek : Superslam. Relativement dommage surtout que le reste des challenges est soit inintéressant, trop court ou redondant. On pourra aussi critiquer la grande différence de puissance entre les personnages, certains étant avantagés par des attaques à distance, bien utiles pour remplir rapidement la jauge de Slam. Malgré cela, on sent un bon potentiel qui ne demande qu'à être mieux exploité. En l'état, l'atmosphère de Shrek est bien retranscrite, plusieurs idées rigolotes vous décocheront quelques rires et on dénombre pas moins de 13 décors et 20 personnages parmi lesquels Fiona, Pinnochio, le chevalier noir, Robin des bois. Mais comme vous le savez, ce genre de chiffres ne fait pas d'un jeu, un bon jeu et Shrek devra encore mûrir pour nous offrir une véritable extension vidéoludique qui utilisera à bon escient l'énorme potentiel comique de l'oeuvre originale.
- Graphismes10/20
Les animations des personnages ne sont pas si mauvaises que ça et la plupart des attaques Slam sont totalement en raccord avec la personnalité de leurs utilisateurs. Les décors destructibles sont eux aussi très proches des environnements entrapercus dans les films et permettent de visiter des lieux très différents et colorés. On regrette tout de même la petitesse des arènes ainsi que le manque de détails de certaines.
- Jouabilité10/20
Le manque d'armes, de bonus et de mouvements mis à notre disposition sont synonymes d'affrontements qui se ressemblent tous. Ce n'est cependant pas le plus embarrassant dans l'histoire vu que c'est surtout l'absence de clarté à 4 joueurs qui empêche de profiter du soft avec ses amis. Enfin, citons les temps de chargements qui sont interminables et omniprésents sur PS2.
- Durée de vie12/20
Le mode Histoire se boucle en 20 minutes alors que les parties en Multi sont moyennement jouables et représentent peu d'intérêt. A ce titre, pourquoi ne pas avoir permis de jouer aux mini-jeux à plusieurs ? Reste le Mega Défi qui vous demandera un petit bout de temps pour être complété malgré sa faible difficulté.
- Bande son13/20
Le doublage français n'est jamais vraiment dans le ton avec des doubleurs qui récitent plus qu'ils ne jouent. Par contre, certaines voix passent beaucoup mieux que d'autres à l'image du bonhomme en pain d'épices qui me fait toujours autant rire. Les musiques sont bien dans le ton avec plusieurs thèmes décalés qui se marient bien à l'ambiance générale.
- Scénario/
Shrek : Superslam partait pourtant d'une bonne intention : se retrouver entre potes autour d'un jeu vidéo faisant la part belle à un univers irrévérencieux. Bien que les personnages et l'atmosphère soient fidèles aux films, on a du mal à se faire plaisir en traversant le titre de Shaba Games. Les parties Multijoueurs sont confuses et peu inspirées, le tout manque cruellement d'ambition pour ce qui est de la variété des challenges proposés et on fait très vite le tour du soft en solo. Regrettable, d'autant qu'on sent qu'on aurait pu avoir droit à un bien meilleur jeu si les développeurs avaient davantage travaillé les aspects les plus importants de leur bébé.