A chaque nouvelle adaptation de Yu-Gi-Oh! sur consoles, on se demande toujours si l'on va avoir affaire à un classique jeu de duels de cartes, à un titre orienté aventure en solo ou à quelque chose qui s'éloigne davantage du concept original. Maintenant que toutes sortes d'adaptations aussi diverses que variées ont vu le jour sur les différents supports existants, on se rend compte que rien ne vaut les duels traditionnels, calqués sur les règles du jeu de cartes officiel. La majorité des joueurs sera donc ravie d'apprendre que Nightmare Troubadour ne s'éloigne quasiment pas du principe originel, si ce n'est en y rajoutant une progression un peu plus intéressante qu'une simple succession de duels au sein d'un tournoi.

L'ergonomie et la clarté de l'interface étant parmi les éléments les plus importants d'un jeu comme Yu-Gi-Oh!, la jouabilité de cet opus Nintendo DS était particulièrement attendue au tournant. Les caractéristiques de la console aidant, on ne s'arrache plus les yeux à chaque fois qu'on veut lire les indications d'une carte, et le stylet évite de s'emmêler les doigts dans les boutons. L'écran tactile optimise considérablement le confort de jeu, sans pour autant imposer de contraintes aux plus réticents qui pourront toujours se rabattre sur les touches de la console à tout moment. Le stylet n'est pas seulement idéal pour sélectionner ses cartes durant les duels, mais aussi pour trier son deck beaucoup plus facilement qu'à l'aide du curseur. Question ergonomie, Nightmare Troubadour surclasse donc facilement ses prédécesseurs, aussi bien sur GBA que sur les autres supports. L'autre point déterminant pour les fans concerne le respect des règles du jeu de cartes officiel Yu-Gi-Oh! Nombreux sont en effet les épisodes à n'avoir pas fait l'unanimité pour s'être un peu trop éloignés du système original. Cette version DS se borne donc à suivre de façon fidèle les règles établies, sur une base d'un millier de cartes comportant quelques cartes inédites.

Sans rentrer dans les détails, sachez que l'ensemble des possibilités mises en place dans le jeu de cartes original est valable sur DS. On y retrouve même les dieux égyptiens, la série Exodia, le Tableau de la Destinée, ainsi qu'un certain nombre de cartes dites interdites, limitées et semi-limitées. Ces dernières sont d'ailleurs listées dans la notice qui s'avère étonnamment complète et ne se limite pas aux seules explications du jeu mais récapitule également l'intégralité des règles. De cette manière, les débutants ne seront pas du tout pénalisés. Pour en revenir rapidement aux apports dus à la machine, il faut vraiment prendre le jeu en main pour se rendre compte à quel point la 3D et le double-écran optimisent le rendu visuel par rapport aux anciennes versions portables. La réalisation est à mille lieues de l'austérité des versions GBA, sans pour autant lasser par des animations de combats trop longues et des environnements trop fouillis comme on a pu le voir sur consoles de salon. Le descriptif de chaque carte est parfaitement lisible, et les informations les plus fréquemment consultées sont regroupées en bas de l'écran pour éviter que l'on ne soit forcé d'agrandir la carte à chaque fois.

Là où Yu-Gi-Oh! Nightmare Troubadour pourra en revanche diviser le public selon ses attentes, c'est au niveau du background, à savoir tout ce qui entoure les duels de cartes. Les quelques bribes de scénario nous sont distribuées au départ par l'intermédiaire d'une courte scène mettant en scène le fameux Seta Kaiba, et ça s'arrête quasiment là. C'est d'ailleurs d'autant plus frustrant que le jeu recouvre une bonne partie de la série puisqu'on y rencontre aussi bien Pégasus que Marek ou encore Noah, mais l'histoire est à peine esquissée tout au long des duels. Après la courte introduction, vous devrez répondre à une série de questions personnelles qui détermineront la nature de votre deck de départ. Concrètement, cela ne concerne qu'un nombre infime de cartes puisque sur les 40 cartes de départ, 34 sont imposées quels que soient vos choix. Par la suite, la progression se résume globalement à passer la map au peigne fin à l'aide du stylet, afin de trouver des adversaires à battre pour gagner de l'expérience et obtenir des points permettant d'acheter de nouvelles cartes avant de passer aux phases finales des tournois. Une progression qui manque d'originalité mais qui a le mérite de ne pas se disperser dans des dialogues ou des allers-retours inutiles. On peut regretter aussi le manque de renouvellement des duellistes rencontrés, même si leur deck évolue à chaque nouvel affrontement. De temps à autres, le joueur a quand même la possibilité de provoquer des événements spéciaux qui permettent de faire avancer la trame succincte du jeu. Mais il faut savoir que les conditions requises prennent en compte la notion de durée, comme le temps qui passe, les jours qui défilent et le moment de la journée, ce qui donne un caractère parfois aléatoire au déclenchement de ces scènes clés.

Si le plan que l'on peut explorer n'est pas très vaste, il comporte tout de même un bâtiment que vous n'aurez de cesse de visiter : la boutique du grand-père de Yugi. C'est en effet ici que vous pourrez dépenser les points durement acquis pour acheter de nouveaux paquets de cartes, ou encore pour utiliser la machine à mots de passe que l'on retrouve désormais dans chaque épisode de la série. Plus original, on peut à présent essayer de résoudre différents puzzles pour tester sa maîtrise du jeu en affinant sa stratégie. Concrètement, ces défis vous demandent généralement de trouver quels sont les meilleurs coups à jouer dans une situation donnée et sur la durée d'un tour. Une bien bonne idée qui permet de prendre la mesure des pouvoirs cachés que renferment certaines cartes. On appréciera également la difficulté progressive des duels qui augmente à chaque fois qu'on passe au niveau supérieur et qu'on acquiert de nouveaux paquets de cartes. Sans surprise, la connexion sans fil est mise à contribution pour autoriser des duels et des échanges de cartes entre joueurs, mais nécessite évidemment deux exemplaires du jeu. Dommage quand même qu'on ne puisse sauvegarder qu'un seul fichier par cartouche, ce qui obligera les membres d'une même famille à se partager la même partie. Malgré tout, on ne peut pas dire que les quelques soucis relevés dans le test soient vraiment pénalisants pour les joueurs désireux de retrouver le concept des duels de cartes sur Nintendo DS. Yu-Gi-Oh! Nightmare Troubadour fait donc clairement partie des épisodes les plus convaincants de la série.